Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 16 décembre 2013

Mais où est Sabay Dii

Ia orana

Après une saison nautique de presque 9 mois sans interruptions, Sabay Dii fait sa pause annuelle, à Moorea, l’île jumelle de Tahiti, bien à l’abri d’éventuels cyclones, dans une toute petite marina.
Et ce repos est bien mérité puisque, une fois encore, ce seront presque 10000 milles nautiques qui auront été parcourus dans l'année.Au total, même s’il ne se trouve actuellement qu’à l’antipode de son port d’attache, Sabay Dii a quand même parcouru depuis le départ de ce voyage en 2010 l’équivalent d’une fois et demi le tour de la Terre. Une bagatelle en somme !

Pour ce qui concerne 2013, ayant quitté le continent Nord-Américain et le Mexique en mars, Sabay Dii est arrivé en Polynésie trois semaines plus tard, après 3000 milles de navigation hauturière à travers le Pacifique Nord et le Pacifique Sud, et tout ça sans croiser le moindre voilier. Quant aux cargos, pétroliers, porte-containers, etc., ils ne nous auront pas ennuyés non plus, car seul un navire scientifique naviguant exactement sur la ligne de l’Equateur, aura croisé notre route. L’Océan est bien le plus grand désert de la planète, et ceux qui craignent les collisions en mer devraient être terrorisés à l’idée de traverser un chemin de campagne, au fin fond de l’Aveyron, de peur de se faire écraser par un semi-remorque.

C’est donc avec la plus grande sérénité que j’ai continué à naviguer de jour comme de nuit, entre les îles du Fenua. Plus de 5000 milles à sillonner les eaux très peu fréquentées de Polynésie, pour aller des Marquises aux Tuamotu, des Tuamotu à Tahiti et Moorea, puis aux Iles sous le Vent (Huahine, Raiatea, Taaha, Bora-Bora), puis retour aux îles du Vent (Tahiti et Moorea), et repartir encore une fois aux Tuamotu, avant de conclure la saison par un tour complet de Tahiti.

Plein de belles heures en mer, plein de jolis mouillages sauvages dans des lagons de rêve, et de chouettes rencontres avec des polynésiens toujours aussi accueillants, chaleureux et généreux.

Mais qui dit « tour du monde » dit déplacement en longitude, et le programme de Sabay Dii est déjà clairement dessiné sur la mappemonde au moins pour les deux années à venir. 

Voici donc, en avant-première et en exclusivité, un avant-goût des réjouissances futures :

Saison 2014 (en blanc)

Fin d’exploration de la Polynésie, puis départ pour le Pacifique Sud-Ouest : Iles Cook, Royaume des Tonga, les Samoa, Wallis et Futuna, les Fidji et re-descente vers les 30ème pour rejoindre la Nouvelle-Zélande
Quelques mois de navigation dans l’été austral suivis d’une pause de Sabay Dii chez les kiwis mise à profit pour faire un grand lifting du bateau, mais aussi pour aller explorer l’Australie, en auto-stop et sac-à-dos.

Saison 2015 (en jaune)

Suite et fin de la navigation dans le Pacifique Sud-Ouest avec la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu, les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Iryan Jaya.
J’arriverai alors dans une zone du globe que je connais déjà, l’Asie du Sud-Est, et pour laquelle je n’ai encore rien planifié : Philippines, Mer de Chine, Honk Kong, ou plutôt Timor Oriental, Java Bali Lombok, puis Singapour et la Malaisie. J’ai le temps de voir, et les choix se feront en temps réel pour tenir compte de la géopolitique locale un peu tendue en ce moment. Après ce seront la Thaïlande et la Birmanie que j’aime tant.

Et ensuite ...

Quant aux années suivantes, elles verront Sabay Dii dans l’Océan Indien, dont je connais aussi déjà une bonne partie des îles. Il ne me restera plus ensuite qu’à choisir entre Charybde et Scylla, je veux dire entre le terrible Cap de Bonne Espérance avec ses tempêtes terribles et ses vagues scélérates, puis des milliers de milles dans l’Atlantique Sud puis Nord avant d’arriver à Gibraltar, ou au contraire risquer d’aller me frotter aux pirates somaliens en longeant l’Inde puis le Yémen pour entrer en Mer Rouge et, après Suez, retrouver la Méditerranée. Là aussi, les choix se feront en temps réels pour tenir compte des tensions du moment.

