Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 11 juillet 2022

Honneur à celles et ceux qui sont venus à ma rencontre

Pendant toute ma balade à l'intérieur et autour du cratère du volcan de Nisyros, je n'ai croisé personne. Ni un paysan ou une bergère, ni un(e) touriste. Bien sûr j'ai attaqué ma randonnée de bonne heure, mais une heure raisonnable quand même (entre 8 et 9 h). Et puis, j'ai marché toute la journée, jusqu'à la fin d'après-midi. Et toujours sans croiser ni même apercevoir quelqu'un.

Alors, je vais rendre hommage à ces boucs, chèvres et chevreaux qui sont venus à ma rencontre, par curiosité, mais surtout en toute confiance.

 

 










Après avoir apprécié votre aimable curiosité, et admiré votre si paisible comportement, je vous souhaite longue vie, en troupeau, car à l'évidence, c'est ce mode d'existence que vous préférez. Je ne me fais pas trop de soucis pour les femelles qui sont vouées à faire le lait des fromages grecs. Ni pour les rares et robustes boucs, dont le programme quotidien laisse rêveur. C'est plutôt des petits mâles que je m'inquiète, car s'ils ont eu la chance d'échapper au carnage des fêtes pascales, ils risquent fort de se retrouver dans une assiette pour Noël. Eh oui ! Tout le monde n'est pas à la même enseigne pour les fêtes.

dimanche 10 juillet 2022

Nikia, joli petit village perché sur le bord du cratère de Nisyros

L'île de Nisyros, dans le Dodécanèse, est en fait un gros volcan somnolent depuis plus de 15000 ans, qui occupe presque toute la surface de l'île. Mais, aucun risque d'éruption ni d'explosion ; l'île est donc habitable, mais très faiblement habitée : moins de 1000 personnes au total.

On peut se poser la question "Pourquoi vivre ici, plutôt que sur une des îles voisines, au relief moins tourmenté, plus arborées, ... ?" ou sa contraposée "Pourquoi ne pas vivre ici, sur les pentes d'un volcan éteint ?". Ces questions, on a du se les poser depuis longtemps, car Nisyros a de beaux vestiges de l'antiquité, avec notamment le Paleo Castro, par opposition au Neo Castro (Paleo = Ancien, et Neo = Nouveau). Donc deux châteaux, l'un qui date de la période archaïque, magnifique extérieurement mais ayant perdu son acropole, et l'autre construit par les Chevaliers de Saint-Jean, presque vingt siècles plus tard. Il y avait donc de bonnes raisons de vivre à Nisyros. Parmi celles-ci la fertilité du sol, comme souvent sur les pentes d'un volcan.

Mais une fois acceptée l'idée de s'installer à Nisyros, il reste à faire le choix du lieu. C'est la deuxième question, à laquelle j'aurais tendance à répondre : au bord de l'eau. Car il est impossible de vivre ici en totale autarcie : pas de minerais, peu de bois, ... rien pour fabriquer des outils, des bateaux, etc., et très peu d'eau potable. Pour survivre ici, il faut donc s'approvisionner ailleurs, et régulièrement. Pas étonnant, dans ces conditions, que les premières traces d'occupation de ce territoire datent des voyages maritimes dans la Mer Egée. Nisyros fut donc une petite colonie, mais aussi et surtout une étape maritime incontournable à une époque où les longs voyages à la rame ou à la voile étaient impossibles. Heureusement, l'île disposait d'un port naturel. C'est donc tout naturellement que Mandraki (qui signifie "le port") est devenue la micro-capitale, et que ce soit là qu'on trouve tous les vestiges historiques de l'île.

Pourtant, certains habitants ont choisi de s'installer ailleurs : à Pali où était amarré Sabay Dii, à Emborios, ou à Nikia.

