Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mercredi 11 août 2021

Les îles de la Mer de Marmara : d'abord Paşa Limanı Adası

Vu la situation environnementale déconcertante, j'ai décidé de ne pas m'éterniser à Erdek, et d'aller explorer les îles de la Mer de Marmara, en espérant ne plus rencontrer ce satané mucilage.

Première étape : l'île la plus proche d'Erdek, Paşa Limanı Adası (prononcer Pacha Liman Adas, car en turc la lettre ş se prononce ch, et la lettre ı (un i sans point) est l'équivalent de notre e, et est muette en fin de mot).

Une grosse dizaine de milles nautiques séparent Erdek de Paşa Limanı Adası

Paşa Limanı Adası signifie l'île (adası) du port (limanı) du Pacha (Paşa), et cette île porte tout simplement le nom du seul véritable port de l'île Paşa Limanı (voir carte ci-dessous). Comme sur mon clavier, je n'ai pas les lettres de l'alphabet turc, je vais cesser de faire des acrobaties et désigner cette île sous l'écriture francisée Pachaliman.

L'île Pachalimani avec sa "captale" Pachalimani

L'île de Pachaliman a une forme assez tarabiscotée (avec une petite presqu'île à l'Est), la ville de Pachaliman se situant sur sa côte occidentale. Pour accéder à ce petit port très bien protégé par Koyun, l'île voisine, deux possibilités : soit par le Sud, mais le passage est très dangereux, voire impossible pour les bateaux calant plus de 2 m ; soit par le Nord. J'avais initialement l'intention d'explorer toute l'île et donc d'aller faire un tour à Pachaliman, en passant par le Nord, mais finalement, pour diverses raisons (météo, mucilage, attrait des autres îles), je n'y serai jamais allé, me contentant d'en visiter le Sud et l'Est à pied.

Comme vous avez pu le constater dans l'article précédent, le trajet depuis Erdek était loin de me rassurer, du point de vue de la pollution par le mucilage.

Approche de Pachaliman

Le vent dominant étant de secteur NE, j'avais choisi de venir mouiller dans une petite indentation, au Sud de la presqu'île de Tuzla.


Un mouillage au SW de la petite presqu'île pour être abrité du vent de NE

En arrivant à ce mouillage en fin d'après-midi, j'ai trouvé la situation moins catastrophique qu'à Erdek.

En ne regardant pas l'eau de trop près, la situation a l'air satisfaisante. Au loin, Erdek.

Le Sud de Pachaliman, en regardant vers l'Ouest




 

N'allez pas croire pour autant que le coin donnait envie de piquer une tête dans l'eau, car en regardant de plus près, il y avait des filaments de mucilage un peu partout et à toutes ls profondeurs. Après cette petite navigation, l'objectif étant de manger et de dormir, j'ai reporté les observations au lendemain.



Après une nuit bien calme, découverte du mouillage et de ses environs.

Belle journée, beau paysage, et pas trop de mucilage.

Sabay Dii au mouillage. Notez qu'on ne voit pas de mucilage au rivage (ce sont des galets).

En début d'après-midi, je pars pour faire le tour à pied de la presqu'île de Tuzla. On voit bien l'isthme.

Le Sud de Pachaliman. On voit quelques nappes de mucilage au large.

Tiens donc. Le rivage autour de Sabay Dii est maintenant bordé de mucilage.

Apparemment, les nappes de mucilage sont extrêmement mobiles, et en quelques heures seulement, sous l'effet du vent et des courants, des zones apparemment propres sont souillées et vice-versa.

Je continue mon tour de la presqu'île ...

Au loin Erdek


Le petit village de Tuzla

Comme sur toutes les autres îles de l'archipel, il y a peu d'habitants à Pachaliman.

La baie qui sépare la presqu'île de Tuzla du corps principal de Pachaliman.

Sans commentaires

Rencontre sur la route du retour au bateau

Cette longue balade, outre le fait qu'elle m'a apporté quelques précieuses indications sur le mucilage, fut très intéressante. La végétation est très développée et variée avec une alternance de micro-cultures (oliviers, blé, avoine, maïs), de landes sauvages avec pas mal d'oiseaux et d'insectes qui font parfois penser à l'Irlande, et partout une végétation de type méditerranéen avec beaucoup de chardon


Dommage que je ne sois pas parti avec un bon appareil photo. Mais je me connais : soit je marche, soit je reste à quatre pattes pour tirer le portrait aux petites bêtes. Il fallait faire un choix !

