Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

dimanche 8 avril 2018

Un rallye qui n'en est pas un

De la voile sans limites ! Du plaisir sans limites !
A voir ...
Ce qui était présenté comme un rallye sous le nom de Andaman Yacht Carnival, n'en était en réalité pas un. Hors-mis l'aide aux participants pour les formalités d'arrivée et de départ, et les soirées de bienvenue et de départ, rien n'était organisé, c'est-à-dire que chacun pouvait aller naviguer de son côté, la définition de l'itinéraire à fournir impérativement aux autorités avant le départ étant de sa responsabilité.
La flotte se composant d'une quinzaine de bateaux, trois français, onze australiens ou néo-zélandais, et un mixte (Karen, de Montréal et son mari Australien), la navigation en groupe avait donc peu de chance de se faire. La principale raison était qu'une partie des australiens était déjà venue explorer le Sud de Great Andaman l'année dernière, en totale autonomie puisque le "rallye" n'existait pas encore (ce sont d'ailleurs ces personnes qui avaient suggéré à Rathnam, de créer un rallye pour faciliter les démarches des navigateurs). Ils voulaient à présent partir vers le Nord, alors que les quatre bateaux francophones préféraient aller vers le Sud pour une première visite. La scission était donc dans l'air dès le début.
Voici les quatre bateaux francophones qui ne vont pas naviguer toujours ensemble mais qui se retrouveront à l'île Cinque où ces photos ont été prises ...
Tehanili Li (le voilier Australo-Canadien)
Xe
Tereva
Et Sabay Dii
Encore Sabay Dii
Restait à préparer son itinéraire, puisque rien n'avait été prévu par les organisateurs. Je profitais donc de ma journée de repos forcé pour cette tâche qui va vite d'avérer être un gros casse-tête, et vous allez facilement comprendre pourquoi ...
En croisière côtière, la logique consiste à identifier des abris sûrs (sous le vent dominant, et avec un bon fond pour que l'ancre croche bien) et pas trop éloignés les uns des autres pour ne pas passer tout son temps à naviguer et pouvoir profiter des mouillages. Pour m'aider dans cette recherche, je disposais des cartes marines officielles mais aussi de celles que je m'étais faites à partir d'images de Google Earth. De plus j'avais pris le soin de rechercher plusieurs mois avant, sur Internet, les traces de quelques voiliers, comme Ocelot, qui avaient visité les Andamans, il y a quatre ou cinq ans. Mais il y avait un hic que je découvrais à présent ! A cette époque, les voiliers pouvaient séjourner six mois, alors que nous n'avions que trois semaines autorisées, et la plus grande partie de leur itinéraire figurait dans plusieurs listes interminables et parfois contradictoires de nouvelles zones maintenant interdites à la navigation et/ou à l'accostage.
Ainsi, contrairement aux discours officiels de la soirée inaugurale, je découvrais que les possibilités de navigation et d'exploration des îles Andamans, avaient diminué comme peau de chagrin, en deux ou trois ans à peine. J'eu beau tourner et retourner ma cervelle dans tous les sens, je n'arrivai pas à faire un itinéraire à la fois intéressant et respectueux des innombrables interdits.
Pour vous faire prendre la mesure du problème, je prends l'exemple de Great Andaman, l'île la plus grande de l'archipel et la seule vraiment explorable en trois semaines en partant de Port Blair :
Sur cette carte de Grand Andaman, vous pouvez voir en rouge les zones aujourd'hui interdites à la navigation, et en jaune la trace de 2011 du voilier Ocelot, qui était passé de la côte Est exposée au vent et sans abri à la côte Ouest, en coupant par deux canaux transverses. Aujourd'hui, non seulement la seule côte abritée est interdite à la navigation, mais en plus, il n'est plus permis d'emprunter les voies navigables intérieures. Et ce n'est pas tout. La carte ci-dessous qui détaille une zone de navigation autorisée est ponctuée de petits tracés rouges qui représentent les côtes que l'on n'a pas le droit d'aborder (vous remarquerez qu'elles sont presque toute du côté abrité).
Il faut ajouter à tout cela les îles que l'on a le droit d'aborder mais en payant et surtout en réservant plusieurs semaines à l'avance le guide forestier qui ne va pas vous lâcher les guêtres pendant les quelques heures autorisées à terre, comme si l'on pouvait savoir avec autant d'anticipation le jour où l'on arrive en un lieu donné, alors que c'est la météo qui fixe les dates de départ et surtout la vitesse du voilier. Et enfin, impossible de s'approcher de toutes les côtes habitées par les ethnies locales qui, soit sont parquées dans des conditions abominables, soit sont restées sauvages et accueillent tout intrus en lui tirant dessus quelques flèches bien acérées. 
Eh oui ! On est ici dans le cas typique de décisions en complète contradiction avec les objectifs avancés, car prises par des gens incompétents, à savoir des personnes qui doivent tracer sur du papier des zones de navigation, mais qui ne sont jamais montées sur un bateau, et a fortiori sur un voilier pendant 24 heures.
Pour résumer de manière abrupte, il est aujourd'hui devenu impossible de faire en trois semaines aux Andamans un parcours à la fois intéressant (de beaux mouillages), sûr (des bons fonds pour ne pas avoir l'ancre qui dérape dans la nuit), et confortable (pas exposé à la houle qui empêche de se tenir debout dans un voilier).
Ci-dessous quelques une des carte données par les organisateurs du rallye, définissant des zones réglementées
N'étant arrivé à rien de satisfaisant, je contactais les copains des trois autres bateaux pour savoir à quel point ils en étaient. Et ils en étaient au même point que moi, si bien que nous décidâmes d'aller voir le lendemain les organisateurs pour avoir quelques suggestions, et surtout pour avoir un papier avec un itinéraire bon ou mauvais, mais officiel, de façon à être autorisés à quitter Port Blair.
J'oublie de dire que nous étions tenus de communiquer pendant toute notre croisière, matin et soir, notre position soit par téléphone portable (mais il n'y a pas de réseau sur 95 % du territoire) soit par radio BLU (mais il n'y avait personne pour prendre les messages). La seule option valable eut été de pouvoir donner notre position par téléphone satellite, mais ce genre d'instrument est interdit aux Andamans et les nôtres furent mis sous scellés dès notre arrivée. Encore des lois que les autorités ne sont pas en mesure de faire respecter.
Rathnam nous donna un itinéraire type qui s'avéra être intenable car tout le temps était pris par de la navigation, et il fallait repartir chaque matin pour une nouvelle étape sans avoir eu le temps de se poser. Preuve s'il en fallait encore une, que même les organisateurs n'avaient aucune expérience de la navigation à la voile. Mais nous nous contentâmes de sa proposition, car il nous tardait de quitter Port Bair où nous étions confinés depuis cinq à six jours.

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