Nikia est certainement l'endroit où je n'aurais jamais pensé que l'on pût s'installer. Ce village d'une soixantaine d'habitants permanents est très éloigné de Mandraki, et perché sur la lèvre Sud du cratère de Nisyros. Pour comprendre pourquoi certains ont choisi ce lieu de résidence, il suffit de regarder la campagne alentour : des oliviers, des figuiers, des ruches, des terrasses pour cultiver les céréales, des chèvres qui n'ont aucun problème de nourriture, et même des troupeaux de petites vaches qui se désaltèrent au débouché de sources d'eau sulfureuses !

Des terrasses un peu partout, mais qui semblent aujourd'hui délaissées. Seuls les oliviers semblent exploités ...

... et comme partout en Grèce, des ruches aux quatre coins de l'île.

Des chèvres, vous allez bientôt en voir de plus près. Surprise.

 
 
 
 
 
Au cours de ma randonnée dans le volcan de Nisyros, j'ai remonté la face interne du cratère, pour rejoindre Nikia. Je pensais au départ que la piste du Sud pouvait m'aider à cela, mais en réalité, la seule possibilité est un minuscule chemin de chèvres perpendiculaire à la pente (comme le montre la carte ci-contre qui est un extrait de ce que je pouvais lire sur mon smartphone). Gros avantage de ce chemin, la vue vertigineuse sur la caldéra que l'on surplombe, au cours de la montée, et ensuite la vue sur le petit village de Nikia.
 
La caldéra vue d'en haut.

 
La caldéra, tout en bas, et quelques visiteurs en milieu de journée.

Dernière vision de l'intérieur du cratère, avant de basculer sur l'autre versant.

Et voila Nikia, au Sud de l'île de Nisyros. Un charmant village de montagne avec des maisons blanches aux toits de tuiles et aux portes colorés, et ses rues pavées de petits galets blancs ou noirs.




Et j'ai gardé le meilleur pour la fin, la petite chapelle d’Agios Ioannis Theologos.qui surplombe le village.

 

 

 

samedi 9 juillet 2022

L'ile de Nisyros, et son volcan

Après un agréable petit séjour sur l'île de Symi, cap à l'Ouest pour rejoindre Nisyros (ou Nissiros).

De Symi à Nisyros, presque une cinquantaine de milles nautiques, soit 90 km environ. On est au Nord de Rhodes.

J'aurais pu couper le trajet en m’arrêtant à l'île de Tilos, mais c'est Nisyros qui a le plus d'intérêt dans la région.

La navigation s'est déroulée avec un bon vent, mais par un temps instable, et par moments pluvieux.

Nisyros et ses petits satellites apparaissent sur mon écran de navigation.
Nisyros fait partie des îles volcaniques du Dodécanèse, mais c'est la seule à avoir un volcan encore un peu actif.

Nisyros est la plus grande de ce groupe d'îles. Notez Yiali, l'île avec la tache blanche au Nord Ouest, et Stroggyli, la petite île toute ronde au Nord Est. Vous allez les revoir en photo.

Nisyros, et son volcan qui occupe la quasi totalité de l'île. En blanc, la caldéra encore active.

Pour le marin, ce genre d'île présente l'inconvénient de n'offrir aucun bon mouillage, car les fonds sont trop profonds, et la côte presque circulaire ne présente pas de baie protégée de la houle et du vent. Il faut donc aller dans un port, et Nisyros en a deux, situés au Nord.

