Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 27 juin 2022

Symi de Symi

La plus grande ville de Symi est située au Nord-Est de l'île, et s'appelle ... Symi ! (ça s'écrit Σύμη en grec ... pas facile de lire cette langue)
Vous vous rappelez que Sabay Dii était arrivé à l'île de Symi par le Sud-Ouest, à la baie de Panormitis (exactement à l'opposé de la capitale), et que j'étais resté cinq jours dans ce mouillage si paisible.
Comme Symi a la réputation d'une très belle ville, je comptais aller la visiter, mais pas à la voile, car il aurait fallu que je quitte mon charmant mouillage de Panormitis, pour aller amarrer Sabay Dii au quai des bateaux de croisière, en pleine ville, à la vue de tous les touristes qui débarquent quotidiennement des ferries venant de Rhodes mais aussi de Marmaris. Et aucune autre solution, car le mouillage est impossible dans la baie de Symi beaucoup trop profonde. Bref, ça ne me disait rien de quitter mon petit coin tranquille pour l'agitation symiote (et pas simiesque ou simienne). La solution la plus simple était de prendre le bus qui fait quotidiennement la navette entre Panoritis et Symi. En plus ce serait l'occasion de voir l'intérieur des terres.
Je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée lumineuse.
Annic et Rolland du bateau voisin Pomme étaient aussi à 7 heures du matin en train de poiroter à l'arrêt de bus du monastère. Quelle surprise !
Nous avons donc fait le voyage ensemble, à l'aller, comme au retour, en gardant notre autonomie pendant toute  la journée.
La route est impressionnante.
Vue de haut, la baie de Panormitis au loin (on croirait un petit lac).

Ça monte, ça descend, au milieu de la caillasse.
 De temps en temps on surplombe par un à-pic une crique qui semble minuscule vue de si haut.
Ah ! Un gros bateau de croisière. C'est qu'on arrive à Symi-ville.

Symi est nichée au fond d'une grande et longue crique.

Vue du ciel, la ville paraît immense, mais dans la réalité ...
La ville de Symi regroupe la majorité des 2600 habitants de l'île qui vivent principalement de la pêche, du commerce et du tourisme, mais la population de la ville décuple en haute saison. Il faut donc pouvoir loger 25000 personnes en été, mais cela ne pose aucun problème.
En effet, grâce à la construction de bateaux et à la pèche aux éponges, Symi fut l’une des iles les plus prospères du Dodécanèse jusqu’au début du XXe siècle, et, comme vous allez le voir en photo, il reste de cette époque de nombreuses et grandes maisons de maitres joliment réhabilitées qui confèrent à la cité une ambiance particulière, mélange de néo classicisme et de chic cosmopolite.

La cité symiote est adossée à un amphithéâtre naturel qui verrouille une profonde crique. Bien qu'il n'y ait eu ni rivière ni glacier, tout ici fait penser à un fjord, lorsqu'on découvre Symi depuis la route. Mais la couleur de l'eau, le type d'habitat, et l'aridité des environs nous rappellent qu'on est en Méditerranée. 

Symi vue depuis le Sud, en arrivant de Panormitis.
Le port de Symi
La rive Nord de Symi
La ville se compose d’une partie basse – Gialos (le port) – et d’une partie haute – Chorio (le vieux village) – reliés par la Kalistrata (« le bon chemin », en grec) une large allée d’escaliers de marbre (375 marches) qui serpente entre les anciennes demeures et de petites églises construites à flanc de colline.
En venant du Sud, c'est par cette minuscule route se transformant en rue que l'on accède à Symi depuis les hauteurs. Pas d'erreur possible, on n'est pas en Norvège.
Le port de Symi, au fond de la crique, beaucoup trop profonde pour pouvoir mouiller Sabay Dii. Les voiliers de passage sont amarrés aux quais, des deux côtés du port.
Les barques sont amarrées à des corps morts immergés et au quai.
La rive Nord s'appuyant sur de petites collines basses ne ressemble vraiment pas à la rive Sud dominée par un surplomb vertigineux.
La rive Nord de Symi.et la grande horloge municipale de pierre qui date de 1881


Cette vue du port ne montre que peu de maisons, car le Chorio et son escalier d'accès se trouvent à gauche hors du champ de l'appareil photo.


Au large, un paquebot de croisière prêt à déverser sa cargaison de touristes.

Comme le bus est parti à 7 h du matin de Panormitis, et qu'il faut presqu'une heure pour venir à Symi, on est sûr d'être tranquille, avant l'arrivée des touristes. Et effectivement, je vais pouvoir déambuler tranquillement dans des rues désertes, mais où tout est prêt pour accueillir les visiteurs.

