Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

samedi 31 mars 2012

Premières images de Basse Californie

Ça y est, je viens de traverser la Mer de Cortez.
Me voila donc arrivé en Basse Californie,
 où, comme on me l'a gentiment demandé,
je vais essayer de faire moins de massacres que la bande à Cortez.
Promis, juré !!!
Et cette Basse Californie ne ressemble à rien que j'ai déjà vu.
Une mer bleue, plus bleue que la Grande Bleue,
un désert sans sable, couvert d'arbustes desséchés accrochées à une terre craquelée,
des cactus de toutes formes, couleurs, tailles,
et des magnifiques vautours qui planent, planent, planent
sur ce monde irréel et incroyablement silencieux.
En une image, une seule, tout est résumé ...
 Comme vous vous en doutez,
j'ai déjà commencé à explorer le petit coin où j'ai débarqué,
pour aller voir de plus près les vautours.
D'abord faut se lever à l'aube et crapahuter de très bon matin
pour être en haut et du bon côté,
au moment où le soleil commence à chauffer la roche.
Alors commence le ballet majestueux
de ces immenses rapaces, à la recherche des courants ascendants

  Mais il n'y a pas que les vautours...
ni les cactus
 Bientôt la suite en images ...






avec le pirate de Basse Californie

mercredi 21 mars 2012

Zero Tolerance (ou une autre histoire de fou)

