Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 28 juin 2021

Chouet le détour par Selçuk (prononcer Seltchouk)

Si au mois de mai, on m’avait dit d’aller impérativement voir la petite ville de Selçuk, je me serais bien demandé pourquoi. Qu’est-ce qu’il y a de si intéressant dans ce bourg de 30000 habitants perdu entre des champs de tomates et de poivrons et des plantations immenses d'oliviers, entre Kuşadasi et Izmir ? Bref, a priori, un coin comme beaucoup d’autres en Turquie.

Eh bien, figurez-vous que ce « bled paumé » vaut vraiment le détour, un détour que j'ai fait un peu par hasard, et que je n'ai pas regretté, bien au contraire, et pour plusieurs raisons.

Petit récit d'une belle découverte :

Le jour où je suis allé à la gare routière de Kuşadasi pour prendre un bus pour Éphèse, on m’a dit qu’il n'y en avait pas, car les touristes ne prennent pas les bus publics, et que les locaux ne vont pas à Éphèse. (ça m'a rappelé avec humour que je ne fonctionnais pas complètement comme un touriste), et que la solution était de monter dans l'autocar à destination de Selçuk et demander au chauffeur de me déposer en chemin, pour rejoindre le site à pied. C’était la première fois que j’entendais prononcer le nom de Selçuk. Une heure plus tard, au moment de l’achat de mon billet pour la visite du site archéologique, on m’a demandé si je voulais prendre l’option payante « visite du Musée d’Éphèse ». Étant du genre simple, j’ai pensé qu’avec un tel nom, il devait se trouver sur le site. Mais non ; le Musée d’Éphèse se trouve ... à Selçuk, à une dizaine de kilomètres. Va donc pour un détour par Selçuk que je n'ai pas eu trop de difficultés à rejoindre.

Dès mon arrivée dans cette bourgade, j'ai flairé le bon coin. Difficile à expliquer, mais parfois, nous devinons, sans avoir trop d'indices, que nous allons trouver des "choses" qui vont nous intéresser, qui vont nous plaire, qui vont nous faire dire : quelle bonne idée j'ai eu de venir faire un tour par ici !

Première chose en débarquant à Selçuk, me trouver quelque chose à manger. Tiens, voila un petit lokanta servant des "pide" (les "pizzas" turques). Pas vraiment mon plat préféré mais pourquoi pas ?

  • Bir tavuk pide ve bir ayran, lütfen ! (une pizza au poulet et  un yaourt salé à boire, svp).

Comme d'habitude, j'étais le seul à servir, ce qui a permis de lier conversation.

  • Le musée ? Ben, il est juste à côté, là-bas, vous voyez le beau bâtiment ?

Effectivement, je mangeais à 50 m de l'objectif !

Et quel musée ! Une architecture parfaitement adaptée à la présentation de pièces somptueuses et  remarquablement mises en valeur. Le sans-faute ! Que dis-je, le TOP ! Et cerise sur le gâteau (expression que j'aime bien), ..., j'étais le seul visiteur, une fois de plus, ce qui m'allait très bien car je suis du genre "pas pressé" quand je suis "confronté" à la Beauté ! J'ai donc pris mon temps, et quelques photos (autorisées, car le marbre et le bronze ne craignent pas les éclairs de flash). Une lente et délicieuse dérive en suivant, rétrospectivement et en solitaire, le courant des siècles qui portèrent Éphèse au firmament de l'art.

Après cette visite particulièrement agréable et enrichissante, j'avais quelques idées pour occuper le reste de mon après-midi car, comme je ne vous l'ai pas dit, j'avais du wifi au repas, et j'en avais profité pour aller voir rapidement sur Internet (Wikipedia), ce qu'on disait de Selçuk :

L'actuel Selçuk n'a longtemps été qu'un simple village sur la colline d'Ayasoluk (tiens donc, la colline où se trouvait le temple d'Artémis), construit au pied d'une forteresse byzantine surplombant la basilique de Saint-Jean. L'arrivée du chemin de fer et le développement du tourisme ont favorisé l'expansion d'une ville moderne et provoqué, dans les années 1980, l'arasement des anciennes constructions et l'aménagement des sites alentours.

