Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

samedi 27 décembre 2014

De Urupukapuka à Whangarei

Ayant décidé de quitter provisoirement Bay of Islands pour aller bien plus au sud, je devais impérativement passer le Cap Brett qui, par une météo favorable, ne présente aucune difficulté de navigation. Depuis Urupukapuka, on peut presque l’apercevoir si l’on va à Te Hoanga Point, tout au nord de l’île.
C’est ce que j’ai fait. Mon poste d’observation était balayé par des bancs de brouillard, et je me serais cru à l’approche de l’hiver, alors que c’est le plein été ici.
La vue dans la direction du Cap Brett était saisissante.
La montagne de Rakaumangamanga, dont le Cap Brett constitue la pointe extrême, était enveloppée d’un manteau cotonneux. Signe de haute pression atmosphérique.
Le Cap lui-même ne pouvait être vu depuis cet observatoire. Par contre je distinguais parfaitement Motukokako island, un téton rocheux très particulier qui en constitue le prolongement.
Les prévisions météo pour le lendemain, date de mon départ, n’étaient pas terribles : pratiquement pas de vent et du brouillard dans la matinée, puis des grains orageux dans l’après-midi, mais vu qu’une très méchante tempête était annoncée pour deux jours plus tard, il me fallait me dépêcher de rejoindre Whangarei, ou au moins Whangaruru, les deux seuls véritables abris sur ces 200 km de côte.
J’ai donc quitté Urupukapuka comme prévu, dans la purée de pois.
Ne cherchez pas l’horizon, il n’y en a plus depuis des heures !
Une navigation au radar, seul outil vraiment valable dans de telles conditions, et la corne de brume à portée de main, évidemment.
Après trois heures à tirer des bords dans le blanc absolu, à la vitesse d’un escargot, le brouillard a daigné se dissiper petit à petit, et j’ai enfin aperçu pour la première fois le fameux Cap Brett et les îlots qui le prolongent.







Dont Motukokako Island avec son arche caractéristique.
Une fois Cape Brett passé, j’ai mis le cap au sud-est, pour rejoindre Whangarei, via Whangaruru, sans perdre de temps, car le temps changeait rapidement, annonciateur de mauvaises conditions imminentes.
Bien différente de la trop monotone matinée, l’après-midi fut très agitée. Vent très instable, devenant soudain violent, voire brutal. Empannages pour commencer, puis virements vent debout, en essayant de faire avec un vent complètement imprévisible, suivis de quelques grosses claques m’imposant de tout affaler pour ne pas me faire coucher. Après une heure de folie, le temps est redevenu navigable, et j’ai vite filé à Whangaruru, où je savais être parfaitement à l’abri pour la nuit.
Départ prévu pour Whangarei, à la première heure du lendemain.
Pas de vent, mais un lever de soleil somptueux.
La suite du voyage allait se dérouler dans des petits airs, sans rien de particulier si ce n’est la prise d’un beau kingfish, poisson délicieux dont les 10 kg allaient me régaler quelques jours.
L’arrivée à Whangarei s’effectua juste avant la tombée de la nuit, mais j’eu néanmoins le temps d’aller me mouiller dans la crique que j’avais repérée sur la carte (« The Nook », ce qui signifie le recoin), et où j’allais rester bloqué pendant les jours de tempêtes qui allaient suivre.
Cinq jours de vent d’est force 9 à 10 avec des vagues de 6 à 8 mètres.
Mais au Nook, dans mon coin presque peinard, à l’abri derrière une belle petite montagne, seulement un bon force 7 très irrégulier en direction, et de l’eau seulement moutonneuse.
Des conditions suffisamment respectables néanmoins, pour m’obliger à remballer tout ce qui était sur le pont (bimini, drapeaux, pare-battages), à dégonfler et ranger l’annexe, et à bien fermer les écoutilles. Il ne me restait plus qu’à me mettre au lit avec un bon bouquin pour ne pas tomber pendant une embardée du bateau, ou à écouter de la musique avec un casque pour couvrir le sifflement du vent dans les haubans, et le cognement des paquets de mer contre la coque.
Cinq jours à attendre sagement que ça se calme !

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