Effectivemnt, de retour au bateau, il y avait des nappes de mucilage, pour certaines éparpillées et diffuses, pour d'autres épaisses et comme collées au rivage.

La deuxième nuit fut très inconfortable, car vers 21 h, un très violent orage s'est développé, en apportant un vent violent de secteur SW, le pire pour ce mouillage. Je suis donc resté en alerte pendant plusieurs heures, surveillant la position du bateau sur mes écrans, mais heureusement, le fond est de bonne tenue, et l'ancre est bien restée crochée.

Mais le lendemain, quelle surprise !




Cerné par le mucilage apporté par le vent de l'orage. J'ai donc décidé de faire un saut de puce de 1 mn pour aller au petit port de Balıklı (Balık signifiant poisson en turc) qui, de part son orientation, avait du être protégé du vent et donc du mucilage.


C'est ici que le ferry débarque et embarque les passagers pour Erdek,car l'accès à ce port moins bien protégé de Pachaliman est bien plus facile d'accès.

Je suis resté deux jours dans ce petit village, à discuter avec les habitants pour apprécier leur caractère paisible et hospitalier, et à gambader dans la campagne environnante pour  mieux comprendre leur fonctionnement insulaire.

Il n'y a qu'une centaine d'habitants et une minuscule épicerie mais qui avait des fraises délicieuses.

vendredi 6 août 2021

De Karabiga à Erdek, ou la rencontre intime avec le satané mucilage

J'ai déjà posté sur ce blog un message sur le problème du mucilage en Mer de Marmara (https://sabaydii.blogspot.com/2021/07/mucilage-en-mer-de-marmara.html), mais je n'ai pas dit comment j'avais pris conscience de l'importance et de la variété des impacts de ce phénomène.

En fait, c'est en remontant le Détroit des Dardanelles que j'ai été confronté pour la première fois de ma vie à ce spectaculaire évènement, mais sans savoir quoi que ce soit à son sujet. 

Ma première image de mucilage, dans le Détroit des Dardanelles
 

 

Pour moi, c'était au départ, tout simplement une émulsion due à la pollution par toute sorte d'hydrocarbures consécutive à un énorme trafic dans ce canal, un peu comme une mayonnaise que l'on fait monter en agitant un corps gras avec une solution aqueuse.

 

 

Quelques heures plus tard

Le pire de la journée, et puis plus rien !
 

 

Mais l'importance de cette pollution m'a vite intrigué. Néanmoins, sans moyen d'information (pas de connexion Internet sur Sabay Dii), je n'ai pu approfondir le sujet, d'autant qu'ensuite je n'ai plus vu la moindre pollution, ni sur la fin de Détroit, ni une fois arrivé en Mer de Marmara. Était-ce un phénomène très localisé ?

 

 

 

 

Une fois arrivé à Karabiga, j'ai bien trouvé que l'eau était un peu trouble, mais je n'ai pas relié cette observation peu inquiétante à celle, effrayante, des Dardanelles.

Dans la journée, les baigneurs étaient très nombreux, mais la plage était protégée par un discret barrage flottant. Comme eux, je me suis baigné (autour du bateau).

En me connectant sur Internet, à Karabiga, j'ai trouvé parmi mes courriels, un message de Murat, un Stambouliote avec qui je correspondais de temps en temps qui, sachant que j'allais vers Istanbul en bateau, me disait : Didier, take care of mucilage in Marmara Sea. C'était la première fois que j'entendais ce mot, et je suis allé aussitôt sur Internet pour voir de quoi il s'agissait. Explications scientifiques, photos et vidéos de la Mer de Marmara, dont plusieurs se rapportant à Erdek, mais je ne connaissais pas ce lieu, à ce moment-là. Après avoir bien profité de Karabiga, j'ai mis le cap à l'Est, justement vers Erdek, sans me souvenir de ce que j'avais lu trois jours auparavant.

Je vous emmène sur Sabay Dii pour cette courte balade à la voile (23 milles nautiques), par petite brise et grand soleil, comme souvent en Mer de Marmara à cette époque.

A mi-chemin entre Karabiga et Erdek. Rien à signaler si ce n'est la couleur du ciel et de la mer. On se croirait dans le Pacifique.

A l'approche d'Erdek, des grumeaux de morve de mer deviennent de plus en plus nombreux et denses.


