Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 28 juillet 2023

Allons à Messine ...

Aujourd’hui, 27 juillet 2023, Sabay Dii passe le détroit de Messine, après une belle traversée de la mer Ionienne. Charybde et Scylla m'attendent au tournant.

Je continue ma course contre la montre. Plus de détails et des photos plus tard.

lundi 24 juillet 2023

Banzaï

Sabay Dii a été remis à l'eau lundi 17 juillet et au petit jour du 18, il était déjà en train de naviguer.

Départ 5h30 pour rejoindre l'île de Psara, à 70 milles nautiques au SW de Lesbos.

Sur ce parcours, j'ai eu pratiquement tous les temps que l'on peut avoir en Mer Égée :

  • Dès le départ, 20 nœuds de vent du Nord, classique. Mais ce qui l'est moins, c'est qu'à 7 heures du matin, pas loin de Mythilène, on ait des claques à plus de 40 nœuds. De quoi se faire bien réveiller, surtout quand on reprend la navigation !
  • Puis de la pétole, sans un souffle d'air ... suivie d'un vent de Sud, complètement improbable en cette saison et absolument pas prévu par la météo.
  • Et pour finir, un gros coup de Meltem, le vent du Nord qui sévit en été en Mer Égée, prévu par contre par les services météorologiques grecs, et qui s'est annoncé préalablement par une houle de Nord-Ouest
  • Ensuite, à mesure que j'approchais de Psara, le vent s'est régulièrement renforcé, levant une mer chaotique, voire brutale par moments.
  • Finalement, l'arrivée à Psara s'est faite par 30 kt établis avec des vagues dépassant par moment 2 m, dont deux sont passées sur le pont de Sabay Dii.

Bref, une entrée en matière variée mais surtout musclée sur la fin de la journée. En passant vers 18 h sous le vent de Psara, je n'étais pas mécontent d'en finir avec cette grosse (et première) journée de mer.

Enfin Psara, et une mer calme !

Psara est une île rocheuse, un gros cailloux acéré planté au beau milieu de la mer Égée.

Sous le vent de Psara, en approche du mouillage.

Le mouillage d'Ormos Limnos, au Sud de Psara, bien calme.

Après un repas léger et une nuit de repos, départ avant le lever du jour, pour attaquer la seconde journée, l'objectif étant Kastri, un des rares abris au Sud-Est de la grande île d'Evia, en cas de Meltem. Encore une longue étape de plus de 70 milles nautiques, au programme.

La matinée fut bien agréable avec un bon vent de Nord de 20 kt de moyenne, et une mer apaisée, comparée à celle de la veille. Donc, des conditions idéales pour rejoindre au largue un abri situé au SE.

Commentaire de mon ami Jean-Claude sur cette vidéo : deux pieds marins comptent bien 10 orteils !

 
Tout s'est très bien passé jusqu'à ce que j'arrive dans le détroit de Kafireas, qui sépare Evia au Nord et Andros au Sud. Le trafic maritime y est intense, les cargos se suivant au rythme d'un toutes les 10 minutes.

Là, sans crier gare, le vent est passé en moins de deux minutes de 20-25 nœuds à plus de 35 avec des claques dépassant les 40 nœuds. Voyant la mer au vent devenir blanche, je me suis dépêché de rentrer le génois pour le remplacer par la trinquette, mais ce coup de vent fut si soudain que je n'eus pas le temps de rouler complétement la voile et que le bas de mon génois se déchira. Grrrr !

Heureusement, je n'étais qu'à 5 ou 6 milles de Kastri, où je comptais bien trouver un mouillage calme et bien protégé. Mais en réalité, le vent y soufflait violemment à plus de 30 nœuds, avec des changements soudains de direction. Le mouillage de l'ancre fut donc très sportif, d'autant qu'il me fallut m'y reprendre une deuxième fois, après une belle glissade de 100 m. Heureusement cette seconde tentative fut la bonne. Néanmoins; le vent restant très fort une bonne partie de la nuit, je n'ai pu dormir que d'un œil.
Kastri

Le mouillage de Kastri

 

 

 

Après ces deux journées intenses de navigation dans beaucoup de vent, me voila le 20 juillet, à 5 heures du mat à peine. C'est tôt, surtout après une nuit courte et peu reposante. Je lève l'ancre dans la lumière blafarde de l'aube. Il y a du vent, mais enfin raisonnable ; le bulletin prévisionnel annonçait une journée de pétole, et mon objectif en tient compte, puisque j'ai prévu d’aller jusqu’à Sounio, à une trentaine de milles nautiques de Kastri, seulement.