A l'Ouest, il y a celui de la capitale Mandraki (un nom que vous avez déjà rencontré sur ce blog et que vous relirez souvent ; il signifie "port"). C'est un port de commerce très profond, inadapté aux bateaux de plaisance.
Et puis, il y a le petit port de Paloi (ou Pali) qui est devenu la halte incontournable des voiliers de passage, mais au contraire de Mandraki, il est peu profond (3 m d'eau) et son entrée aurait plutôt tendance à s'ensabler, d'où des travaux incessants de dragage qui imposent une attention particulière lorsqu'on entre dans le port.
Peu profond, ce port est limité aux bateaux de 2 m de tirant d'eau.
Actuellement, pour entrer et sortir du port, il faut longer la digue Nord en la frôlant, afin de ne pas toucher le fond qui n'est qu'à 2 m de la surface. Si l'on a un peu plus de 2 m de tirant d'eau, il faut bien calculer son coup, en jouant sur les marées qui peuvent atteindre 30 cm en Méditerranée. Mais avec son 1,9 m de tirant d'eau, Sabay Dii n'a pas eu de problème.
Par contre, pour m'amarrer, ce ne fut pas de la tarte. En effet, comme vous pouvez le constater sur l'image ci-dessus, les bateaux sont amarrés cul au quai. C'est la règle dans ces petits ports de Grèce qui ont un nombre limité de places. La méthode consiste donc à jeter l'ancre au milieu du port (en visant bien pour ne pas que les diverses chaînes d'ancres se chevauchent), puis à reculer en laissant filer la chaîne, jusqu'à atteindre le quai. Je comptais m'amarrer au quai Sud, du côté du village, en espérant un peu d'aide sur le quai. Mais ce port est en accès libre (mais pas gratuit) et il n'y a donc pas de personnel pour aider à l'amarrage. De plus, je suis arrivé sous une pluie battante, et personne n'était sur les quais. Il me fallait donc être à la fois à l'ancre à l'avant du bateau et au moteur à l'arrière, ce qui n'est possible qu'en courant de l'un à l'autre pour ajuster la longueur de chaîne par petits coups, et puis, pour attacher les amarres, il m'a fallu sauter sur le quai depuis le bateau, alors que la chaîne d'ancre à tendance à éloigner le bateau du quai. Bref, un travail d'acrobate que j'ai réussi du premier coup, mais dont je ne raffole vraiment pas. Et quand j'ai appris que le quai Sud était payant, alors que celui du Nord était gratuit, j'ai jeté l'éponge pour ne pas recommencer ce cirque (18 € la nuitée, c'est ridicule comparé aux 150 € dans un port de la Côte d'Azur).
Sabay Dii au quai Sud de Paloi, à Nisyros.
Les deux quais Nord (à gauche, sans eau ni électricité) et Sud (à droite et bien équipé).

 
 
Paloi est un tout petit village : moins de 250 habitants, une minuscule épicerie, une boulangerie, et une église, bien sûr. A part ça, deux restaurants et trois loueurs de voitures qui attendent les navigateurs venus ici, uniquement pour voir le volcan.
 
 

Comme tout le monde, j'ai loué une petite voiture pour me rendre au cœur du volcan, mais malgré cela, en revenant le soir, j'ai constaté sur ma montre que j'avais quand même marché 18 km dans la journée. Et des kilomètres pas faciles, à crapahuter sur les pentes du volcan. Il faut dire que le cratère est vraiment très vaste  (4 km de diamètre) et que ses bords culminent entre 500 et 600 m d'altitude. Mais quel beau spectacle !

Le spectacle commence bien avant d'avoir atteint le cratère. En effet, la seule route qui y conduit vient du Nord (Mandraki ou Paloi) ce qui permet de voir depuis la voiture Paloi, et les îlots de Nord.

La route grimpe dur depuis Paloi.
La blanche Yiali. Sa couleur est due à une gigantesque carrière d'où l'on extrait essentiellement de la pierre-ponce, un matériau aux multiples usages.
Le versant extérieur du Nord du volcan est couvert de chênes et d'oliviers, mais on peut toujours apercevoir la mer qui se confond souvent avec le ciel. Ah ? Une soucoupe volante ?

Ah non ! En réglant la profondeur de champs de l'objectif, on voit que c'est Sroggoli.
Sroggoli est bien visible, avec en arrière-plan, Kos, l'une des grandes îles du Dodécanèse, distante de 15 km.

 Après une bonne vingtaine de minutes de grimpette tortueuse, on débouche sur le cratère.

