Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mercredi 30 décembre 2020

Ainsi font font font, les petites marionnettes*

A la suite du précédent message où vous pouviez me voir à la sortie de la clinique, dans un triste état, vous avez été nombreux à m'envoyer un petit message (via le courriel, le téléphone ou whatsapp) pour prendre des nouvelles de ma (ou mes) main(s).

Alors, regardez cette vidéo qui vous montre ma main droite, cinq semaines après l'opération.

Incroyable, n'est-ce pas ?

Qui dirait que dans cette "mimine", on a tranché dans la viande (par le dessus, donc aucune trace du côté intérieur que je vous ai montré), coupé puis recousu quelques nerfs, tronçonné et enlevé une partie ou la totalité de certains os, viré des cartilages, etc., et remplacé tout cela par de solides pièces de titane articulées entre elles par de jolies rotules parfaitement polies et rodées, l'ensemble étant reconnecté à mes tendons et ligaments ? De la belle mécanique qui a l'air de marcher au poil.

Pour ce qui est de la mobilité, en tout cas, tout semble parfait. Dans les prochaines semaines, je vais progresser dans le contrôle de mes mouvements, et d'ici le mois de mars, je devrais avoir retrouvé toute ma force ; donc être paré pour hisser les voiles, border les écoutes, embraquer les winchs, ..., et tout cela à pleine main, pour repartir naviguer.

En tout cas, j'ai déjà le grand bonheur de ne plus avoir mal à cette main droite qui m'en faisait baver depuis plusieurs années. Mais ce bonheur retrouvé me fait réaliser à quel point ma main gauche est douloureuse aussi. En tout cas, maintenant, je pourrai la mettre un peu au repos avant une probable opération dans un avenir relativement proche

Me voilà donc mécanisé et inoxydable ! Du coup, je vais pouvoir re-tapoter les touches du clavier de mon portable pour réalimenter mon blog. Je n'ai à présent plus d'excuses.

Aïe, aïe, aïe !

* "Ainsi font font font, les petites marionnettes" sont les paroles d'un air traditionnel qu'on chante en faisant tourner ses mains cachées sous des marionnettes, pour endormir les enfants.

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mardi 15 décembre 2020

Le Capitaine Crochet devrait bientôt embarquer sur Sabay Dii

 

 
Tout le monde connaît Peter Pan, un fabuleux personnage créé il y a plus d'un siècle (1902) par l'écrivain écossais J. M. Barrie pour son roman The Little White Bird (Le Petit Oiseau Blanc). Difficile d'imaginer à l'époque que ce petit bonhomme au caractère très particulier allait traverser les décennies et peut-être les siècles, avec toujours le même attrait magique. Et pourtant ...

Quelques mois à peine après sa publication, le très original roman est adapté au théâtre dans la pièce du même nom, puis dans la pièce Peter et Wendy (1904), plus connue sous le titre Peter Pan. Vu son succès, le roman sera republié (1911). Le personnage et l'œuvre vont ensuite être adaptés un nombre considérable de fois au théâtre, puis au cinéma et au "dessin animé" (7 versions), à la télévision, ou encore à la bande dessinée (notamment celle de Régis Loisel).

 
Si le succès est tel, c'est que le personnage de Peter Pan est plus ambigu qu'il n'y paraît au premier abord. En effet, on retient souvent des productions inspirées du film d'animation de Walt Disney de 1953 (une excellente année) et s'adressant à un jeune public, l'image du petit héro qui n'a peur de rien. Mais Peter Pan n'est pas simplement un conte pour enfants. C'est aussi, inscrit en filigrane de l'image d'un Pays imaginaire merveilleux, un récit révélateur du syndrome de l'enfant qui refuse de grandir, syndrome qui d'ailleurs est aujourd'hui connu sous le terme de Syndrome de Peter Pan.

En y regardant de plus près, on s'aperçoit que le conte de Peter Pan est intimement lié au thème de la mort, symbolisée par le crocodile-horloge, et qui effraie aussi bien le Capitaine Crochet que Peter Pan qui n'hésite pas à tuer les enfants perdus qui "grandissent". En fait, c'est la  thanatophobie (peur de la mort) qui pousse Peter Pan à refuser de grandir.

Certains commentateurs (cf. Wikipedia) voient aussi dans Peter Pan "le thème de l'éveil de la sexualité chez Wendy, et les sentiments freudiens de Peter envers une figure maternelle, d'où ses sentiments conflictuels pour Wendy et la fée Clochette. Elles représentent chacune une femme idéalisée différente. On peut en fait déterminer au moins quatre archétypes inaccessibles à partir des personnages féminins : Wendy, Clochette, les Sirènes, et Lily." 