Vous avez aimé l’histoire de Tonto, le fou brun à tête grise, ou plutôt le roman-photo de ma rencontre avec cet étrange oiseau ? Et bien voici une autre histoire de fou. Rien à voir avec la précédente. Cette fois-ci, aucune photo. Rien qu’une histoire, une histoire de fou, une vraie histoire de fou, ou plutôt une vraie histoire de vrai fou. Ecoutez plutôt …
Le mois dernier, je suis arrivé à Acapulco avec le bateau. Magnifique baie bien abritée de la houle, petite marina tranquille pour amarrer Sabay Dii, et enfin une nuit sans que ça bouge. Le lendemain matin, un voisin de quai venait au bateau. Présentations d’usage …
Hi !                                                                           Hi !
Where are you from ?
                                                From France, and you ?
USA. My name is Mitch.
                                             Nice to meet you. My name is Didier
A peine les salutations faites, Mitch engage la conversation, très bizarrement …
Vous voyez ce beau bateau tout blanc, là derrière moi, il s’appelle « Zero Tolerance ». C’est mon bateau, mon bateau à moi ! Mon magnifique bateau ! J’arrive à peine à le croire, et pourtant il est à moi !
Et Mitch, totalement excité va ouvrir la soupape de sécurité en se mettant à raconter ce qui vient de lui arriver, une histoire vraie et pourtant incroyable, une histoire qu’il doit partager car il n’arrive plus à la garder pour lui, une histoire qui donne à réfléchir sur la terrible fragilité des hommes, mais aussi sur les ressources insoupçonnées qu’ils gardent toujours en eux, et surtout sur ces hasards de la vie qui modifient nos trajectoires, sans que nous ayons l’impression d’être maîtres de notre destin.
Voici donc l’extraordinaire histoire de « Zero Tolerance ».
Ainsi commence Mitch :
« Figurez-vous que cela fait quarante années que je suis passionné de mer, de voyages, de voile. J’ai beaucoup navigué, la plupart du temps comme équipier ;  j’ai traversé tous les océans, mais toujours sur le bateaux des autres. Et oui, toutes les occasions d’aller sur l’eau étaient bonnes. Et bien sûr, ce qui devait arriver arriva : un divorce. Ma femme ne pouvait plus supporter cette concurrence sans visage ; mon ménage ne pouvait pas résister éternellement à cette passion dévorante pour l’océan.
Mon épouse m’ayant quitté, j’ai commencé à m’enfoncer dans la dépression. Heureusement je n’étais pas complètement seul ; j’avais toujours la mer … pour me maintenir un peu la tête hors de l’eau, pour m’empêcher de sombrer complètement. N’ayant plus ni famille ni travail, j’ai cherché des embarquements pour gagner un peu ma vie et surtout me changer les idées. Je prenais tout ce qui passait : navigation à la journée, pour une régate, ou petites croisières.
Un jour, un propriétaire de J28 qui travaillait à San Diego depuis des semaines à l’aménagement de son voilier et qui m’avait vu trainer sur les quais, vient me voir. Il se présente : John, ancien militaire de carrière, enfin à la retraite après une vie professionnelle faite de guerres et d’horreurs, très faible expérience nautique mais bon bricoleur, et surtout propriétaire d’un très beau voilier de régate tout récemment transformé en parfait bateau de croisière, mais un voilier avec lequel il n’a encore jamais navigué. ».
Et puis cette question dont il se souviendra toujours : « voulez-vous skipper mon bateau, et partir en mer avec moi, pour une durée indéterminée » ?
Bien évidemment Mitch accepte la proposition de John. Quelques jours plus tard, les voilà en train de préparer leur voyage : l’avitaillement pour John, la vérification du gréement, de l’électronique de bord, du moteur, du matériel de survie, etc. pour Mitch. Tout à l’air au point sur ce magnifique voilier. Le jour J, c’est le grand départ. Départ pour où ? Eh bien la destination n’est pas très claire : en tout cas, vers le Sud, c’est-à-dire la côte Pacifique du Mexique. On a bien le temps, en mer, de définir précisément la route et les prochaines escales, pas vrai ? Mitch, qui a beaucoup d’expérience ne se fait pas vraiment de soucis, car il sait qu’il est capable de mener tout seul ce bateau très bien équipé, qu’il dispose des cartes de toute la côte Pacifique, et qu’il a même le matériel pour recevoir les fichiers météo, par satellite, où que le bateau se trouve.
Et voilà nos deux compères partis, cap au large. Mais ce qui avait été présentée à Mitch comme une gentille croisière, change de style. En fait, John a le mal de mer, un terrible mal de mer. Après seulement une journée de navigation et le passage dans les eaux territoriales mexicaines, il commence à déprimer. Mais pas une petite déprime, non ! Des envies suicidaires ! John, qui est fort comme un vrai « Marines », menace Mitch de la tuer, s’ils se rapprochent de la côte. De toute façon, ils doivent mourir tous les deux, car il y a longtemps que John a choisi de partir en mer pour y mourir, loin de tout ce monde pourri qu’il a connu. Tout effacer, sans laisser de traces. Mais il lui fallait quelqu’un pour le conduire au large : un Mitch choisi au hasard.
Cette croisière prometteuse qui devait permettre à Mitch d’oublier ses soucis se transforme en une farce macabre. Un scénario de film d’épouvante, dont la fin semble inéluctable : un naufrage suicidaire en pleine mer. Commence alors un enfer pour Mitch qui doit négocier en permanence pour tenter de sauver sa peau, de maintenir le bateau en marche, de calmer et de raisonner ce fou tantôt furieux, tantôt anéanti par sa déprime et le mal de mer. Cela va durer une semaine, au bout de laquelle, la tension va s’atténuer petit à petit, au gré des crises de John, de ses menaces de mort, de ses crises de pleurs, mais aussi des terreurs et des dépressions de Mitch qui n’en peut plus. Les deux compagnons d’infortune parviennent enfin à la côte, aussi épuisés moralement et mentalement l’un que l’autre.
Ils ont vécu ensemble une aventure épouvantable dont ils vont ressortir miraculeusement plus forts. John comprend que Mitch lui a sauvé la vie et lui a fait retrouver son âme. Mitch, qui ne se croyait plus capable de supporter de nouvelles épreuves de la vie, reprend confiance en sa force mentale. S’ensuivent quelques jours où les deux hommes vont partager leurs peines et leurs souffrances, faire la paix, et se remercier mutuellement. Pour John, ce sera le cadeau d’une vie sauvée. Pour Mitch ce sera le cadeau du bateau. Et oui, John qui a peur de la mer et ne sait rien faire sur un voilier annonce à Mitch qu’il lui offre son beau J28.
Après les émotions, place aux démarches administratives pour les deux hommes qui doivent rencontrer les autorités mexicaines pour officialiser la transaction. Mais ce genre de marché généreux est impossible car, au Mexique, on ne peut pas donner un bateau ; on doit le vendre, et en plus devant notaire. Qu’à cela ne tienne ! Le bateau d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de dollars sera vendu pour la somme de 20 USD, avec tout ce qu’il contient. Le changement de propriétaire entraînant le changement de nom du navire, les autorités mexicaines qui restent sceptique sur cette transaction insensée décideront à la place de Mitch du nouveau nom. Ce sera « Zero Tolerance ». « Vous comprenez ce que ça veut dire : on vous a à l’œil, tous les deux et votre bateau ».
Quelle histoire !
Quand Mitch aura fini son récit, apaisé et soulagé, il proposera une visite guidée de son magnifique bateau, son bateau à lui, son beau « Zero Tolerance », en me montrant son nouveau titre de propriété et l’acte de vente à 20 dollars, en me détaillant tous les aménagements intérieurs et en n’arrêtant pas de dire : « si vous voyez quelque chose qui vous plaît, prenez-le, tout ça, c'est trop pour moi ! ». Je finirai par accepter deux combinaisons de plongée (qui ont déjà changé de mains), et un petit appareil électrique dont je ne sais pas si j’aurai un jour l’usage. En prime, je recevrai un chaleureux témoignage de bonheur et de générosité et surtout le cadeau d’une belle histoire à partager.
Pas vrai ?
P.S. : Mitch viendra m’annoncer quelques heures plus tard qu’il doit partir, cap au sud, peut-être vers l’Amérique du Sud, seul sur son bateau, car il lui faut impérativement retrouver la mer. Avant de larguer les amarres, il me tendra son appareil photo en me demandant de le photographier sur Zero Tolerance, pour pouvoir montrer à ses amis qu’il est bien vivant, et le très heureux propriétaire d’un voilier. Trop ému, je n’aurai pas la présence d’esprit de le photographier avec mon propre appareil.

