Ayant décidé de quitter
provisoirement Bay of Islands pour aller bien plus au sud, je devais
impérativement passer le Cap Brett qui, par une météo favorable, ne présente
aucune difficulté de navigation. Depuis Urupukapuka, on peut presque l’apercevoir
si l’on va à Te Hoanga Point, tout au nord de l’île.
C’est ce que j’ai fait. Mon poste
d’observation était balayé par des bancs de brouillard, et je me serais cru à
l’approche de l’hiver, alors que c’est le plein été ici.
La vue dans la direction du Cap Brett était saisissante.
La vue dans la direction du Cap Brett était saisissante.
Le Cap lui-même ne pouvait être
vu depuis cet observatoire. Par contre je distinguais parfaitement Motukokako
island, un téton rocheux très particulier qui en constitue le prolongement.
Les prévisions météo pour le
lendemain, date de mon départ, n’étaient pas terribles : pratiquement pas
de vent et du brouillard dans la matinée, puis des grains orageux dans
l’après-midi, mais vu qu’une très méchante tempête était annoncée pour deux
jours plus tard, il me fallait me dépêcher de rejoindre Whangarei, ou au moins
Whangaruru, les deux seuls véritables abris sur ces 200 km de côte.
J’ai donc quitté Urupukapuka comme
prévu, dans la purée de pois.
Ne cherchez pas l’horizon, il n’y
en a plus depuis des heures !
Une navigation au radar, seul
outil vraiment valable dans de telles conditions, et la corne de brume à portée
de main, évidemment.
Après trois heures à tirer des
bords dans le blanc absolu, à la vitesse d’un escargot, le brouillard a daigné
se dissiper petit à petit, et j’ai enfin aperçu pour la première fois le fameux
Cap Brett et les îlots qui le prolongent.
Dont Motukokako Island avec son
arche caractéristique.
Une fois Cape Brett passé, j’ai
mis le cap au sud-est, pour rejoindre Whangarei, via Whangaruru, sans perdre de
temps, car le temps changeait rapidement, annonciateur de mauvaises conditions imminentes.
Bien différente de la trop
monotone matinée, l’après-midi fut très agitée. Vent très instable, devenant
soudain violent, voire brutal. Empannages pour commencer, puis virements vent
debout, en essayant de faire avec un vent complètement imprévisible, suivis de
quelques grosses claques m’imposant de tout affaler pour ne pas me faire
coucher. Après une heure de folie, le temps est redevenu navigable, et j’ai
vite filé à Whangaruru, où je savais être parfaitement à l’abri pour la nuit.
Départ prévu pour Whangarei, à la
première heure du lendemain.
La suite du voyage allait se
dérouler dans des petits airs, sans rien de particulier si ce n’est la prise
d’un beau kingfish, poisson délicieux dont les 10 kg allaient me régaler
quelques jours.
L’arrivée à Whangarei s’effectua juste avant la tombée de la nuit, mais j’eu néanmoins le temps d’aller me
mouiller dans la crique que j’avais repérée sur la carte (« The
Nook », ce qui signifie le recoin), et où j’allais rester bloqué pendant
les jours de tempêtes qui allaient suivre.
Cinq jours de vent d’est force 9 à 10 avec des vagues de 6 à 8 mètres.
Cinq jours de vent d’est force 9 à 10 avec des vagues de 6 à 8 mètres.
Mais au Nook, dans mon coin
presque peinard, à l’abri derrière une belle petite montagne, seulement un bon
force 7 très irrégulier en direction, et de l’eau seulement moutonneuse.
Des conditions suffisamment
respectables néanmoins, pour m’obliger à remballer tout ce qui était sur le
pont (bimini, drapeaux, pare-battages), à dégonfler et ranger l’annexe, et à
bien fermer les écoutilles. Il ne me restait plus qu’à me mettre au lit avec un
bon bouquin pour ne pas tomber pendant une embardée du bateau, ou à écouter de la
musique avec un casque pour couvrir le sifflement du vent dans les haubans, et
le cognement des paquets de mer contre la coque.
Cinq jours à attendre sagement
que ça se calme !
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