Petit cap au Sud de Kastri.

Cette journée devait me faire pénétrer le Golfe Saronique dont Sounio et son cap marquent l'entrée Sud-Est.

 
Le fait de partir de très bonne heure me permit d'avoir plus d'air que prévu, et vers midi, je passais au large du Cap Sounio. Vous vous doutez bien que je n'allais pas m’arrêter en si bon chemin. J'allais même doubler la mise, en rejoignant l'île d'Angistri, au beau milieu du Golfe Saronique.
Un golfe Saronique au fond duquel se trouve Athènes et où l'on croise toutes sortes de navires 



 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je dois avouer que pour arriver avant la nuit à Angistri, j'ai du faire un peu usage du moteur. Mais au bout de cette très longue journée, j'arrivais dans un mouillage comme on en trouve peu en Grèce. Un immense plateau sablonneux, peu profond, et sans vent. L'idéal pour passer une nuit réparatrice.
 

 
Un petit plouf dans de l'eau à 30°C suivi d'une douche rapide sur le bateau. Une salade grecque maison, et au lit. En fait de lit, ce fut une nuit sur le pont, sans matelas mais avec un oreiller, une nuit à la fraîche. 30°C quand même, mais presque 10 degrés de moins qu'à l'intérieur de Sabay Dii où régnait une chaleur infernale, conjugaison d'une canicule exceptionnelle sur toute la Grèce et de l'usage tout aussi exceptionnel du moteur.
Au bout de ces trois longues journées de navigation, je me retrouvais ainsi à moins d'une vingtaine de milles nautiques de l'entrée du Canal de Corinthe, et avec une journée d'avance sur mon programme prévisionnel.
Le 21 juillet, comme le jours précédents, j'étais sur le pont, fin prêt, bien avant le lever su soleil, avec encore plus d'excitation que d"habitude, car j'arrivais à un moment clé du voyage, le passage du Canal de Corinthe que j'avais vu, mais d'en haut lorsque j'étais venu en vacances en caravane avec mes parents, à l'âge de 12 ans. Seule déconvenue, l'absence totale de vent ...
 
L'entrée du Canal de Corinthe est sur la droite, à moins de 20 milles nautiques, mais pétole absolue.

Donc moteur, pour avancer un peu, en espérant être à l'entrée avant 11 heures du matin.


 
Le vent va se lever un peu en cours de matinée et j'arrive en temps voulu à l'entrée du Canal, pour faire les formalités et payer le droit de passage (200 € environ).
 

Le Canal de Corinthe n'est pas très long, à peine 3,2 km, ce qui fait qu'à raison de 6 nœuds minimum imposés par les autorités, on met à peine 20 minutes pour faire la traversée. Il n'est pas large non plus, 25 m, et le tirant d'eau maximum autorisé est de 6,5 m.
Les parois de calcaire dans lesquelles il a été creusé s'élèvent à 79 m au-dessus du niveau de la mer au point le plus élevé. Problème : le calcaire s'effrite avec le temps et les éboulements se produisent depuis quelques années imposant des travaux qui bloquent le trafic. Heureusement, cette année, il est ouvert depuis le premier juin. Ouf ! Car le fait de l'emprunter permet de court-circuiter tout le tour du Péloponnèse. Un sacré raccourci ! Les anciens le savaient, et depuis l'Antiquité, on tirait les bateaux à travers l'isthme d'abord sur un chemin de bois pour le roulage des navires, puis plus tard, sur une route pavée, dont on peut encore voir les traces sur la rive Nord. Les bateaux étaient posés sur des bers qui étaient non pas tirés par des attelages, mais par des cordages entraînés par des contrepoids. Incroyables d'ingéniosité, ces Grecs anciens !
Les romains firent divers projets de canal, mais seul Néron commença le creusement, ou plutôt fit commencer le creusement par 6000 juifs, mais le soucis d'une insurrection en Gaule fit abandonner le projet jugé trop cher
Inspirés par le succès de l'ouverture en 1869 du Canal de Suez, le projet de l'actuel canal se dessine mais il faudra attendre 1882 pour que les travaux commencent, après de nombreuses vicissitudes politiques et financières, pour ne finir qu'en 1893, soit beaucoup plus tard que prévu à cause de difficultés techniques insoupçonnées.

undefined
 
Aujourd'hui, tout fonctionne au poil, mais c'est une circulation alternée. Donc à chacun son tour. Étant arrivé dix minutes trop tard, j'ai raté le bon convoi. Il va me falloir attendre presque une heure.