En effet, outre la basilique Saint-Jean, qui fut le plus grand sanctuaire chrétien pendant des siècles, et la mosquée d'İsa Bey, c'est sur le territoire de Selçuk que sont situées les ruines de l'antique cité grecque d'Éphèse, et de l'Artémision.

 Au sommet d'une colline voisine surplombant le site antique d'Éphèse, se trouve aussi la Maison de la Vierge Marie, dans laquelle la Vierge Marie est supposée avoir vécu ses dernières années aux côtés de Saint Jean à qui Jésus l'avait confiée. C'est ici que Marie aurait été élevée corps et âme au ciel (l'Assomption pour les catholiques ; la Dormition pour les orthodoxes).

Toujours selon la tradition chrétienne, c’est également ici que se situe la Grotte des Sept Dormants d'Éphèse. (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sept_Dormants_d%27%C3%89ph%C3%A8se).

Vous en conviendrez, à Selçuk, il y en a vraiment pour tous les goûts, du culte de la Déesse de la fécondité, au christianisme (catholique et orthodoxe) et à l'Islam.

A la sortie du musée, j'ai donc pris la route pour rejoindre le château fort qui domine la ville, route qui m'a permis de découvrir l'impressionnante Mosquée d'İsa Bey, de visiter les ruines de l'une des plus grandes et plus importantes basiliques de la chrétienté, et de grimper sur les remparts pour avoir une vue imprenable sur la ville mais aussi sur toute la région. Et partout, de très intéressants panneaux explicatifs pour guider le visiteur (je dis "le" et pas "les", vous avez compris pourquoi), et lui donner à voir des plans, des maquettes, pour qu'il puisse imaginer. Ah : imaginer ! Sans bruits, sans bousculades, sans horloges, ... !

Et plein d'images en tête, je suis redescendu en ville, une jolie petite ville moderne, vivante, avec des commerces, des vendeurs ambulants, plein d'hommes désœuvrés en train de jouer ou de boire le thé, et quelques femmes promenant des enfants ou faisant leurs courses (c'est ça la société musulmane).

Et aussi ..., des cigognes ! Oui ! Des cigognes et des cigogneaux partout, car à Selçuk, on a transformé tous les pylônes électriques en nichoirs, et comme ce n'était pas suffisant, on leur a ajouté des faux pylônes. Et Wikipédia n'en a rien dit ! Mais à qui peut-on se fier, alors ?

En images, ma délicieuse après-midi à Selçuk ...

Le musée d’Éphèse

En 1929, est créé à Selçuk un dépôt des antiquités découvertes sur le site d’Éphèse, dépôt qui deviendra la base du futur musée, plusieurs fois agrandi et modernisé (la dernière fois en 2014) . Mais tout ce qui a été découvert n'est pas forcément à Selçuk, car les trouvailles ont est réparties entre 4 musées, celui de Selçuk, bien sûr, mais aussi ceux d'Istanbul, Vienne et Londres ; juste retour des choses, car les fouilles archéologues ont été financées en partie par l'Autriche et l'Angleterre.

Le musée de Selçuk, où l'on dénombre plus de 50 000 pièces (dont la grande majorité gardée en réserve) est divisé en deux départements distincts accessibles au public, l'un consacré à l'archéologie, l'autre à l'ethnographie. La visite du musée se fait en grande partie au travers de salles superbes dont certaines (celles du département ethnographique) étaient à l'origine un hammam, mais aussi en extérieur dans une belle cour. Une belle ambiance que l'on ne peut apprécier que dans les conditions privilégiées dont je jouissais, ce jour d'exception.

Quand on sait qu’Éphèse est restée pendant près de huit siècles le plus grand port de Méditerranée, la cité la plus riche du Monde, le nombril des arts et de la culture, le plus grand pôle cultuel de l'antiquité gréco-romaine et même chrétien, que la population de cette métropole internationale et cosmopolite dépassait largement les 250 000 habitants à l'époque romaine,  on devine la richesse des collections. Par exemple celle des monnaies riches de milliers de pièces dont une infime partie est montrée au public dans une salle dédiée, où l'on peut admirer, remarquablement présentées dans une exposition explicite, des exemplaires de tout pays, de toute valeur, de tout métal, de toute période. Si certaines salles sont dédiées à des sujets incontournables, tels que le culte d'Artémis, ou les rois et empereurs, d'autres sont consacrées aux découvertes récentes, ce qui fait de ce musée, un établissement vivant et évolutif. Et quand on pense que moins de 20% de la surface d’Éphèse a été exploré, on peut imaginer qu'il ne cessera d'évoluer en s'enrichissant régulièrement au gré de la découverte de nouveaux joyaux.