A deux milles nautiques de Erdek, la situation devient vraiment critique.

D'un coup, je fais le rapprochement entre ce petit port, objectif de ma courte navigation, et la ville infestée par le mucilage, dont j'ai vu des images sur Internet. Mais finalement, l'endroit où je mouille vers 18 heures n'est pas vraiment dégoûtant. Je m'occupe, comme à mon habitude, de ranger le bateau. Un repas rapide, et la nuit est déjà tombée. Je verrai bien demain, à quoi ressemble Erdek.

Erdek, dans le calme du petit matin. Rien à voir apparemment avec les images que j'ai vues.

Je quitte Sabay Dii en annexe, pour aller faire un tour en ville. Et quelle belle ville ! Comme beaucoup de villes turques d'ailleurs, avec comme souvent un grand domaine piétonnier, ici une grande avenue en bord de mer.

Comme très souvent en Turquie, les voitures sont interdites en bord de mer. Place aux piétons.

Restaurants, bistrots, avec partout des bancs sous les grands arbres, pour prendre le frais.

Et comme partout en Turquie, des jeux pour que les enfants s'amusent pendant que les parents discutent sur les bancs.
 
La promenade littorale s'étend de part et d'autre de la ville. Ici, son extension vers le Sud et la grande plage.

Sabay Dii est une fois de plus seul, à quelques brasses de la belle avenue littorale.

La ville est assez sympa, avec des rues commerçantes très animées par les locaux, car le tourisme n'a pas encore fait de ravages en Mer de Marmara.

Le traditionnel "dürüm dôner kebab" est servi avec le verre d'ayran (yaourt à boire) et avec le sourire pour 15 lires turques (1,5 €). Un régal très bon marché comme toute la nourriture en Turquie non touristique.

Après avoir dévoré mon kebab, je suis parti me balader vers le petit port de pêche, un peu en sommeil à cause des décisions gouvernementales limitant toutes les activités halieutiques, en raison de la prolifération de ce satané mucilage

En attendant de repartir en mer (mais quand ?), les pêcheurs raccommodent leurs filet tranquillement.

Le mucilage est bien là, mais pas omniprésent, comme le montraient les journaux, une semaine plus tôt.

Je suis allé ensuite marcher le long de la voie piétonne littorale, d'abord côté Nord, où le spectacle n'est pas réjouissant.

Au Nord de la ville, la promenade littorale est bordée d'une bande épaisse de mousse visqueuse de plusieurs mètres de large.

Et côté Sud, vers la grande plage de la ville, ce n'est pas mieux. Mais cela n'empêche pas certaines personnes de venir prendre un bain .... de soleil, toute baignade étant inconcevable vu le désastre.




Vous vous doutez bien que je n'ai pas trop hésité à quitter la jolie ville d'Erdek pour aller voir ailleurs, en espérant ne plus retrouver cette abominable morve de mer. Cap sur les îles de l'archipel de Marmara, situé au Nord et à l'Ouest de la très grande presqu'île d'Erdek.

Partie occidentale de la Mer de Marmara

 

L'île la plus proche s'appelle Paşa Limanı Adasi. A peine quelques milles nautique à parcourir pour atteindre le petit mouillage que j'avais repéré sur mes cartes.

 

 

 

Je vous embarque à nouveau sur Sabay Dii pour ce petit trajet dans des conditions météorologiques encore idéales. 

Salut Erdek

Paşa Limanı Adasi est vraiment très proche à une heure de navigation maximum.

Aie aie, que vois-je ?

Le mucilage est partout, formant une couche de plusieurs centimètres d'épaisseur.



Devant Sabay Dii ...

... et derrière !

Mais qu'est-de que je suis venu faire ici ?

C'est la question que m'avait posée un copain turc qui a son bateau à Finike, et c'est effectivement la question que je me suis posée ce soir-là, en approchant de
Paşa Limanı Adasi.

Mais, contrairement à cette première vision repoussante de la Mer de Marmara, cette croisière fut une véritable réussite, et aujourd'hui, de retour vers Finike, je me dis que j'ai vraiment eu une excellente idée de venir passer presque un mois et demi en Mer de Marmara. Vous allez bientôt comprendre pourquoi.

Rendez-vous donc très prochainement pour connaître la suite de cette croisière enchanteresse mais qui a démarré sous de fâcheux auspices.