Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

jeudi 22 août 2013

Toujours plus à l'ouest

Après un mois à explorer les diverses baies de Moorea, Sabay Dii a repris le grand large, toujours plus à l’ouest (150° W), en direction des Îles sous le Vent.
Voici un petit programme prévisionnel des prochaines explorations.

Du 15 août au 30 septembre
Îles sous le Vent (Huahine, Raiaeta, Bora-Bora, Maupiti)
Début octobre
Îles du Vent (Moorea et Tahiti)
Du 15 octobre au 20 novembre
Les Tuamotu
Du  novembre au 10 décembre
Îles du Vent (Moorea et Tahiti)

En ce qui concerne les Îles sous le Vent, voici l'itinéraire aller prévu ... (d'est en ouest, évidemment).

Ensuite, pendant l’été austral (de décembre à avril), il faudra savoir naviguer, tout en restant à proximité d’un abri sûr, car ce sera la saison des cyclones. Vous saurez tout de mes projets en temps voulu.

En attendant, vive l’alizé.

vendredi 2 août 2013

Moorea vs Tahiti

Après avoir passé quelques jours dans les environs de Papeete, à Tahiti,
Sabay Dii a rejoint, le 9 juillet, l"île voisine de Moorea,
accompagné pour ce petit déplacement,
de deux équipières Joëlle et Marie.
Na na (bye bye en tahitien) Tahiti
Ia orana (bonjour en tahitien) Moorea


Moorea se trouve en face de Tahiti.
Deux îles soeurs, mais bien différentes


A l'est Tahiti.
grande et très peuplée dans sa partie nord et ouest, avec Papeete, la capitale.
Tahiti, c'est le centre économique de la Polynésie, avec son port très actif où arrivent les touristes mais aussi et surtout tout ce qui se consomme ici, car la Polynésie ne produit pratiquement rien. Et c'est aussi de Papeete que repartent toutes les denrées et les personnes à destination des autres îles. C'est donc très animé et bruyant, encombré de voitures. Une véritable ruche.

A l'ouest Moorea.
Petite (134 km²) et peu peuplée (16000 habitants), avec très peu de circulation, excepté les dimanches où les jeunes sortent en scooter ou moto. Pas le moindre poteau électrique, tous les câbles étant enterrés. Une nature exubérante, sans ville, ni gros villages, mais un habitat dispersé s'étendant tout au long de la route littorale, avec, de ci de là, les pieds dans l'eau, de petites pensions et snacks, mais aussi trois très luxueux complexes hôteliers. Moorea est un site touristique international mais surtout un centre de villégiature où viennent se ressourcer les Tahitiens qui recherchent un peu de tranquillité, qui veulent fleimarder un week-end, ou plonger. Car bien que réputée, l'île de Moorea est très tranquille, les touristes venant de loin restant cantonnés dans leurs "international resorts" qui leur organisent leurs journées de A jusqu'à Z. Donc, rien à voir avec les plages françaises en été. Ici, même en pleine saison, on ne croise pas grand monde ni sur les rares plages minuscules, ni sur les routes, ni en mer.
C'est surtout la partie nord de Moorea qui est attractive, avec ses deux magnifiques baies jumelles, celle de Coock et celle d'Opunohu. C'est ici que se concentre l'activité touristique, les autres façades de l'île étant moins propices à la plongée, la balade, la baignade. Quant aux voiliers de croisière, on peut en voir Une cinquantaine, tout au plus, répartis essentiellement dans les quelques mouillages des baies du nord. Car, paradoxalement, cette île magnifique ne se prête pas très bien au cabotage, avec beaucoup de hauts-fonds interdisant l’accès aux endroits les plus beaux, ou au contraire de grandes profondeurs empêchant de se mouiller en sécurité. Mais c'est surtout un plan de gestion de l'espace maritime qui rend la vie du plaisancier compliquée, car ce PGEM interdit de se mouiller sur la quasi totalité du littoral, pour protéger les ressources naturelles fragiles de cette île-nature.
Arrivée dans la baie de Cook


