Vientiane / Mekong

Vientiane est une ville blottie dans un coude du Mekong.

Un coude sujet à l'ensablement. On peut y observer de magnifique couchers de soleil, et dès que le niveau de l'eau baisse, l'inévitable banc de sable devient le lieu idéal de promenade, de rencontre et de jeu.

Alors vous imaginez pour le Pii May ...

On y construit des statues monumentales en sable

 On vient y festoyer, et rigoler en famille ou entre amis, les pieds (et parfois beaucoup plus) dans l'eau.

Pendant un an, je suis allé tous les soir voir le coucher de soleil sur le Mekong, sans jamais m'en lasser.

Les laotiens savent faire la fête

Comme je vous l'ai dit, le Pii May, c'est-à-dire le nouvel an lao, est à la fois une fête religieuse pour avoir une année de félicité, une fête traditionnelle pour obtenir de bonnes récoltes de riz, et une fête populaire pour bien s'amuser.

Et tout cela sous le signe de l'eau.
Pendant cinq jours, il est absolument impossible d'échapper aux seaux d'eau, aux lances à incendie, et aux pistolets arroseurs, surtout si vous vous déplacez dans Vientiane à moto ou, comme moi, à vélo.
Dans les rues, on commence par installer des piscines gonflables pour les enfants, mais qui serviront aussi et surtout de réservoirs pour les plus grands.

La preuve ...

Et puis on passe à une autre échelle avec des camions citernes et des lances à incendie

Pour un étranger, il est bien difficile d'imaginer une capitale où tout le monde balance de la flotte sur tout le monde, et cela dans la plus incroyable bonhomie.

Mais ces images ne vous donnent évidemment aucune idée du niveau sonore de la rue. Alors sachez que pour ceux que les décibels effrayent, ou pour ceux qui veulent dormir avant 2 heures du matin, la seule solution est de quitter la ville, et de façon générale toutes les agglomérations du pays, car pour Pii May, tout le monde met la musique à fond. Certains équipent spécialement leur pick-up de haut-parleurs étanches de plusieurs milliers de watts. Tous les lieux de consommation s'y mettent aussi. Ajoutez à cela un gigantesque concert continu organisé en plein centre.

Enfin sachez que si l'eau inonde toutes les rues de la ville, la bière aussi coule à flot.

Alors, évidemment, il y a de nombreux accidents de la circulation.
Mais aucune bagarre comme dans nos fêtes.
Eh oui ! C'est le Laos !

ປີໃໝ່

ປີໃໝ່ = Pii May

Le Nouvel An Lao appelé Pii May est célébré chaque année, généralement entre le 13 et le 16 avril. Il s'agit d'une fête liée au bouddhisme theravada (ou bouddhisme du petit véhicule), c'est-à-dire le bouddhisme le plus traditionnel qui soit, et dont le Laos constitue le "conservatoire" notamment grâce à son extraordinaire cité de Louang Prabang. Ce nouvel an est aussi célébré au même moment en Birmanie (Thingyan), au Cambodge (Chaul Chlmam), en Thaïlande (Thingyan) et chez les Dai du Yunnan.

Cette fête qui dure plusieurs jours est celle de l'eau et correspondant au moment le plus chaud de l'année, peu avant le début de la saison des pluies qui vont remplir les rizières. C'est donc aussi un rite agricole. Comme vous allez le voir sur mes photos, Pii May est à la fois un moment de recueillement intense au voisinage des pagodes, un prétexte pour toutes sortes de rassemblements et de rencontres (concerts, tir de fusées, processions d'éléphants, etc.), mais aussi un exutoire incroyable dans les rues, notamment à Vientiane, la capitale du Laos.

D'abord, recueillons-nous ...

Pii May est avant tout une fête religieuse. C'est l'occasion pour les bonzes de sortir des innombrables pagodes qui jalonnent la campagne et toutes les cités du Laos, les reliques et les statues les plus sacrées. Au son des litanies scandées à longueur de journée par les moines, toute la population vient avec son seau d'eau parfumée pour arroser de quelques gouttes tout ces objets saints.

Ce geste répété des centaines de fois pendant le nouvel an, en signe de vénération, est sensé porter bonheur et félicité à l'arrosé comme à l'arroseur (surtout des pluies abondantes qui garantissent une bonne récolte de riz). Une forme de communion, en somme, entre Bouddha et les humains.

Mais ce geste de l'aspersion est beaucoup moins codifié que ceux des autres religions; et j'ai vu cette année des personnes d'un âge mur arroser les statues avec un ... pistolet à eau. C'est la modernité.