En tout cas, comme vous pouvez le constater en regardant un atlas de géographie, Sabay Dii sait où il veut aller : des navigations hors des sentiers battus pendant quelques années encore, pour continuer à découvrir notre belle planète et tous ces gens si différents de notre petit monde occidental, uniformisé par un consumérisme débridé et avilissant.

En attendant de repartir naviguer sur les mers australes, je suis venu passer quelques semaines parmi la famille et les copains. Je n’ai pas oublié le bonnet, les chaussettes en laine et le Damart qui étaient enfermés depuis si longtemps dans la naphtaline. Si vous sentez une odeur étrange, mélange de vanille et d’antimite, regardez autour de vous, je ne devrais pas être très loin.

jeudi 12 décembre 2013

Une journée à rebondissements

Dimanche, jour de repos ? Mon œil !
De bon matin, j’étais levé avec des fourmis dans les jambes. Tout semblait réuni pour une belle journée de randonnée. Les gambettes bien en forme. Le paysage somptueux et le temps à venir qui s’annonçait favorablement par un petit rayon sympathique sur les sommets surplombant la baie de Cook et la vallée de la Vaitepiha.
A 5 heures et demi, j’étais déjà dans l’annexe en train de ramer, mon objectif étant de remonter la rivière le plus haut possible, et de continuer ensuite à pied jusqu’à la mi-journée, puis de rebrousser chemin, car il est impossible de traverser la presqu’île, si ce n’est à l’allure d’un « raideur ».
Pas une balade tranquille pour faire des belles photos, mais plutôt une randonnée tonique au grand air pour admirer le paysage et bien roupiller ensuite dans le bateau. Mais au bout du compte, rien de se passa comme prévu, et je ne le regrette pas, Bien au contraire !
Tout commença pourtant comme je l’avais un peu imaginé. Après une heure à ramer dans une rivière tranquille,
 Il me devint de plus en plus difficile d’étaler le courant, d’autant que la profondeur diminuait régulièrement.
Quand il me fut impossible de ramer sans risquer de casser les avirons, je décidai de laisser l’annexe pour continuer à pied. Bien attachée à une pile de pont, elle ne risquerait pas de partir toute seule.

   













Vue de la vallée depuis le pont
A partir du pont, je savais qu’il y avait une grande piste longeant la rivière sur deux à trois kilomètres qui ensuite se transformait en un tout petit sentier, sans la moindre indication, comme toujours à Tahiti.
Galères en perspective, car cet endroit est plein de petits cours d’eau, et à chaque traversée de gué, il me faudrait retrouver quelques traces pour pouvoir continuer à avancer.
Alors que j’étais en train de pinailler pour savoir de quel côté repartir, j’entendis au lointain quelqu’un crier. Quelqu’un vraiment très loin, juste un tout petit point blanc, bien plus bas dans la vallée. Avec le bruit de l’eau, impossible de savoir ce que voulait cette personne et à qui elle s’adressait. Mais malgré tout, je me demandais si je n’avais pas entendu « Didier, Didier ».
Bah ! Je crois que je commence à entendre des voix, car je ne connais personne ici, et personne ne sait où je suis, et surement pas ce petit point blanc. En plus, à cette distance, il est impossible de reconnaître quelqu’un.
Et me voilà repartant de l’avant après avoir cru trouver mon chemin. Mais deux minutes plus tard, force est de constater que je me suis encore égaré. Donc demi-tour. Et mon petit point blanc s’est drôlement rapproché. Il court, ma parole ! Et en faisant des gestes !
« Didier, Didier ».
J’entends des voix, encore !
« Didier de Sabay Dii » !
Ah là, ce ne sont plus des voix. C’est bien moi qu’il appelle.
Mais c’est quoi cette histoire ? Qui peut me connaître à ce point ? Et pourquoi me cherche-t-on ? En tout cas, faut que j’aille à sa rencontre. Qu’est-ce qui va encore m’arriver comme surprise ?
Et mon petit point blanc qui avait bien grossi m’apparut haletant, suant, mais avec un sourire jusqu’aux oreilles.
- Ah Didier !
C’était Heimata ! Oui, Heimata, le patron pêcheur dont je vous avais déjà parlé au mois de juillet. Et en l’apercevant je fonçais vers lui, en jubilant.
- C’est bien toi, Didier, c’est bien toi. Que je suis content !
- Et moi donc ! Heimata ! Quelle surprise ! Comment tu savais que j’étais là ?
- Oh ! C’est incroyable !
Et Heimata de me raconter son histoire.
Figure-toi qu’avec ma femme et les filles, on avait décidé de partir de bonne heure pour aller passer la journée aux Trois Cascades. Et en roulant, j’ai eu l’impression que je t’avais vu marcher du côté du pont de Tautira. Je l’ai dit à ma femme Andrea, à qui j’ai tant parlé de toi, et elle m’a dit que j’avais dû avoir une hallucination. Comment pourrais-tu te balader à la montagne alors que tu vis sur ton bateau, toujours dans des îles paumées. Alors, j’ai fait demi-tour pour aller voir si je voyais ton bateau sur l’eau, et j’ai reconnu Sabay Dii au mouillage de Cook. Du coup j’ai ramené ma petite famille à la maison, et je suis parti dans la montagne à ta poursuite, en tongues. Ah ah ah ! Et j’étais sûr de te rattraper car je savais qu’à chaque rivière tu te planterais de chemin, alors que moi je connais ma vallée par cœur. Que je suis content !
Et ce furent d’autres embrassades.
La journée ne démarrait pas comme prévu, mais elle ne pouvait pas mieux démarrer.
En redescendant la rivière pour aller chez lui, je lui expliquais où j’avais laissé l’annexe.
- Mais il y a plein d’enfants qui jouent à ce pont le dimanche.
- Oh mais elle est bien attachée, elle ne risque rien.
Et nous décidâmes d’aller aux Trois Cascades. Pour commencer... car Heimata avait secrètement décidé de me faire faire le grand tour de Tahiti en me conduisant à tous les chouettes coins qu’il connaissait : le trou du souffleur, l'îlôt Martin et ses kiteurs, les grottes de Maarea, le plateau de Taravao ...