 
Vers midi, le convoi de sens opposé est annoncé : trois énormes superyachts et un voilier.
Je dois me préparer. Yes !
Les voilà qui passent ...
 

Celui -ci, appelé modestement "Zeus" fait plus de six fois la longueur de Sabay Dii !

Je préfère mon joli petit Sabay Dii au monstre de 1150 tonnes de Monsieur Christodoulou !

Les monstres sont passés. Sabay Dii et son capitaine sont prêts. En route !

Pas facile de barrer et de filmer en même temps !.




Zone d'éboulis. On refait les parois, en grand !

Déjà la sortie ?

Et oui ! Me voilà à présent dans le très grand Golfe de Corinthe.


Suite à la traversée du Canal, je continue à naviguer dans des airs légers. Vers 19 heures, j'arrive à un mouillage que j'avais repéré, Ormos Andreas mais après avoir pris un bain et mangé, je décide de repartir car l'endroit, bien que joli ne me plait pas. Je suis pourtant le seul dans cette petite crique, où seuls quelques baigneurs sont venus avec leur voitures pour camper quelques jours. Mais mon nez de marin n'est emballé ni par la nature du fond (beaucoup d'herbes), ni surtout par le vent qui semble vouloir passer à l'Est, me laissant très peu d'espace du côté plage. 
Me fiant à mes intuitions, je repars avant la nuit et navigue à la voile jusqu'à deux heures du matin. Le vent tombant, j'affale les voiles et me laisse dériver deux heures. Entre temps, j'ai pu prendre la météo du côté de l'Italie qui n'est pas bonne pour les prochains jours. Il va falloir que je temporise.
Je prends donc la décision d'aller mouiller à Panormos et d'y rester 24 heures pour bien me reposer, après ces journées intenses à répétition.
Ce n'est donc que le 23 juillet que je remets les voiles pour rejoindre Patras, y faire le plein de nourriture, régler quelques petits soucis techniques (réparation de mon génois, réglage du régulateur d'allure, etc.) et faire ce superbe blog que vous êtes des millions à lire, tous les soirs avant de vous coucher.

Mais pour arriver à Patras, il faut avant passer sur un pont suspendu qui fut et demeure la fierté des Grecs, pont qui sépare le Golfe de Corinthe à l'Est de celui de Patras, à l'Ouest.
 




Sabay Dii est maintenant sagement amarré dans le port de commerce de Patras, en plein centre-ville. 
 
 
Demain je pars pour la grande île de Céphallonie, dernière étape grecque de mon périple. C'est là que je vais attendre le bon moment pour traverser la Mer Ionienne, probablement jeudi 27 dans la nuit.
Date probable d'arrivée en Italie samedi après-midi, si tout se passe comme je le prévois.

Donc, rien de nouveau jusque là !

lundi 17 juillet 2023

Sabay Dii a enfin retrouvé son élément

 

Après 10 mois passés sur un parking, Sabay Dii a retrouvé son élément préféré, l'eau. Du coup, je ne résiste pas à l'envie de partir et vais sortir de la marina pour aller dormir au large avant d'entamer une très longue navigation.

D'abord, la traversée de la Mer Égée.

Des nouvelles quand je reverrai la terre de près.

dimanche 16 juillet 2023

Sur le départ

Le nouveau safran vient de recevoir son traitement (déglaçage, puis 2 couches de primaire inter-couches et quatre couches d'antifouling). J'ai mis les nouvelles rotules dans les paliers. Il ne reste plus qu'à remettre le safran en place.

L'opération est programmée pour ce lundi (17 juillet) à 8 heures, en espérant qu'il n'y aura pas trop de vent, car cela empêcherait de gruter le bateau. Dans la foulée, si tout se passe bien, on met le bateau à l'eau. 

L'expert des affaires maritimes sera présent pour donner son "accord au droit de libre pratique", ce qui signifie que je pourrai repartir, et j'ai hâte. D'autant plus qu'après deux mois sans vent et de probables calmes en fin de semaine prochaine, on annonce du Meltem de mardi à jeudi. C'est un vent de Nord fort à très fort, mais c'est pile ce dont j'ai besoin pour descendre au Sud Ouest.

Départ de Mythilini sur l'île de Lesbos, tout près de la Turquie.

J'ai un sacré bout de chemin à parcourir avant d'arriver à Port-Leucate où Sabay Dii devrait être mis sur un camion en partance pour La Rochelle fin août - début septembre.

D'abord je dois traverser la Mer Egée.

De Mythilène au Cap Sounio.