Vu le nombre de "tabernas", on attend apparemment pas mal de monde. Malheureusement, comme à Rhodes ou dans toutes les îles touristiques de Grèce, c'est le même spectacle désolant de coquillages, coraux, étoiles de mer, mâchoires de requins,...récoltés essentiellement par les pilleurs sévissant en Indonésie et aux Philippines, qui sont exhibés ici et mis à la vente, au mépris flagrant de la réglementation internationale.

et puis au hasard de ma promenade, deux touristes d'un type un peu spécial ...
Ah ! Mais je vous connais ... vous ne seriez pas mouillé à Panormitis, par le plus grand des hasards ?
Alors que les touristes arrivaient au rythme de la navette du paquebot, j'ai attaqué la rue-escalier menant au chorio.
 
Une belle grimpette qui doit faire de jolis mollets aux habitants de la partie haute de Symi.
Peintures impeccables, propreté exemplaire.
Et toujours ce soucis du détail de décoration.
A Symi, tout est couleur. Les ocres le disputent à la terracota ou aux mauves pastel. On raconte qu'il y a quelques décennies, ce serait un riche industriel de la peinture qui aurait offert les couleurs pour égayer sa ville.
Et je ne parle pas du bleu, des bleus, du ciel de la mer bien sûr, mais aussi les bleus des portes.


 Vous l'aurez certainement remarqué, les grandes demeures de cette ville font plus penser à l'Italie qu'à la Grèce. C'est normal, car Symi fut annexée par les Italiens en 1912, à l'apogée du l'activité économique de l'île. Elle comptait alors quelques 30000 habitants et était la capitale du Dodécanèse jusqu'au moment où les Italiens décidèrent que Rhodes prendrait sa place. L'île ne verra son rattachement à la Grèce qu'en 1948.

 

 

Ajourd'hui encore, de nombreuses maisons restent à restaurer. Mais en suivant des règles strictes, car cette petite ville de type néoclassique italien du XIXe siècle est avec Hydra l’une des seules iles en Grèce où l’architecture est contrôlée et protégée pour que Symi conserve une harmonie et une beauté authentique.


 
Tout en haut du village il reste aussi quelques moulins à vent dont certains ont été réhabilités et sont aujourd'hui habités, et quelques vestiges d'un château des Chevaliers de Saint-Jean construit sur l'emplacement d'une antique acropole, comme presque toujours dans les îles du Dodécanèse.

Tout ceci est à l'état de ruine, mais le promeneur courageux qui arrive là-haut pas trop exténué a le privilège d'une vue somptueuse sur Symi qu'il est sûr de ne pas avoir à partager avec les touristes débarqués une ou deux heures seulement de leur paquebot.
Tout en bas, la navette ramène les touristes à bord du paquebot.
Ce paquebot est bien joli,...
mais quand on naviguait à la voile on savait prendre son temps.


mardi 21 juin 2022

La baie de Panormitis à Symi

Symi est une île grecque du Dodécanèse. Elle est située au Nord de Rhodes, mais près de la Turquie.

La grande bande de terre au Nord de Symi est la presqu'île turque de Datcha.
Au cours des trois années précédentes pendant lesquelles j'ai navigué dans les eaux turques, je suis souvent passé tout près de Symi, par le Nord et l'Est, régulièrement, mais aussi par le Sud et l'Ouest, en naviguant irrégulièrement dans les eaux grecques. Mais il existe une tolérance tacite qui fait que les autorités de Symi ferment les yeux, car il est évident qu'obliger tous les bateaux naviguant dans les eaux turques à contourner Symi par le Nord leur compliquerait la vie.
Du coup, Symi m'était familière. Vue de loin, je la trouvais toute pelée, austère, ce qui fait que je la pensais même inhabitée, et n'avais nullement l'intention d'aller chercher un mouillage du côté de ce gros cailloux. Il a fallu que j'arrive à Rhodes et que je découvre que toutes les agences de voyage proposaient une sortie à la journée en bateau pour aller visiter la perle grecque de Symi pour que je m'intéresse à elle. Un coup d’œil attentif aux cartes marines pour étudier sa côte et découvrir d'éventuels points de chute, et la lecture d'un guide de croisière en Grèce, m'ont fait changer d'idée.Et c'est ainsi que j'ai inscrit Symi dans la liste des îles grecques de la route de Sabay Dii, juste après Alimia.
22 milles nautiques de route NNE pour aller d'Alimia à Symi.
J'ai choisi la baie de Panormitis, au Sud-Ouest de Symi, comme point de chute.
C'est par Panormitis que les bateaux de croisière venant de Rhodes commencent leur visite à la journée de Symi.

La navigation entre Alimia et Symi s'est effectuée par un temps de demoiselle (petit force 2).

A gauche l'île montagneuse de Symi, à droite l'îlot de Troumpeto, et au lointain la côte continentale Turque

A l'approche de l'entrée de Panormitis, vers midi, j'ai vu sur l'écran de ma centrale de navigation le signal AIS d'un gros bateau de promenade en mer sotant de la baie. J'ai donc levé le pied pour le laisser passer, et en ai profiter pour affaler les voiles et préparer le matériel de mouillage.

Pendant les cinq jours passés dans cette baie, quotidiennement, je le verrai (ainsi qu'un autre bateau un peu plus petit) faire sa manœuvre de mouillage, libérer pour deux heures ses passagers, et reprendre la mer pour continuer le tour de Symi.
La passe d'entrée de la baie de Panormitis, avec à bâbord une colline coiffée d'un joli moulin à vent, et en face, les bâtiments allongés du monastère.

