Sabay Dii est resté muet pour la jointure entre 2014 et
2015. Chuttttttt !
Pourquoi ce silence assourdissant ? Eh bien tout
simplement parce qu’il se trouvait à Great Barrier Islands, un archipel de
Nouvelle Zélande sans électricité, ni eau courante, ni Internet évidemment, et qui
porte bien son nom, car il constitue une barrière psychologique quasiment
infranchissable pour les navigateurs néozélandais. Ce n’est pourtant pas le
bout du monde : à peine une trentaine de milles d’Auckland, soit une
petite journée de navigation dans le Golfe d’Hauraki très protégé.
Arrivée à Great Barrier accompagné de dauphins |
Mais au-delà de cet archipel, la terre la plus proche, à latitude presque constante, est … le Chili, à 9000 km de là, Avec son fameux « le Cap Horn » ! Bien sûr, on peut trouver des terres plus proches en remontant vers le nord, mais ce n’est quand même pas la porte à côté :
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1100 milles pour les Fidji
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1300 milles pour les Tonga
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1600 milles pour les Iles Cook
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2200 milles pour Tahiti
Et l’on n’est pas dans un endroit
bien calme : une grosse dépression tous les dix jours en moyenne, et les
vagues du grand sud qui dépassent allègrement les 6 mètres quand ça commence à
chauffer (si l’on peut dire, car cela aurait plutôt tendance à cailler dans ce
coin proche des quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants). Autrement
dit, les kiwis voileux les plus hardis s’aventurent jusqu’aux îles de Great
Barrier, pour profiter de cet archipel extraordinaire à la belle saison (les
mois de janvier et février pendant lesquels les dépressions passent plus au
sud), mais ne vont pas au-delà, sauf exceptions rarissimes. Et ils regardent
ceux qui sont venus ou allés de l’autre côté de la Grande Barrière comme de
fabuleux aventuriers. Et Sabay Dii fait
partie de ces bateaux héroïques qui ont bravé le grand Océan Pacifique Sud, et
ça me fait bien rigoler. Sacré Sabay Dii !!!
C’est donc à Great Barrier
Islands que je me trouvais sur mon beau bateau, au moment des fêtes de fin
d’année, et je peux vous dire tout de go que c’est probablement le plus beau
bassin de croisière où j'ai jamais mis les quilles (Sabay Dii en a deux, ne
l’oublions pas). Un petit paradis aussi bien pour les voileux que pour les
randonneurs.
Un premier de l’an seul au bout
du monde, mais dans l’un des endroits les plus magiques de la planète. Ni
ripaille ni cotillons, mais des levers et des couchers de soleil dans des baies
splendides, de l’eau cristalline sous la coque. Et aussi des ruisseaux dévalant
jusqu’à la mer en petites cascades sous une végétation exubérante de fougères
arborescentes, de palmiers de toutes sortes, de kauris géants et de pins méditerranéens
ou alpins. Et plein de jolis petits sentiers parfaitement balisés et entretenus
pour vous inviter à randonner à pied dans ces îles presque vierges.
Il est évident que dame Nature,
en façonnant cet archipel devait avoir une petite idée en tête (eh oui, toutes
les dames ont une tête, c’est presque certain !).
Quelle idée ? Eh bien que
l'Homme se déplacerait un jour à la voile. En effet, ce chapelet d’îles est constellé des coquettes criques à croquer
(à répéter dix fois s’il vous plaît, et si vous y arrivez ajoutez « et
craquantes » entre coquettes et criques), où l’on peut mouiller en toute sécurité,
avec juste ce qu’il faut d’eau, sur des fonds d’excellente tenue pour les
ancres.
Hisseras-tu le pavillon C comme Charlie, sur la gauche de ton mât pour dire que toi et ton beau Sabay Dii, bien qu'aux antipodes des lieux du drame, vous êtes quelque part Charlie ? Une photo ? Bise l'ami.
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