Vue vers le Sud. On ne voit pas la route asphaltée qui conduit à la caldéra (en blanc au milieu du fond du cratère). Par contre, on distingue au loin une piste qui remonte sur le versant Sud.
Au téléobjectif, on voit la route qui conduit à la caldéra. C'est la seule, ce qui impose de la prendre à l'aller et au retour.
Ma petite voiture de location.

Le fond du cratère est plat et aride, et je me demande bien pourquoi c'est ici que l'on amène paître un troupeau de vaches

Peut-être parce qu'elle n'auront pas l'idée de s'échapper, confinées qu'elles sont dans cet enclos naturel.
... à moins que ce soit parce qu'on y trouve l'un des rares points d'eau de l'île. Mais de l'eau sentant le soufre ??? En tout cas, ça n'a pas l'air de les déranger.

J'étais parti de très bonne heure pour arriver avant tout le monde sur le site et bénéficier, en sus, d'une belle lumière. Évidemment, je me suis retrouvé seul sur le parking de la caldéra, sans personne pour encaisser un éventuel droit d'entrée.

La caldéra mesure 200 m de diamètre. C'est le seul endroit où une activité volcanique discrète se manifeste encore de nos jour.
La caldéra est dans une petite dépression à laquelle on accède par un escalier taillé dans la roche.

L'intérêt visuel de cette caldéra réside dans la zone de point chaud et les fumerolles qui la bordent sur un côté.

La caldéra du volcan, dans laquelle on peut descendre (à condition d'avoir de bonnes chaussures, car le sol est un peu mou et chaud).



Des bouches exhalent par a-coups vapeurs, fumées.



Les restes d'une vache venue sniffer. La fumette est réputée dangereuse pour la santé.


Par moments, la Terre crache des boulettes de boues brulantes.

Les fumerolles sur le bord de la caldéra.




La caldéra est petite comparée au cratère.

En mixant petits déplacements en voiture et randonnée pédestre, j'ai pu faire pratiquement le tour du volcan.




Art contemporain !




Ces terrasses construites en dessous de la piste Sud prouvent que dans l'ancien temps, on cultivait à l'intérieur du cratère. Aujourd'hui, on préfère louer des voitures.
 Et pour terminer deux photos prises depuis la crête Sud du cratère
Bien qu'aucune éruption n'ait eu lieu depuis plus de 15000 ans, les manifestations de volcanisme ne se limitent pas à l'énorme cratère qui occupe près de 40% de la surface (40 km²) de Nisyros.
Les coulées de lave se sont jetées dans la mer à de nombreux endroits de la côte. 
Coulée de lave rouge plongeant dans la mer.
Les très rares plages sont de sable noir et rouge foncé, formé à partir de roches éjectées du volcan (basalte, pouzzolane, ...) ...
et elles sont bordées d'un dépôt de pierres ponces très légères.
Il y a aussi, un peu partout, des cavités dans des conglomérats de petites pierres.
et visibles sur toutes les falaises qui bordent la mer.
La dernière éruption a expédié dan l'atmosphère quelques vingt milliards de mètres cubes de pierre ponce et de cendre dans l'atmosphère, matériaux qui, au cours du temps, se sont plus ou moins compactés en couches sédimentaires granuleuses et très friables. D'où cet aspect grumeleux et alvéolé des falaises.
La côte Sud de l'île a un aspect purement minéral (au loin, l'île Tilos).
Parti de bon heure, avant le lever du jour, je suis rentré fourbu, à l'heure idéale pour contempler un beau coucher de soleil, dans un ciel chargé de nuages. 


 
Au cours des trois jours passés à Nisyros, j'ai, comme à mon habitude, beaucoup marché et vu de beaux paysages.
Je me suis aussi rendu à la capitale, Mandraki, ai visité le village d'Emporios, mais mon coup de cœur, c'est Nikia, le troisième village de cette 'île très peu peuplée, et vous allez le découvrir en photo, très très bientôt, avec ses maisons blanches, tout perché sur la lèvre SE du cratère de Nisyros.