Voila ce que l'on a en face de soi lorsqu'on franchit la passe de Panormitis : le monastère !

Panormitis est un excellent lieu de mouillage : 4 à 5 mètres d'eau (pas très claire) sur fond de sable un peu vaseux qui tient bien l'ancre. L'endroit n'est pas trop venté, même si, comme dans tous les lieux à relief important, il peut y avoir de grosses rafales, parfois pendant plusieurs heures, notamment après le coucher du soleil.

Le meilleur endroit pour mouiller est le Nord de la baie.

Le mouillage et le monastère de Panormitis, vus du Nord.

Mouillage peu fréquenté à ce moment de l'année. En bas à gauche Sabay Dii et devant lui Pomme dont je vous reparlerai.

Le même mouillage en regardant vers le Nord, désert et tranquille.
Sabay Dii à gauche, et et à droite, Pomme, le bateau de Roland et Annic arrivés un jour après moi.

Il y a aussi dans la baie une paire de petits bateaux de pêche.

En plus d'être un lieu sûr pour le navigateur, Panormitis est un lieu charmant, dont l'harmonie est magnifiée par la présence de l'impressionnant monastère consacré à Michel Panormitis, le saint patron de l'île, mais aussi le patron de tous les marins grecs.

Construit au début du XVIII e siècle, il est toujours habité. Le complexe du monastère comprend un grand nombre d'annexes où plus de 500 pélerins peuvent passer la nuit et se restaurer.
Bien évidemment, c'est ce monastère qui est le point d'intérêt des touristes qui viennent à Panormitis par centaines, tous les jours, par ferry depuis Rhodes. Cela pourrait nuire à la tranquillité du lieu, mais dans la réalité, il n'y a que deux gros bateaux qui arrivent en matinée, déchargent leurs cargaisons de touristes qui se précipitent au monastère, et tout ce monde repart deux heures plus tard.
Dix heures du matin. Les touristes viennent de débarquer du Nikolaos X.

Onze heures du matin, le Dodekanisos Seaways est là au mouillage, et cache le Nikolaos X bien plus petit qui est amarré au quai.

Onze heures et demie, le Nikolaos X repart de la baie de Panormitis pour continuer son tour de l'île de Symi.

Midi, c'est au tour du Dodekanisos Seaways de partir.

Ça y est, le mouillage est à nous !
L'endroit est très paisible. Une voie bétonnée fait le tour de la baie conduisant d'un côté au moulin à vent et de l'autre à l’extrémité Sud de la passe.

 

 

 

 











C'est cette même dalle en béton, maintenant si paisible, qui accueille, deux heures par jour, le flot des touristes.

Le monastère, qui date d'un peu plus de deux siècles, est d'une architecture très classique. Outre le côté religieux ou mystique, son intérêt pour le visiteur réside plutôt dans sa décoration intérieure (fresques couvrant murs et plafonds, ainsi qu'une magnifique iconostase de bois sculpté), et surtout dans l'hétéroclisme des cadeaux offerts pas les pélerins en guise d'ex-voto, essentiellement des bateaux d'or, d'argent ou d'humbles petits molèles réduits, déposés par des marins pour remercier Saint Michel de Panormitis de les avoir prétendument assistés ou secourus ; tous ces objets sont rassemblés dans un petit musée situé dans la cour inérieure du monastère.

La cour du monastère.

Cette cour intérieure ceinture par l'arrière l'église du monastère.

Détail du sol qui, comme un peu partout en Mer Egée, alterne petits galets noirs et blancs.

Les cellules du premier étage

Les angles du premier étage sont voûtés.

Vue du clocher de l'église depuis le premier étage.



Détail de l'iconostase (dans une église bizantine, c'est la cloison qui sépare la partie sacrée dans laquelle le Pope officie de la nef accessible au public orthodoxe. C'est sur elle que sont aposées les grandes icones, d'où son nom).



Et voici, en argent massif, l'Archange Michel de Panormitis.

Les moines du monastère de Panormitis ont aussi une passion pour la culture des roses.


Cette baie de Panormitis concentrant plusieurs des qualités que j'apprécie pour me poser un peu au cours de mes navigations, j'y suis resté quelques jours, et ce fut l'occasion d'une belle rencontre avec Rolland et Annic, des américano-belges (belges exilés à Chicago) avec qui j'ai sympathisé. Restaurant, petit voyage en bus à la capitale de Symi (voir prochain article), et blues (Rolland à la guitare et bibi à l'harmonica) .

Roland et Annik partirent de Panormitis un jour avant moi pour aller à Rhodes, d'où je venais, mais nous avions convenu de nous retrouver plus tard à Astipalaia, une île extraordinaire (ma préférée en tout cas) dont je vous reparlerai bientôt.

Annic et Rolland sur Pomme en train de sortir au moteur de Panormitis. Bientôt sus voiles.