     

Après m’avoir présenté à sa femme et ses filles qui effectivement semblaient bien me connaître, nous voilà partis pour une belle journée de balade … en voiture.
Retour vers 17 heures, invité à manger évidemment, alors qu’un terrible orage se déchaîne dans la vallée. Comme je souhaitais rentrer au bateau, dont je n’avais même pas fermé les hublots, pensant rentrer pas trop tard, Heimata me proposa de me reconduire au pont.
Mais l’annexe n’y était plu !
- On te l’a volée.
- Ou se sont des gosses qui ont joué avec et l’ont abandonnée.
- Mais vu la crue de la rivière, elle est alors en pleine mer. Moi je pense qu’on te l’a volée car c’est facile de la charger sur un pick-up ici. Faut aller au village en regardant si on ne voit rien de louche.
Après plus d’une heure de vaines recherches, nous rentrâmes à sa maison, car il m’était absolument impossible de rejoindre le bateau à la nage en pleine nuit avec ce mauvais temps. Et de toute façon, Heimata était trop content de me garder à dormir chez lui.
- Demain, avant d’aller à mon rendez-vous, on part chercher ton annexe.
- Ok mais faut pas rêver.
Encore à chercher pour rien. J’annonce à Heimata que la meilleure solution est que je rejoigne le bateau à la nage, maintenant qu’il fait jour, et que j’irai ensuite jusqu’au port de Faratea à la voile, pour aller faire une déclaration à la gendarmerie de Taravao .
Quelques heures plus tard, j’arrivai à Faratea, et qui m’attendait pour m’aider à amarrer Sabay Dii puis me conduire en voiture à la gendarmerie ? Andrea, bien sûr, avec son frère.
Quand j’expliquai au gendarme que mon annexe avait disparu, il me répondit en souriant qu’elle avait déjà été trouvée, hier, et de l’autre côté de Tahiti. Une personne ayant vu à la mi-journée cet engin attaché à la pile d’un pont avec le nom d’un bateau inscrit en clair et des gosses s’amusant dessus, l’avait autoritairement embarqué sur son pick-up pour le mettre à l’abri, en se signalant à la gendarmerie. Quelques heures après le prévenant monsieur refaisait 50 km en voiture pour me rapporter l’annexe (dont les gamins avait enlevé tous les autocollants) au bateau.
Sabay Dii et l'annexe retrouvée
Les tahitiens sont vraiment des gens formidables, pas vrai ?

En tout cas, rendez-vous est pris avec ce sacré Heimata et sa petite famille pour nous revoir en mars avril, mais plus seulement pour un trop court dimanche. Vivement le printemps !

