Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 16 avril 2018

Chidiyatapu, dernière étape avant le retour à Port Blair

Incroyable mais vrai, à peine quinze jours que Sabay Dii a commencé à naviguer dans les eaux des Andamans, et il faut déjà penser au retour.
Chiriyatapu (ou Chidiyatapu) est justement sur cette route du retour qui longe la façade orientale très inhospitalière de Great Andaman. C'est d'ailleurs le seul abri avant Port Blair quand on vient du Sud.
Toujours à tirer des bords contre le vent de Nord-Est et le courant, cela fait un peu moins de 20 miles nautiques, pour aller de Rutland Island à Chiryatapu..
Une surprise à l'arrivée qui prouve que dans ces régions mal cartographiées, il faut toujours découvrir une nouvelle route de jour : un gros récif non répertorié trônait à l'entrée du détroit de McPherson.
Les copains russes et israélien du voilier Lady Sunshine arrivent aussi à Chiriyatapu
Visite de Igor, Anna, Arty et Costa
Lady Sunshine et le sunshine (coucher de soleil en anglais) du jour

Sabay Dii à Chiriyatapu


Chiriyatapu figure sur toutes les cartes, marines et terrestres, mais quand on arrive ici, on peut se demander pourquoi.
En fait, d'un point de vue marin, bien que dépourvu de toute infrastructure (ni quai, ni débarcadère, ni possibilité de faire de l'eau ou du gazole), c'est un bon abri. Et c'est ça qui est le plus important. Or dans cette région, si l'on excepte l'extraordinaire rade de Port Blair, il n'y a rien pour éviter les coups de tabac, que ce soit pendant la mousson de Nord-Est ou pendant celle de Sud-Ouest.
Chiriyatapu est protégé des deux régimes dominants (mousson de Sud-Ouest et mousson de Nord-Est).
C'est donc un bon abri même si, par endroits, le fond n'est pas de bonne qualité pour l'accroche des ancres.
J'ai rajouté la marque du récif sur cette carte (croix entourée de points)
Quand on met pied à terre à Chidiyatapu (ici on dit Chidiyatapu alors qu'à Port Blair on dit Chiriyatapu), la première idée est d'aller au village, mais il n'y en a pas. Impossible de trouver à acheter des fruits et légumes, un rouleau de papier hygiénique ou des piles électriques. Non ! Il n'y a pratiquement rien qui ressemble à une agglomération, un lieu de production agricole, ... à part des détritus partout, comme toujours en Inde.
Le bord des routes en Inde !!!
Quelques malheureux petits poissons sèchent au soleil
à un mètre seulement d'un dépôt d'ordure
Il y a pourtant une route qui vient de Port Blair, plein Sud, jusqu'ici, mais si l'on ne connaît pas grand chose de Grand Andaman et des Indiens, on ne voit pas vraiment de raison à venir jusqu'ici en voiture, ou en bus. Pourtant, à y regarder de plus près, on découvre deux choses intéressantes.
La première, la plus visible, et la plus ancienne, c'est Munda Pahad, une sorte de grande aire de pique-nique, bien aménagée, sous les arbres, avec des bancs et des tables taillées dans d'énormes billots de bois, un gigantesque parking, une plage et des sanitaires. Déserte en semaine, Munda Pahad devient un terrain de libations, de danses et de jeux le week-end et ne parlons pas des jours de grandes fêtes indiennes. Car les indiens qui font triste mine toute la semaine savent se déchaîner dans les grandes occasions. En fait, Munda Pahad est le seul endroit des Andamans où l'on puisse s'amuser au grand air et se baigner. En effet, pratiquement toute la façade Est de l'île est sauvage, sans accès protégé à la mer. Quant à l'Ouest de l'île, il n'est desservi par aucune route digne de ce nom. Chidiyatapu est donc Le "hot spot" des Andamans.
J'ai parlé de plage, mais celle de Chidiyatapu vaut le détour. En effet, quand on fait la fête, il peut arriver que l'on boive un coup de trop et qu'on aille piquer une tête dans la mer. Mais, aux Andamans, ce genre de petite fantaisie se paye parfois très cher, car les pororus rodent la nuit, comme le jour.
Alors, à Munda Pahad, on a tout prévu pourvu qu'on se baigne dans la zone protégée. Et quelle protection : des filets, des flotteurs en acier avec des lames tranchantes et des pieux pour empaler les crocos téméraires.
La deuxième chose intéressante que j'ai trouvé à Chidiyatapu, c'est le "biological park" du Ministère de l'Environnement. C'est au cours d'une de mes marches solitaires que je l'ai découvert, vraiment par hasard.
Le "Chidiya Tapu Biologic Park" a vu le jour en 2001 dans le but de conserver et d'étudier les espèces animales endémiques et menacées présentes dans les îles Andaman et Nicobar. Ce parc est aujourd'hui à la fois un centre de recherche sur la biodiversité et la conservation des espèces locales, et un espace public d'enseignement et de découverte du milieu naturel des Andamans et des Nicobars. C'est l'endroit idéal pour avoir, au cours d'une balade d'une à deux heures seulement, un bon aperçu de la richesse de la faune des îles. Mais ce n'est pas tout, car même si l'on ne s'intéresse ni à l'écologie, ni à l'éthologie, on a par le seul fait de suivre les chemins de ce parc, un moment de vrai bonheur. En effet, les parcours se font sans effort, librement, en promeneur solitaire, dans un environnement végétal exceptionnel, vert et dense, frais et bruissant, démesuré par la taille des arbres (entre 60 et 80 mètres de haut pour certains), extraordinaire par la variété de essences (depuis les majestueux Mahuas jusqu'aux exquis Padauks), et pourtant rassurant et douillet du seul fait des chants et des gazouillis incessants d'oiseaux de toutes sortes, du vol chaotique de nuées de papillons, de daims, cerfs, cochons sauvages, etc. évoluant naturellement et en quasi-liberté.


¨Pigeon vert de Nicobar

Je n'avais que mon petit appareil photo compact, ce jour-là

Bien sûr, tous les animaux ne batifolent pas librement dans ce parc. Les crocodiles et les varans sont confinés pour des raisons de sécurité, mais leurs domaines d'évolution n'ont rien à voir avec ceux d'un zoo. De même pour certains oiseaux qui évoluent dans d'immenses volières.
Pororus faisant la sieste à l'ombre
Le chemin de ronde permettant d'observer avec de la hauteur les îlots à crocodiles
Le développement de ce parc de plus de 40 hectares est programmé sur 20 ans et trois phases, dont une seule est actuellement ouverte au public. Les phases futures permettront de proposer aux curieux la visite d'un immense aquarium marin, d'un insectarium, d'une maison de reptiles, d'une serre aux papillons et une promenade à l'intérieur d'une immense volière.
Ce parc biologique, même en phase de développement vaut largement le détour. Paradoxalement, c'est cet espace terrestre exceptionnel qui m'aura le plus subjugué pendant cette croisière nautique aux Andamans.

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