samedi 17 mars 2012

Le souper des frégates

Quelques images prises au coucher du soleil de frégates volant au raz de l'eau
pour attraper des petits poissons du bout de leur bec crochu.
Je vous concocterai une chrono-photographie de chasse de frégate.
...
Patience

Un p'tit coin d'paradis contre un coin d....

Un p'tit coin d'paradis que j'vous dis
...
Imaginez une grande baie en demi-cercle
dont la façade océanique est fermée par une chaîne d'îles, d'îlots et de récifs,
et donc parfaitement protégée de la houle du large,
 Côté terre, 20 kilomètres de plage, sans vagues, avec du sable fin et doré.
 Vous voudriez savoir où se trouve ce petit paradis ? Hein ?
Et bien NON ! Vous ne le saurez pas.
Cette fois-ci pas question  de vous donner son nom, ni ses coordonnées.
Un coin comme ça doit rester secret, pour être protégé.
Mais je n'ai pas tout dit ...
Imaginez de la vie partout
 des crabes dans le sable,
et des poissons, petits et gros, partout,
qui se chassent, s'entre-mangent, se reproduisent.
Un paradis pour les pêcheurs donc,
même s'ils ne roulent pas sur l'or ...
 ils vivent en tout cas heureux et tranquilles, dans deux petits villages ...
Sur la route principale qui les relie à la "civilisation",
c'est plutôt tranquille
Et oui, la vie est sur la plage,



principale voie de circulation,






 marché aux poissons évidemment mais aussi
                marché aux fruits et légumes le matin,
parking à voitures et à bateaux
et bien sûr terrain de jeu des enfants
C'est aussi sur la plage qu'on trouve à manger et à boire
 
 Et derrière ce fin cordon littoral plein de vie paisible,
communiquant avec la mer,
une lagune immense bordée de mangrove.
Des oiseaux partout qui volent, chassent, mangent et se reproduisent eux aussi.
Un paradis ornithologique en prime.
Hérons, aigrettes, ibis, spatules, grues, courlis, macareux, guillemots, fous,
mouettes,frégates, pélicans, nodis, pouillots, huitriers-pies,
mais aussi vautours, aigles,
et toutes sortes de canards ...
 Elle est pas belle la vie sauvage ?
 ...
Je suis resté ici deux jours et demi, mais y serais resté bien plus longtemps,
si mon objectif n'avait été de rejoindre la Mer de Cortez.
J'y reviendrai donc sûrement,
dans ce p'tit paradis.
 
(Remarque : certains qui connaissent ma passion pour la photo doivent penser que ces clichés ont été pris avec du super matos : réflex numérique, gros télé, pied photo. Et bien non ! Toutes ces photos ont été prises avec un petit pocket numérique Fuji.
Avec les oiseaux, l'approche est au moins aussi importante que le matériel.
Bientôt vous aurez des photos d'oiseaux prises avec du super matos. 
Peut-être verrez-vous la différence ?





L'intérieur de Sabay Dii

En regardant les anciens messages que j'avais postés, j'en ai retrouvé un, très ancien,
dans lequel je disais que je mettrai des photos de l'intérieur du bateau,
ce que je n'ai jamais fait.
Donc je poste aujourd'hui des vues de mon cocon.
D'abord, le carré, c'est-à-dire la salle à tout faire ...
 
la cabine arrière
 et la cabine avant
 la table à cartes
 la cuisine
 le cabinet de toilette
 et pour finir le local technique où je range tout mon bazar ...
Et voila, vous connaissez maintenant mon chez moi.

