Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 19 décembre 2014

Fawn Harbour & Nasasabu (Fidji octobre -novembre 2014)


Avec un peu de retard, je reviens sur notre voyage au Fidji.
Après Savusavu, notre balade au Vanua Levu s’est prolongée vers l’est (Fawn harbour & Nasasabu), avec toujours la mer pour nous seuls. Pas le moindre voilier ou bateau de pêche à l’horizon.  A nous les mouillages sauvages, les criques tranquilles, les trous secrets dans la mangrove.
Arrivée à la passe de Fawn Harbour
Le mouillage on ne peut plus abrité de Nasasabu
Sabay Dii dans le lagon de Fawn Harbour
Sabay Dii vu d'un des rares trous dans la mangrove qui permettent de débarquer à terre
Fawn Harbour vu depuis le platier


Le hameau de Fawn Harbour (une dizaine de maisons et une vache)
A Fawn Harbour, nous avons fait notre premier sevusevu.
Eh oui, autre pays, autres mœurs. Les Fidji sont un pays très traditionalistes, et très structuré administrativement. Dans chaque village, il y a un chef, plus ou moins élu car ici comme aux Tonga, ou à Wallis, il faut être né de bonne famille pour avoir le privilège de certaines responsabilités. Bref, il y a un chef à qui tout étranger doit aller demander l’autorisation d’entrer dans le territoire du village, le droit de se baigner dans la mer bordant le village, le droit d’emprunter les chemins et routes traversant la commune, le droit de pêcher , etc. Assez surréaliste pour un européen, mais tous les documents officiels ainsi que les récits de navigateurs disent bien qu’il ne faut pas passer outre cette obligation, car cela serait à tout coup considéré comme une véritable offense par tout le village. Et cette demande d’autorisation doit être faite selon les règles au cours d’une véritable cérémonie initiatique, le fameux sevusevu !
Voilà la démarche à suivre …
Etape préliminaire : avoir acheté dans un des marchés de la région un bouquet de kava, une racine que l’on fait infuser et dont les effets sont un peu euphorisants en plus de donner des fourmis dans la bouche. C’est la boisson cérémonielle locale, avec quelques effets indésirables si l’on en prend beaucoup, ce qui est le cas, car en fait dès que l’on rend visite à quelqu’un, on a droit à cette potion magique synonyme de boisson de bienvenue. D’où les velléités des services de santé fidjiens de faire disparaitre cette tradition qui génère un problème de santé publique. Mais la bataille n’est pas gagnée !
Etape du premier contact : s’approcher du village, sans lunettes de soleil et sans couvre-chef, considérés comme des accessoires irrespectueux, et s’adresser très poliment à la première personne rencontrée pour lui demander de rencontrer le Chef du village pour le sevusevu.
Etape de l’offre du kawa : le Chef du village une fois informé peut réunir d’autres personnes d’importance pour la cérémonie à laquelle on est invité à se rendre. On salue très poliment et on offre le bouquet.  Selon les cas c’est soit ce bouquet de kava qui va être utilisé pour la préparation (ce qui va demander du temps), soit la boisson est déjà prête et la cérémonie va pouvoir démarrer rapidement.
Etape de la de la cérémonie : on se présente et on répond aux questions, puis le Chef du village tape dans ses mains en faisant un bruit spécial et il commence une harangue qui peut être très longue en langue traditionnelle. Lorsqu’il a terminé, il refrappe dans ses mains avec les autres invités, et il vous annonce que vous êtes les bienvenus au village. C’est le moment de boire à tour de rôle, et cul sec, le kava servi dans une noix de coco qui passe de main en main.
Voila ce à quoi nous nous attendions, Ba et moi, en débarquant à Fawn Harbour, avec à la main notre bouquet de kava acheté préventivement au marché de Savusavu. Mais Fawn Harbour n’est qu’un minuscule hameau de la commune adventiste de Bagasau distante de quelques kilomètres.
C’est là que nous nous rendrons donc pour le sevusevu. Nous rencontrerons le Chef du village et tout se déroulera comme prévu sauf que chez les adventistes, on ne boit pas de kava que l’on considère comme une drogue au même titre que l’alcool ou le tabac. Notre cadeau sera quand même pris avec remerciements et nous aurons droit à la tirade inintelligible de bienvenue dans la maison du Chef du village, en toute intimité.
La maison du Chef du village
Le bureau de poste-banque-etc. Pas sûr qu'il ouvre plus d'n jour par semaine.
Les formalités traditionnelles étant satisfaites, nous pourrons donc circuler librement et profiter de tout les bons côtés de ce minuscule village de Vanua Levu, à savoir une source chaude délicieuse où nous conduira Mickael, le pasteur du village,


























et un immense platier où je vais attraper un gros poulpe d’une dizaine de kilos, à la mahoraise, c'est-à-dire à mains nues, et où nous découvrirons un nouveau coquillage délicieux que nous ramasserons en abondance pour nous en empiffrer les jours suivants.


Petite murène
Attention, serpent de mer venimeux

Voila ce qui reste d'un poulpe de plaus de 10 kg après préparation et cuisson

Coquillages excellents







































Après deux jours passés à Fawn Harbour, nous nous rendrons à Nasasabu, la commune voisine, mais dont le mouillage perdu en pleine mangrove est tellement éloigné du centre du village que nous n’aurons pas à faire un nouveau sevusevu. Et il va en être ainsi pendant tout le reste de notre voyage, car, soit nous serons dans des mouillages complètement perdus dans la nature, loin de toute agglomération, soit nous serons près de gros bourgs où la vie moderne a rendu ce genre de cérémonie inadapté voire désuet.

Ainsi, nous nous retrouverons avec cinq bouquets de kava sur les bras au moment de quitter les Fidji.

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