Voici quelques pièces parmi de très nombreuses autres, sans ordre chronologique ou autre, juste pour le plaisir des yeux, sans commentaires sauf exceptions.



L'Empereur-philosophe Marc Aurèle (121 - 180),

Le roi indo-grec Ménandre Ier Sôter (155-130 avant J.-C.)





Un jouet, tout simplement.

Un magnifique plat en verre et métal.



Des pièces de monnaie.

L'abeille était le symbole d’Éphèse


Et cette statuette d'une modernité incroyable.

C'est LA pièce majeure du musée : l'Artémis d’Éphèse, avec sa coiffe à trois niveaux, ses seins multiples (ou des œufs ou des testicules de taureaux, on ne sait pas trop) pour symboliser la fertilité. Elle mesure 2,92 m !
 
Autre statue de l'Artémis d'Ephèse (1,74 m).

l'empereur Domitien (81 - 96 après J.-C.)





Bas-relief présentant la bataille d'Hadrien contre les Parthes




Si vous avez envie d'en voir plus, rendez-vous sur le site :

https://www.transanatolie.com/francais/turquie/Turquie%20Musees/Musee%20Ephese/musee_ephese.htm

ou regardez cette vidéo qu est une visite virtuelle du musée de Selçuk.


 La mosquée d'İsa Bey

(images glanées sur Internet car je ne l'ai vue que de dehors et de loin) 
 
C'est le monument musulman le plus important subsistant de l'époque des Aydınoğullar. Il témoigne de la prospérité de la ville sous leur dynastie. L'édifice est situé sur les pentes d'Ayasoluk, entre le temple d'Artémis et la fortification byzantino-turque. Une inscription placée au-dessus de la porte occidentale indique qu'elle fut construite en 1374, l'an 776 de l'Hégire par l'architecte Şamlı Dımışklıoğlu Ali de Damas, sur commande d'Aydınoğu İsa Bey, et inaugurée en janvier 1375. C'est un édifice important dans l'histoire de l'architecture religieuse pré-ottomane, le second exemple seulement des mosquées à double minaret en Anatolie pour cette période. 
 
 
 
 
La mosquée vue depuis la basilique Saint-Jean. Le fameux double minaret est en restauration en ce moment.
 
Image Internet

Image Internet

Les ruines de la basilique Saint Jean

(les ruines laissent imaginer une basilique immense)

Dès le IIe siècle, la tradition chrétienne attribue à l'évangéliste Jean une sépulture sur la colline voisine de l'Artémision, alors semble-t-il déserte. L'archéologie a confirmé que la chambre funéraire souterraine date au moins de cette époque. Elle est située dans une nécropole romaine qui continue d'être utilisée aux IIIe et IVe siècle, à en juger par l'épigraphie funéraire retrouvée. La tombe est l'objet d'un culte dès avant la Paix de l'Église. Lorsqu'avec l'avènement de Constantin, le christianisme devient une religion licite, un martyrium de plan carré d'assez grandes dimensions (environ 19,5 m sur 18,5) est construit au-dessus de la tombe, autour duquel est élevé une église théodosienne de plan cruciforme. Il devient rapidement insuffisant aux besoins du culte apostolique, et l'empereur Justinien fait démolir cette église pour la remplacer par une basilique à trois nefs de dimensions considérables (130 m de long sur 60 de large). À la suite de la conquête arabe au VIIIe siècle, la colline est ceinturée d'un mur destiné à protéger le sanctuaire et ses dépendances. (Wikipedia)

Voilà à quoi la basilique devait ressembler.

Et voilà ce qu'il en reste. Beaucoup de ruines mais le lieu est tellement paisible ...

Par contre la muraille de protection construite par les arabes est en bon état.

Le château fort



Vue depuis le château sur la plaine qui était en pleine mer à l'époque d’Éphèse.

Vue depuis le château sur Selçuk.

Les cigognes de Selçuk