et voici la baie de Cook vue d'en haut

Et voila la baie d'Opunohu


Photo Joëlle & Marie
Photo Joëlle & Marie
Photo Joëlle & Marie
Photo Joëlle & Marie
Photo Joëlle & Marie
Photo Joëlle & Marie
et puis voici les "resorts"


le lagon au nord de Moorea
Photo Joëlle & Marie
Photo Joëlle & Marie


Heimata le patron-pêcheur : encore une belle rencontre !

C’était un samedi. J’étais amarré à un ponton flottant, seul dans cette partie de la zone technique de Papeete située en face du terminal de pêche de Papeete. J’étais venu là pour bricoler tranquillement sur la coque de Sabay Dii pendant le week-end.
C'est alors qu’un bateau de pêche est arrivé. Comme je l’apprendrai par la suite, j’occupais son emplacement habituel où l’équipage avait pris soin d’installer de gros pneus pour protéger la coque de leur bateau en aluminium.
A peine amarré à une vingtaine de mètres devant moi, le capitaine est venu me voir. Non ! Ce n’était pas pour me reprocher de m’être mis à sa place ou pour me dire que je n’avais rien à faire dans ce coin. Pas du tout ! C’était tout simplement pour me saluer, et voir d’un peu plus près le drôle d’engin sur lequel j’avais dû faire pas mal de milles pour arriver jusqu’en Polynésie. Me voyant en train de bricoler les jambes pendantes entre le bateau et le quai, il s’est inquiété et m’a dit que mes pare-battages étaient trop petits et qu’il m’en aurait fallu de plus volumineux pour pouvoir travailler plus confortablement et surtout plus sûrement. A peine dit, j’ai vu arriver un de ses matelots avec un énorme para-battage blanc qu’il eut vite installé entre le ponton et Sabay Dii. Dix minutes plus tard, Heimata revenait avec Valéry (à gauche) et Moyemo (au centre) m'apportant un thon et de la glace pour remplir mon frigo.
 En deux minutes, il me l'avait vidé, nettoyé, débité, et enveloppé dans du film plastique.
Et ce n'était pas fini ! Je fus invité à partager tous leurs repas, et chaque fois, je repartais les mains pleines :
une fois avec le poisson séché qu'ils avaient préparé  pour leur consommation des prochaines campagnes
une autre fois avec une pleine bouteille de sauce de miti hue (du lait de coco fermenté dans lequel on fait mariner des chevrettes, une sorte de langoustines locales), ou avec la préparation concoctée par l'un d'eux. Une profusion de cadeaux (rostres d'espadon et de marlin, panier garni d'épicerie ...) dont il m'est impossible de faire la liste exhaustive, tant la générosité d'Heimata et de ses trois équipiers fut incroyable. Incroyable et qui aurait presque pu paraître suspecte, si l'on n'était ici en Polynésie, une terre de partage comme nulle autre pareille
Ce week-end, j'eu ainsi la chance de faire la connaissance de l'équipage du Mere-Na et de son capitaine, Heimata, le patron-pêcheur.