 

Ensuite, il me faudra traverser le Golfe Saronique, souvent sans vent.

Du Cap Sounio au canal de Corinthe, c'est le Golfe Saronique

Puis ce sera le grand moment du passage du Canal de Corinthe, en espérant qu'il ne sera pas fermé pour cause d'éboulements, comme cela s'est souvent produit ces dernières années.

Le Canal de Corinthe

Et puis ce sera le long Golfe de Corinthe orienté Est Ouest et où je risque d'avoir du vent dans le nez. Il me faudra ruser en allant chercher les brises thermiques le long de la côte Nord.

Golfe de Corinthe

Ce sera ensuite la longue traversée de la Mer Ionienne qui sépare Grèce et Italie. ... en espérant des vents de secteur Nord.

De la Grèce à l'Italie

Arrivée en Sicile, j'aurai fait seulement la moitié du trajet, car il me reste à rejoindre la Sardaigne, puis la Corse et enfin la côte française pour la longer, jusqu'à Port-Leucate. A moins d'être court en temps et devoir faire le passage direct de la Sardaigne à la Côte vermeille.

De Mythilène à Port-Leucate

Cela fait beaucoup de milles et surtout beaucoup de temps de veille (de jour et de nuit) dans une zone de navigation particulièrement fréquentée, car je risque d'avoir souvent de la calmasse. Mais c'est toujours mieux que d'avoir une tempête comme celle qui s'est produite en Méditerranée, l'an dernier, en août, pendant laquelle les vents ont soufflé à plus de 250 km/h, causant de très nombreux naufrages.

Comme d'habitude, je serai très vigilant. Donc le seul risque de cette navigation pourrait être que je sois en retard à Port-Leucate. Mais comme je m'y attends un peu, vu l'énorme retard pris sur mon programme à cause de l'incroyable retard qu'a pris la fabrication du safran, j'ai fait le plein de gazole et suis prêt à déroger à mon grand principe de navigation exclusive à la voile. Donc, si Éole s'obstinait contre moi, je n'hésiterais pas, pour une fois, à faire appel à la brise Volvo.

Ne le répétez surtout pas !


vendredi 14 juillet 2023

Le safran est enfin arrivé

Il devait arriver début avril, puis fin avril, puis mi-mai, et ainsi de suite ... Commandé en janvier, ce très désiré safran vient enfin de m'être livré à Lesbos... on est mi-juillet !

C'est un sacré engin de 80 kg, long de près de trois mètre (son voile fait 1,8 m et sa mèche 1,2m). Il est tout beau, tout blanc, parfaitement profilé et son axe est fait d'un excellent acier inoxydable de quaité marine, évidemment, qui brille comme du vif argent.

Il a été livré avec les accessoires indispensables que sont les rotules qui, placées au niveau du pont (palier supérieur) et au fond de la coque (palier inférieur),  lui permettent de tourner sans se coincer, malgré les forces énormes qui peuvent s'exercer sur lui, en navigation, mais aussi à l'échouage car, ne l'oublions pas, mon bateau est prévu pour pouvoir se poser sur ses trois pattes que sont ses deux quilles et son safran.

Je vais donc enfin pouvoir penser à mon départ de Grèce !

Il me reste néanmoins à le mettre en place, ce qui devrait être fait lundi prochain (17 juillet) à l'aide d'une énorme grue pour soulever le bateau très haut et d'un engin pneumatique pour soulever le safran très progressivement à l'intérieur des deux paliers et du tube (tube de jaumière). Heureusement les copains sont là pour me filer un sacré coup de main pour cette opération qui nécessite d'être en même temps, sous, dedans et sur le bateau.

Mais avant cela, j'ai exactement deux jours pour préparer le safran. La première chose à faire consiste à déglacer le gelcoat par un léger ponçage. Puis je dois reboucher au mastic époxy une petite cavité du à un choc du safran pendant son transport.

Le sabot du safran est ébréché sur le côté. Il faut le reboucher de façon étanche.
 
Dans la foulée, je vais passer quatre couches d'un primaire époxy qui devient très dur après polymérisation (International Interprotect) sur la surface inférieure de ce sabot, car c'est elle qui va être soumise au risque de poinçonnement quand le bateau reposera sur ses trois pattes

Ensuite, il me reste à passer partout deux couches d'un primaire d'accrochage (International Primocon) qui favorise la bonne adhérence de l'antifouling (deux couches de Jotun Seaforce 90).

En espérant que tout va bien se passer lundi, car je suis vraiment impatient de larguer les amarres.