Ce rite sacré de l'aspersion porte-bonheur n'est pas limité à la sphère religieuse. Loin s'en faut. C'est même devenu le sport national pendant Pii May. Impossible de circuler en vélo ou en moto sans recevoir en pleine figure de pleins seaux d'eau. Dans les rues de Vientiane, ce sont des batailles rangées de jeunes armés de bassines, de pistolets à eau, de lances d'arrosage qui transforment la ville en véritable Aqualand.

ຍິນດີຕ້ອນຮັບປະເທດລາວ

ຍິນດີຕ້ອນຮັບປະເທດລາວ = Bienvenue au Laos

Six ans que je n'étais pas retourné au Laos, ce pays où j'ai eu la chance de vivre et de travailler avec des gens incroyables qui m'ont laissé un souvenir merveilleux.

C'est donc, évidemment, avec une joie immense que je suis retourné cette année à Vientiane pour fêter Pii May (le nouvel an laotien) qui se déroule sur 5 jours au mois d'avril.
L'occasion idéale pour retrouver nombre de mes amis : Thong et Venkeo, Khamla, Sometip, Joy, Jean-Paul et ses deux magnifiques enfants Rebecca et Francis, Songka, Soukanda, Songsay, etc....
A peine étais-je arrivé dans mon ancienne rue, qu'on est venu m'accueillir chaleureusement. Khamla qui pendant un an m'avait préparé de succulents nam mak may (jus de fruits frais) m'en a offert un de bienvenue, geste attentionné mais aussi habile prétexte pour me garder quelques minutes, le temps de se procurer un téléphone portable qu'elle me prêtera pour que l'on puisse me joindre pendant mon séjour. Quand je vous dis que les laotiens sont incroyables.

Khamla au milieu de ses noix de coco

Même accueil de la part de Joy, une chouette fille toujours souriante et de bonne humeur, qui m'avait fait découvrir plein d'endroits sympathiques lors de mon séjour, et qui prépare toujours des sandwichs au goût incroyable.

Après avoir repris mes quartiers chez Thong et Vzenkeo qui m'avaient hébergé pendant un an, j'ai vite sauté dans un tuktuk ...

pour retrouver mon ex-collègue et surtout mon vieux copain Jean-Paul

Avec mon pote Jean-Paul

Francis, Rebecca et Jean-Paul

qui a fait sa vie au Laos où il a bien du passer un demi-siècle, et fait deux charmants enfants, mi-lao-mi-farang, Rebecca alias Minie et Francis alias Mickey

Des retrouvailles fort sympatriques.

J'ai aussi pu récupérer mon vieux vélo que j'avais confié à Jean-Paul le jour de mon départ, ce qui m'a permis de me balader un peu partout pendant une grosse semaine à Vientiane.

J'ai ensuite contacté quelques uns de mes anciens étudiants qui sont aujourd'hui de remarquables professeurs de mathématiques, mais dont certains ont gravi les échelons à toute vitesse. C'est ainsi que Songka est devenu inspecteur au Ministère de l'Education, où il occupe un poste-clé pour tout ce qui concerne la coopération internationale et notamment l'aide de la Francophonie. Et bien sûr, Songka s'est empressé de venir me cherche pour m'emmener chez lui, dans sa petite maison toute jolie perdue au milieu des rizières.

Bien sûr, Songka avait prévu de m'accueillir à la laotienne, c'est-à-dire avec des amis pour partager un repas traditionnel et bien arrosé, en toute décontraction et cordialité. Encore un super moment que je ne suis pas prêt d'oublier

Songka et deux de ses amis

Avec Monsieur l'Inspecteur !

Songka, sa femme, Songsay (un autre ex étudiant) et son fils

Le père adoptif de Songka et son magnifique jeune taureau

Au Laos, même dans des maisons modernes, on fait la cuisine dehors et au charbon de bois

Du lap pet, plat traditionnel succulent fait de canard grillé et haché avec des herbes aromatiques.
Ce que vous voyez dans l'assiette ne vous est pas inconnu. C'est l'un des canards qui couraient un peu plus haut dans cet article.
Miam miam !!!

et pendant qu'on ripaille et qu'on rigole, les enfants courent dans la rizière, armés de ce que vous allez voir un peu partout dans les images de Vientiane, à savoir le pistolet à eau. Vous comprendrez bientôt à quoi je fais allusion.

Et puis il y eu le repas avec mon professeur de lao et ami Somthip, sa soeur et son frère.

Et puis il y eu cette invitation de Soukanda,pendant laquelle nous avons discuté à bâtons rompus de l'ancien temps et du dur travail de professeur au lycée de Vientiane.

Et puis, et puis 

...

Bref une formidable semaine, pleine de joie et d''émotion,

Comme toujours au Laos