Le va'a à Tautira

J’ai quitté Hihitera et mes amis Linda, Hoatua et Coco le samedi de bonne heure pour être à Tautira, sur la face est de Tahiti iti, vers midi.

Je voulais assister à l’arrivée de la dernière course de Va’a (pirogue polynésienne) de la saison.
Il faut avoir été en Polynésie pour prendre la mesure de l’importance de ce sport. Toutes les personnes qui se disent sportives, jeunes ou moins jeunes le pratiquent, en solo (V1), à 3 (V3), 6 ou plus encore. Les compétitions rythment l’année, avec des temps incroyablement forts comme la Havaiki Nui Va’a, que tout le monde ici considère comme le championnat du monde et où le premier équipage étranger (Américains, Hawaïen, Néo-Zélandais, etc.) finit dans les cinquantièmes derrière des équipages exclusivement polynésiens. Tous les média suivent le Va’a et c’est dans cette discipline que s’investissent prioritairement les sponsors.
Départ de la Havaiki Nui
Arrivée de la Havaiki Nui
La compétition de Tautira était bien plus modeste mais rassemblait quand même une centaine de compétiteurs en V1, discipline moins spectaculaire que la course en équipage. Je suis arrivé à Tautira juste à temps, et depuis le bateau (ancré exactement sur l’emplacement préféré du fameux Captain Cook), j’ai pu voir les concurrents défiler à une centaine de mètres, sous les hurlements d’une foule incroyablement bariolée et agitée, disséminée sur la plage de sable noir du village ou postée sur toutes sortes d’embarcations.
Les retardataires
Une fois tous les concurrents arrivés, j’ai rejoint la terre pour prendre la température de la manifestation. J’aime bien ces atmosphères de fin de compétition où les concurrents se retrouvent après la bataille, où l’on remet le matériel sur les remorques, et où les supporters font la fête quel que soit le résultat du « poulain ».
Mais J’étais aussi venu à Tautira pour faire une super balade dans l’une des plus belles vallées de Tahiti, la vallée de la Vaitepiha, qui en rejoignant une vallée sur l’autre versant de la presqu’île, permet de traverser Tahiti Iti. Et comme vous allez l'apprendre très bientôt, cette journée de randonnée pédestre qui n'en fut pas une, fut la journée à rebondissement la plus incroyable que j'ai vécue depuis que j'ai commencé mon tour du monde.

mardi 10 décembre 2013

Hihitera (ce qui veut dire "là où le soleil jaillit" en Polynésien)

Bye bye Beaumanoir. On reprend la mer. Direction, toujours plus au sud pour arriver aux falaises du Pari et remonter un peu sur la côte Est de Tahiti Iti.
Il va me falloir sortir du lagon par la passe Vaiau, car toute la partie sud de l’île n’est pas navigable à cause des déferlantes qui passent par-dessus le récif à fleur d’eau (la partie hachurée de la carte ci-dessus). Et il me faudra aller assez au large avant de virer, car le vent vient de l’Est mais surtout il y a un fort courant qui pousse à l’Ouest, donc sur  le récif. Objectif du jour, le mouillage de Faraua qui semble bien abrité avec pas trop de fond, un joli îlot (Fenuaino) dans  son voisinage, et qui n’est pas trop loin de pétroglyphes et d’un marae.
Départ à six heures du matin, avec le soleil dans le nez au début, ce qui est un inconvénient quand on navigue dans un lagon car on n’en voit pas les pièges, mais j’ai déjà parcouru plusieurs fois cette portion qui permet d’accéder à la passe Vaiau et je sais exactement par où passer. Par ailleurs, je suis au moteur sur une eau parfaitement lisse, car à l’abri du vent.
 