Araisonnement déraisonable

J'étais tranquille, j'étais peinard...
naviguant à plus de 9 nœuds au grand largue,
lorsque j'aperçois, au loin un gros point sur l'horizon.
Je vais chercher mes jumelles.
 Oh ! Mais c'est un bateau de guerre
qui descend plein sud.
Demi-heure plus tard il remontait dans l'autre sens derrière moi.
En cinq minutes à peine il m'avait rattrapé.
 Il se met alors sur mon côté babord et marche à la même allure que moi.
Bizarre, bizarre. Sentant le truc pas clair, je descends dans le cockpit,
allumer la VHF sur le canal 16 des urgences,
Pendant ce temps ce gros engin de 150 mètres de long se met à faire un tour autour de moi,
Alors que j'allais à bonne allure, je fonce rouler le génois (la voile d'avant),
histoire de ralentir le bateau.
 C'est alors qu'une vedette rapide est mise à l'eau et fonce sur moi avec sa sirène stridente.

Stop your boat ! Stop your boat !
No puedo pararlo porque es un velero y tengo que bajar la vela (al menos 10 minutos)
(Impossible de l'arrêter, c'est un voilier et il faut bien 10 minutes pour que j'affale les voiles)
Que paso ?
 Voyant que je parlais espagnol, l'ambiance se détend un peu.
Combien êtes-vous sur le bateau ?
Je suis seul !
Pourquoi vous êtes seul ?
Parce que j'aime bien être seul en mer ! C'est plus tranquille ainsi !
Pourquoi ne répondez-vous pas à la radio, quand on vous demande de vous identifier ?
Parce que je n'ai rien entendu à la VHF ! Et puis elle n'est pas tout le temps allumée !
Vous voulez les papiers du bateau ?
Non  ! Donnez-nous votre nom, celui du bateau, on va interroger l'ordinateur central.
Mais la prochaine fois, répondez !!!
 
 Et ils sont partis rejoindre leur vaisseau.
Moi j'ai remis mon génois et ai continué ma route.
...
Et devinez quoi ?
Et bien une heure plus tard j'étais rejoint par une grosse vedette de la Fuerza Naval
fonçant sur moi à plus de quarante nœuds. 
   Qu'est ce qu'il y a encore, J'ai déjà été arrêté ce matin.
Oui, on sait. N'avez-vous rien vu d'anormal sur l'eau ?
Quel genre ?
Des objets, des noyés ... Un bateau a coulé cette nuit et nous ratissons la zone,
à la recherche de survivants.
Si vous voyez quelque chose, contactez-nous immédiatement.
Par VHF bien sûr.

mardi 13 mars 2012

Bon nini versèr

Merci à toutes celles et à tous ceux qui, le 4 mars, ont pensé à moi,
et qui m'ont envoyé un petit message.
J'en était tout ému, depuis mon petit trou,
à 19° 18,106 de latitude Nord et 104° 50,442 de longitude Ouest.
J'ai passé ma journée, tranquillement, à Bahia Tenacatita,
 (mon beau Sabay Dii est au premier plan à gauche)
Sur la plage déserte
j'ai passé ma matinée à bricoler une super annexe à la Moitessier, 
qui m'est bien plus utile et commode que mon dinghy à moteur.
 Mais, je n'ai pas failli à la tradition,
car je me suis aussi fait un bon repas d'anniversaire,
non pas à l'hôtel-restaurant de luxe qui se trouve au bout de la plage...
Non, non !!!
Je me suis préparé des tostadas de carangue.
C'est quoi ?
Aller, en images, du marché à l'assiette ...
 D'abord faut pêcher la carangue
(ici une belle bête de 10 kg qui ne s'est pas laissé faire)
Ensuite vous prenez un filet, et le découpez en petit morceaux pour préparer une marinade
(un tiers de jus de citron vert, un tiers de bon vinaigre, un tiers de vin blanc)
avec plein d'aromates
(graines de cumin, clous de girofle, masalé, sel, divers poivres, oignons, capres, etc)
Deux à trois jours minimum dans le frigo pour avoir une bonne préparation.
Le jour j (le 4 mars évidemment),
on sort la marinade, on coupe des petits dés de tomates, de l'oignon finement haché
de la coriandre fraîche (absolument indispensable),
un avocat à point (si possible variété Hass),
On dépose le tout sur une tostada mexicaine (si possible des Mirandas)
(pâte très croustillante à base de maïs)
Il ne reste plus qu'à verser dessus une petite sauce aigre
à base de vinaigre balsamique, d'un jus de pomme et de sauce de soja
Et voila ce que ça donne en photo.
Mais c'est rien de la voir, faut en manger !!!
Quel régal !!!
Dommage que j'ai du déguster tout seul mes huit tostadas !!!