Un homme formidable, souriant, généreux, très curieux, et plein de bon sens, et un capitaine remarquable, constituant son équipage avec des jeunes nécessiteux, sachant être à la fois très exigeant envers eux et capable de les choyer à la moindre occasion. Un cocktail subtil qui m'a donné l'impression de rencontrer les plus heureux marins que j’ai vu à l’oeuvre.
Car je vais avoir l'occasion et la chance de découvrir leur travail dès le lendemain.
Heimata, arrivé à Papeete un peu en avance avait décidé d’attendre avec ses trois matelots, sur ce ponton flottant, l’ouverture de la criée du lundi matin. Nous passâmes donc le week-end en voisins, Heimata venant visiter mon petit voilier et me faisant faire la visite de son bateau de travail, un navire très moderne, construit en Polynésie pour faire de la pêche à la coréenne, c’est-à-dire en traînant une ligne incroyablement longue pour aller chercher les poissons des grands fonds…
Jugez plutôt :
  • d'abord une ligne de traîne de 4 mm de diamètre et de  ... 30 km de long (non, non ! Il n'y a pas un zéro de trop)
le treuil et la ligne de traîne
  • à laquelle sera accrochée, tous les 20 mètres, la bagatelle de 1700 pinces reliées à un hameçon avec une sardine en guise de boëtte, tout cela pendant que la ligne se déroule à la vitesse de 6 noeuds. Pour ceux qui n'ont pas envie de faire les calculs, cela fait 6 secondes pour prendre la pince et son hameçon dans le râtelier sans faire le moindre noeud avec toutes les autres, fixer la sardine, clipser la pince sur la ligne. Autant vous dire que pendant les 4 heures de déroulement de la ligne, les hommes n'ont pas le temps de chômer !
Le râtelier contenant les 1700 pinces et hameçons
  • Côté navigation, ce bateau ultra-moderne bénéficie de ce qui se fait de mieux en électronique, informatique et communication (Iridium avec Internet, MaxseaPro pour la navigation, Choper pour la météo en temps réel ...).
  • Et puis une salle des machines impressionnante avec un système de thermostatisation de la cuve à poissons très sophistiqué, permettant de maintenir le zéro Celsius à un demi-degré près.

La visite du bateau me conduira, bien évidemment à la cuve à poissons où était stockée la pêche de la campagne d'une dizaine de jours, soit 200 belles pièces : espadons, marlins, thons blancs et rouges (yellow fin), dorades coryphènes, et des poissons comme je n'en avais jamais vu, car sortis des grands fonds marins, comme ce magnifique "tamonatua" plus connu sous le nom de "saumon des dieux" :
Lampris guttatus
Un poisson aux goûts surprenants. Voici ce qu'en dit David Fauré, le chef du restaurant Aphrodite à Nice (voir son blog : http://aphroditenice.canalblog.com/archives/2010/08/12/18799340.html)
Trois types de chair, de goûts et de textures sur un même poisson.
Le cœur des filets ressemble à s’y méprendre à un magnifique cœur de filet de thon en plus moelleux.
Les joues (environ 20 cm de diamètre) et le bas des filets, après cuisson (je vous avoue qu’à cru je me suis demandé si cela allait être comestible) ni plus, ni moins un bon morceau de vrai cochon avec la peau aussi croustillante que de la couenne, une couche de graisse fondante, moelleuse et goûteuse à souhait, pour finir sur un peu de chair maigre.
Et enfin, 2 morceaux, n’existant pas sur les autres espèces, situés derrière les joues à l’intérieur de ce que l’on pourrait appeler la cage thoracique, ressemblent à s’y méprendre à de la bavette d’aloyau, couleur rouge sang, apparence de la fibre musculaire avec un aspect juteux.
Un poisson qui permet de multiples et diverses interprétations culinaires, que du bonheur, même si je dois bien l’avouer, vu sa beauté que ce soit de part sa taille, sa forme ou sa robe aux multiples motifs et couleurs, sa place serait plus dans la mer que dans vos assiettes.
Le lundi, à quatre heures du matin, j'étais debout pour voir l'équipage du Mere-Na sortir les prises de la cale et les conditionner avant être présentées aux chefs des grands hôtels de Tahiti, aux responsables de l'approvisionnement des supermarchés et aux grossistes de la criée de Papeete.
Une heure et demie de dur labeur avec bonnet et gants, pour remonter depuis le fond glacial du bateau, deux cents pièces pesant en moyenne une trentaine de kilos (certaines dépassant les 100 kg).
 









Romain concentré sur son travail



Salut les amis. Bon vent et bonne mer.