Dès la passe franchie, j’ai hissé les voiles pour profiter des 15 nœuds de vent d’Est. Et Sabay Dii a mis le turbo.
Même si j’apprécie beaucoup d’être au mouillage pour visiter un lieu et rencontrer du monde, c’est toujours avec une certaine excitation que je reprends la mer. La navigation est toujours pour moi une vraie partie de plaisir, surtout quand elle a un petit côté technique comme naviguer dans un endroit avec pas mal d’obstacles, avec pas mal de bords à tirer, ou au contraire une croisière au long cours, et qui du fait de sa durée, présente des choix tactiques pour profiter au mieux du vent et des courants. Peut-être est-ce une compensation au fait que depuis que je navigue au bout du monde sur Sabay Dii, je n’ai plus ma dose hebdomadaire d’endorphine, comme à l’époque où je régatais beaucoup. Ma jouissance n’est plus dans l’art d’aller plus vite que les autres ou de contrôler les coureurs menaçants, mais je la retrouve en  fignolant sur le papier mon trajet, en imaginant ce que mon adversaire du jour, le vent, pourrait bien me jouer comme vilain tour pour m’envoyer du mauvais côté du plan d’eau, et en réglant Sabay Dii « aux petits oignons », comme un proto de course. Et dès que je le sens filer à bonne allure, je savoure mon temps de mer, comme certains dégustent une bière à la terrasse d’un bistrot. A chacun son truc, pas vrai ?
Mais pour revenir à mon mini-parcours, il ne me fallut pas longtemps pour le boucler, d’autant que j’eus la chance d’être accompagné … (non Hervé, j’étais en solo) … discrètement par une dizaine de petits dauphins, et surtout par deux mamans baleines avec leurs petits. Pas des grosses baleines, mais des globicéphales (small fin pilot whale), à l’aileron dorsal très caractéristique. Très curieuses, elles sont venues directement vers moi et ont ensuite pris la même direction. Mais apparemment les petits traînaient un peu, et je les ai perdues de vue dans mon sillage.

Ces rencontres sont toujours agréables, mais elles sont fort rares ici, alors qu’en mer de Cortez, j’avais la chance d’en croiser quotidiennement (sauf avec Véro qui portait la poisse !!!), et de toutes les variétés (baleines grises, grand rorqual, marsouins, globicéphales, etc.)
A l’approche de la passe Tomatai réputée dangereuse, j’ai amené les voiles pour me mettre au moteur et me faufiler parmi les hauts fonds qui encombrent l’entrée et qui ont le chic pour lever des vagues très surprenantes.
Le mouillage pressenti s’avérant excellent, j’ai mouillé l’ancre.
Un peu de rangement est j’étais déjà en train de ramer sur l’annexe pour aller visiter l’îlot voisin, qui malheureusement est TABU !
Donc, je me suis contenté de l’approcher et d’aller nager le long du récif pour observer les nombreux petits poissons bariolés et peu farouches.
Le lendemain matin, de bonne heure, après avoir admiré un extraordinaire lever de soleil,
j’ai repris l’annexe pour essayer de trouver les fameux pétroglyphes, et comme il y avait quelqu’un au bout du ponton voisin, je suis allé lui demander quelques renseignements pour trouver ces vestigs d'une civilisation pré-européenne.
- N’y va pas à la rame. Il y a un petit sentier mais fais gaffe au doberman de mon voisin Michel ; c’est pas qu’il est méchant mais s’il t’attrappe. Et ton annexe attache là ici.
J’ai donc amarré mon zozo et, alors que j’allais m’engager sur le chemin, son épouse m’invita à boire quelque chose avant de partir marcher. Et voilà comment tout simplement, je fis connaissance avec Hoatua et Linda, deux retraités ayant choisi de venir vivre ici, à Hihitera, très loin de l'agitation de Papeete.
Après avoir cherché en vain les pétroglyphes, au milieu d’une belle forêt de mape, j’ai repris le minuscule chemin dans l’autre sens.


  
























En arrivant devant leur maison, Hoatua et Linda m’attendaient.
- Alors ces pétroglyphes
- Pas trouvé
- Tu as dépassé la pointe ?
- Non ! Comme il n’y avait plus de chemin mais plein de traces je les ai cherchés avant la pointe.
- C’est juste après mais comme il n’y a plus  de chemin, il faut passer par la mer. Je t’y amènerai tout à l’heure après la pêche.

En quelques minutes nous sympathisions. Linda avait acheté pour moi une baguette au bateau-magasin (car ici, le seul moyen de communication et d’approvisionnement est le mer) et Hoatua m’avait invité à aller chercher du poisson avant d’aller voir les pétroglyphes. 


Après une excellente journée en leur compagnie, j’ai rejoint le bateau.
- Demain, on t’attend pour le petit déjeuner
- D’accord, et merci. Bonne soirée.
Et c’est ainsi que je passais quelques jours avec Linda et Hoatua (et de temps en temps Coco leur neveu), toujours invité à partager de véritables repas de fête en mon honneur.

Des gens formidables avec qui nous sommes convenu de nous revoir au printemps prochain. Au revoir émus, avec des cadeaux réciproques.

Tu sais que tu ici comme chez toi. Alors on vous attend, toi et ton beau Sabay Dii.