"Le livre met aussi en scène, et c'est l'une des premières fois dans l'histoire de la littérature, un franchissement de la barrière de la fiction, puisque Wendy et ses frères vont entrer dans un monde de conte où ils vont justement reconnaître nombre de personnages inventés par Wendy ; ce qui peut à la fois illustrer la lecture, où l'enfant lecteur peut s'identifier au héros d'une histoire et avoir le sentiment de rentrer à l’intérieur du livre, mais aussi une métaphore de la difficulté de l'auteur à quitter ce monde merveilleux et à ne pas se laisser dominer par lui. Ce monde apparaît en effet dominé par l'enfance : Peter veut rester un enfant pour toujours, et éviter les responsabilités de l'âge adulte, il s'enferme en quelque sorte dans le monde de l'enfance. Il adopte une attitude souvent tyrannique et hostile à toute forme d'autorité, ce qui permit à certains commentateurs d'obédience freudienne de parler d'un personnage sans surmoi. Le syndrome de Peter Pan tire justement son nom du refus conjoint de mûrir en s'insérant dans le monde des adultes, perçu comme trop conventionnel et de reconnaître le caractère 

Mais, soyez rassurés. Si j'évoque aujourd'hui le conte de Peter Pan. ce n'est ni pour vous faire un cours de psychanalyse, ni pour vous faire rêver du jeune héro de l’œuvre, de Wendy ni encore moins de la Fée Clochette. Non !

C'est pour évoquer le terrible Capitaine Crochet.

Et vous allez vite comprendre pourquoi. 

La première chose que l'on remarque chez le Capitaine Crochet, c'est qu'il a perdu la main gauche, avalée par un méchant crocodile. Or, apparemment, il semble être droitier, ce qui fait que ce handicap ne devrait pas trop lui poser de problème. Une main remplacée par un bel outil en métal pourrait même être un redoutable avantage. Non ?

 

Pas pour se frise la moustache, ni pour faire le malin !

Certainement pour se battre

Mais la question qui m'intéresse plus particulièrement est la suivante :
 
Est-ce un avantage ou un inconvénient
d'avoir une prothèse
pour manœuvrer un bateau ?

Car, ne l'oublions pas, le Capitaine Crochet est avant tout le capitaine d'un splendide bateau.

 
Et figurez-vous que le capitaine d'un autre bateau, Sabay Dii pour ne pas le nommer, va être mené de main de maître, à partir du mois de mars, par un capitaine ayant, lui aussi, une prothèse, mais de la main droite. Pas un vulgaire crochet en acier inoxydable, mais une très discrète prothèse en titane, bien cachée sous de la vraie chair. 

Eh oui. Fini d'en baver à manœuvrer mon beau bateau avec seulement trois doigts de chaque main. J'ai décidé de franchir le pas : l'insertion d'une prothèse pour retrouver à chaque paluche une pince pouce-index digne de ce nom. Opération de la main droite en novembre dernier, qui a l'air de s'être très bien passée. Mais comme il ne m'était pas facile de me débrouiller seul avec seulement trois doigts de la main gauche (qui aura sa prothèse l'an prochain), notamment pour rédiger un article de ce blog, il vous aura fallu attendre encore plus longtemps que d'habitude.
Aujourd'hui, même si cela m'est interdit, je pianote un petit peu au clavier avec les doigts pas concernés par l'opération.
Pour ceux qui se demandent ce que l'on peut faire seul avec seulement trois doigts d'une main malhabile, voici quelques suggestions à essayez
  • ouvrir une boîte de sardines (car il n'est pas raisonnable d'imaginer faire de la grande cuisine) ;
  • éplucher une mandarine (on oublie les gros agrumes, grenades, noix, noisettes, etc. et on se contente de pommes) ;
  • lasser ses chaussures (mieux vaut marcher avec des sabots pendant quelques semaines) ;
  • ouvrir ou fermer sa braguette de pantalon (à oublier, pour rester en survêtement) ;
  • fermer la fermeture-éclair d'une veste (surtout ne pas la défaire en rentrant chez soi) ;
  • prendre une douche sans se casser la figure ni se brûler (dur dur les robinets rotatifs) ;
  • ouvrir et fermer une porte à clé ;
  • se servir du touch-pad ou de la souris d'un ordinateur ;
  • écrire l'autorisation dérogatoire de sortie en période de Covid !
Mais le plus compliqué est passé et dans quelques semaines je devrais pouvoir commencer à utiliser ma nouvelle main droite. Et après une bonne rééducation, retourner en mars sur Sabay Dii pour le dorloter à une main et demie.