Les îles Cinque (Nord et Sud) se trouvent à une vingtaine de milles au Nord des îles Sisters, toujours dans le détroit de Duncan (et son fort courant) mais très près de la grande île de Middle Andaman.
Après mes quatre belles journées passées aux Sisters, il n'était plus question d'aller à South Andaman, par manque de temps d'une part, mais aussi par manque d'intérêt, car cette île présente peu de bons mouillages, et ils sont soit infestés de crocodiles, soit interdits car proches de réserves de tribus "primitives" (dont je vous reparlerai prochainement), soit derrière le long quai du seul petit village de l'île. En me dirigeant vers les îles Cinque, j'étais donc déjà sur la route du retour.
Bien sûr, vous devez vous douter qu'à ces Cinques doivent être attachées quelques bizarreries administratives, et vous avez encore gagné.
Reparlons, une fois de plus des autorités locales et de leurs règles à décourager tout navigateur.
Le mouillage à Cinque Sud est autorisé mais il est interdit d'aller à terre. Quant à Cinque Nord, le mouillage est interdit, mais, si l'on en fait la demande auprès des affaires maritimes, le jour de l'arrivée aux Andamans (en précisant la date exacte non échangeable et en payant un droit d'entrée), on peut y débarquer pour rencontrer le ranger qui y vit. Autrement dit c'est quand on n'a encore aucune information sur la navigation aux Andamans que la demande doit être faite, et avec une précision totalement incompatible avec la navigation à voile qui dépend totalement de la météo.
J'avais donc décidé de m'arrêter uniquement à Cinque Sud, dans la belle baie de l'Ouest, car abritée du vent dominant et de la houle. Les images satellitales montraient une belle et longue plage mais pavée de récifs à ses deux extrémités, ce que confirmaient mes cartes marines. Je choisis donc d'y arriver en plein milieu.
J'étais à quelques milles de l'arrivée que je distinguais trois voiliers déjà au mouillage. C'étaient les copains de Tehani Li, Tereva et Xe qui, finalement, avaient tous renoncé à aller plus au Sud, vers Little Andaman.
Bien que cela soit interdit, ils avaient déjà tous débarqué sur l'île pour aller jeter un coup d’œil à l'environnement, mais comme l'endroit est très sauvage, il était impossible de pousser plus avant que quelques dizaines de mètres au delà de la plage.
Je mis immédiatement pied à terre, et vis tout de suite plein de traces sur le sable, certaines faciles à identifier, mais d'autres très étranges.
Traces de cervidé (chevreuil, daim, cerf, ... ?) |
Traces de petits crustacés (crabes, Bernard-l'Hermites, ...), mais pas de petites tortues. |
Traces étranges, probablement d'un varan malais (un énorme lézard doté de griffes impressionnantes) |
A terre, je rencontrai quatre pêcheurs avec qui je discutai quelques minutes. Avec leur petite barque, ils posaient leurs filets aux extrémités de la plage, et chaque jour, une plus grosse embarcation les ravitaillait et repartait avec le poisson. Autrement dit, ils passaient sur l'eau ou sur cette île déserte la plus grande partie de leur vie, sans autre confort qu'une natte et une casserole.
Le lendemain, j'allais les voir sur leur barque pour acheter du poisson, mais ils ne voulurent jamais que je le paye. Comme souvent, plus on est pauvre, et plus on est généreux.
En allant nager vers le récif Nord, je pu constater qu'effectivement, il y avait pas mal de poissons.Trois des quatre bateaux francophones du "rallye", de gauche à droite, Tehani Li , Xe et Sabay Dii |
Après m'avoir demandé par où j'étais passé, mes camarades décidèrent de partir aux Sisters, mais je les vis revenir le soir. Ils avaient trouvé le mouillage beaucoup trop mauvais pour y passer la nuit.
Tehani Li part pour les Sisters |
Tehani Li de retour |
Xe |
Sabay Dii |
Tereva quitte Cinque South |
Le souvenir des traces que j'avais aperçues excita ma curiosité, et je décidai de partir le lendemain à la chasse photographique, bien que mes deux meilleurs objectifs soient en réparation à Bangkok. Il me fallait trouver le bon endroit (j'avais repéré un marigot d'eau douce bien isolé de la plage), un poste d'observation bien camouflé pour ne pas être vu mais suffisamment confortable pour pouvoir rester deux à trois heures sans bouger (un ensemble de troncs gisant au sol mais avec encore du feuillage), et choisir l'heure et le lieu pour avoir le soleil dans le dos et le vent dans le nez (forcément dans l'après-midi environ deux à trois heures avant le coucher du soleil qui a lieu ici vers 18 h).
A 14 h 30, armé de mon matériel photo (mon vieux boitier Nikon et un Sigma 300 mm de trente cinq ans d'âge tout délabré et plein de moisissures) et de ma patience légendaire (uniquement quand il s'agit de photographier, je vous rassure), je m'installai confortablement et ouvrai grand mes deux yeux et mes deux oreilles.
Vers 16 h, je fus récompensé ...
Un jeune daim arrive. Très prudent, il restera pratiquement 10 minutes immobile, avant de se décider à aller vers l'eau |
Regards à droite |
Regards à gauche |
Ce jeune daim tacheté va rester les pieds dans l'eau du marigot, à moins de 10 mètres de moi pendant une bonne dizaine de minutes, tout-à-fait paisible |
Il repart tranquillement de l'autre côté du marigot, bien désaltéré. |
Grande aigrette à l’atterrissage |
Pour plus d'informations sur ce bel oiseau, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Bulbul_orph%C3%A9e
Un peu de mal à suivre tes pérégrinations d'île en île (mais je n'ai pas l'intention de naviguer dans cette zone) mais très admirative de tes photos de daim, d'aigrette et de bulbul orphée..... prises avec un vieil objectif. Superbes ! (Catherine C.)
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