Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 26 novembre 2018

Préparation de Sabay Dii avant une très longue traversée

Après plus de trois mois et demi passés en France à profiter sans réserve (mais néanmoins sans honte) de ma famille et de mes amis, me voila de retour sur Sabay Dii pour le préparer minutieusement à l'une de ses plus longues navigations, une odyssée qui devrait le conduire de l'Asie du Sud Est à la Méditerranée.
Les eaux dans lesquelles il va glisser son étrave pendant plusieurs mois imposent de ne pas lésiner sur sa préparation. En effet, la plupart du temps, il sera impossible de faire une halte technique, soit parce qu'on sera trop loin de toute côte (comme au beau milieu du Golfe du Bengale ou de la Mer d'Arabie), soit parce que les côtes accessibles sont trop dangereuses, comme celles de Somalie ou du Yémen.
Images trouvées sur Internet au sujet des ports de la Corne de l'Afrique au lage desquels Sabay Dii va croiser.
En puis, dans cette région du monde, il ne faut pas se faire d'illusions ; la misère et le niveau de développement qui l'accompagne sont tels qu'il est impossible de faire la moindre réparation, ou de se procurer les moindres pièces détachées à cause notamment des embargos internationaux. Pour vous mettre dans l'ambiance, voici quelques images glanées sur Internet du deuxième plus grand port du Soudan : Port-Suakin.




Port Suakin fut l'un des plus grands ports négriers d'Afrique mais depuis la fin de la traite des esclaves,
il lest tombé en ruine
La règle est donc simple : préparer le bateau de façon à être pratiquement sûr de n'avoir aucune avarie pendant tout le trajet. L'exigence est d'autant plus grande qu'une partie du voyage va s'effectuer dans la Mer Rouge, qui est très "dure" avec le matériel à cause de sa très forte salinité et à cause des particules de sable portées par le vent en général et les tempêtes de sable en particulier. Ces deux facteurs concourent à l'abrasion rapide et intense de tous les matériaux extérieurs (voiles, câbles, poulies, cordages, etc.). En outre, le vent qui peut être très fort lève une mer hachée qui fatigue énormément le gréement et les structures du bateau.
Vent de sable : visibilité encore acceptable, mais on peut aussi avoir cela ...
Heureusement, ces phénomènes exceptionnels sont détectés rapidement par les satellites. Il faut donc disposer sur le bateau du matériel nécessaire pour avoir l'information très rapidement, dans une zone où les communications sont quasi inexistantes le long de la côte.
On voit bien sur cette image et sur les suivantes une tempête de sable traversant la Mer Rouge (Rded Sea)
Tempête de sable s'étendant sur plus de trois mille kilomètres en travers de la Mer Rouge
La préparation optimale de Sabay Dii demande plus que jamais beaucoup de temps (vérifier absolument tout avant de partir) et de gros moyens financiers (changer ou doubler tout ce qui pourrait paraître fatigué). Et pas question de lésiner avec mon beau bateau qui va avoir dix ans mais surtout qui a déjà parcouru à la voile l'équivalent de deux tours du monde.
Bien sûr, ce n'est pas à un ou deux mois du départ que l'on s'occupe de tout. L'anticipation est le maître mot du capitaine sérieux. Tous le gréement dormant (c'est-à-dire tout ce qui tient le mât) a été changé en mai. Les voiles sont pratiquement neuves. Je viens d'acheter une nouvelle centrale de navigation (B&G Zeus 3) avec sonar à balayage horizontal (ForwardScan B&G) pour doubler la centrale Navionics qui gère toute l'électronique de navigation du bateau. Achat aussi d'un hotspot satellite IridiumGo pour remplacer le téléphone Iridium dont la fiabilité est minable (3 combinés en 9 ans alors que ce matériel ne sert qu'une cinquantaine d'heures par an). On pourra ainsi récupérer la météo et communiquer avec d'autres bateaux, la famille et dans le pire des cas, envoyer un SOS (rires ...).
A cela il faut rajouter :
  • le guindeau que j'ai refait à neuf pour qu'il puisse encaisser une tension énorme de la chaîne de l'ancre au mouillage, un jour de tempête au mouillage ;
  • une annexe pratiquement neuve (elle n'a servi qu'une quinzaine de jours) et elle vient de recevoir un nouveau moteur hors-bord ;
  • un groupe électrogène tout neuf m'attend chez le marchand ; il devrait pouvoir me sortir de gros soucis électriques le cas échéant ;
  • une nouvelle éolienne et un hydrogénérateur neuf plus un autre de secours ;
  • un enrouleur neuf pour le génois et un neuf de rechange pour la trinquette ...
Ça, c'est pour le gros matériel, mais il y a aussi toutes les "bricoles" comme les poulies, les renvois, les rails, les winchs, ... que je passe en revue en ce moment et dont je change les pièces d'usure (réas, patins de glissement, etc.). Il faut aussi avoir un stock de pièces détachées pour le moteur Volvo (turbine de pompe à eau, courroie d'accessoires, filtres, etc.), une pompe à eau de rechange pour les servitudes, plein de matériel électrique, de plomberie, avec les outils qui vont avec.
Bref, malgré ce que certains croient parfois, naviguer ne rime pas avec improviser. Je n'ai donc pas le temps de m'ennuyer ni de rêver en ce moment.
Et je ne parle pas de la partie navigation, c'est à dire la préparation de la route à suivre. Mais ça, c'est fini (et je vous en reparlerai très bientôt). En effet, j'ai profité aussi de mon séjour en France pour télécharger un maximum d'informations (Merci aux copains qui ont fait la route avant moi comme Jean de Reskebil, Sarah et Mike de Soul, ...). J'ai aussi construit près de 300 cartes locales de la Mer Rouge, à partir de Google Earth, cartes au format kap que je peux exploiter avec mon nouvel ordinateur exclusivement réservé à la navigation.
Tout n'est pas fini, loin de là, mais le chantier avance normalement, et tout devrait être fin prêt pour le 20 janvier. Sabay Dii en frémit de bonheur. Sacré bateau !