Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 14 mai 2012

Wild Rose

J'étais en train de bidouiller au fond du bateau, à mon heure bourrue du matin, lorsqu'on toque au bateau. Un toc toc discret, mais assuré. Tiens donc, je ne serais pas seul à Santispac ? Probablement un pêcheur qui cherche à vendre son poisson. Pourtant je n'ai pas entendu de bruit de moteur. Bizarre ! Je mets mon grand chapeau de Guadeloupe et sors. Et que vois-je ? Deux personnes dans leur dinghy, venues me rendre visite à la rame (comme moi et c'est très rare, les plaisanciers de cette région ayant plutôt la fâcheuse manie de faire tourner leur zinzin à toute heure du jour et de la nuit). Deux personnes souriantes avec de grands chapeaux elles aussi, et qui me demandent : 
- Vous êtes français ? (avec un accent américain)
- Oui oui, je suis français.
- Oh we love France !
- Welcome aboard (c'est le moins qu'on puisse faire avec des gens qui commencent leur conversation ainsi).
C'étaient Don et Kathy !
Je sors la table du cockpit. Un verre de sirop de gingembre glacé ? Kathy est ravie, Don hésite mais en reprendra plusieurs fois, car il fait si chaud, et ils ont tant de choses à raconter, sur la France surtout.
Mais que je vous raconte leur épopée :
Dans les années 70, jeune couple sans fortune particulière, ils plaquent tout pour vivre une aventure nautique hors du commun. Ils achètent le premier de leurs quatre bateaux successifs, tous en bois et le retapent. Leur balade peut alors commencer : ils rejoignent l'Atlantique qu'ils traversent par la route nord, croisant Damien ou Vagabond qui vient de se faire retourner du côté de l'Islande ou du Groenland, arrivent en Angleterre, visitent de la famille lointaine, puis traversent la Manche pour atterrir au Havre. Parcours atypique, mais ce n'est rien comparé à la suite. Ils tombent leur mât et remontent la Seine passant par Rouen, Paris évidemment, où ils vont être invités à dormir à deux pas du champs de mars, par un homme fortuné qui n'a pas oublié que des milliers de jeunes américains sont venus sauver la France et sont tombés sur les plages de Normandie ou ailleurs. Ensuite ils rejoignent la Saône, puis le Rhône avec gros mistral, pour rejoindre la Méditerranée. Rencontre avec Moitessier, cabotage le long de la Côte d'Azur, toute la botte italienne, Maltre et la Grêce, la Tunisie et retour en France, si chère à leur cœur. Et c'est reparti pour les canaux : celui du midi leur laissera un souvenir impérissable. Ils ressortent dans l'Atlantique. Trois ans déjà, trois ans de bonheur, un bonheur qui déborde, les rendant tout émus, lorsqu'ils parlent de Menton ou de Castelnaudary, quand ils évoquent l'accueil chaleureux d'une famille française ou lorsqu'ils décrivent le tunnel de verdure sur les écluses.
Mais il faut retourner au pays pour travailler. Don, ébéniste de formation, montera des entreprises de construction de cuisine sur mesure mais pour clients assez fortunés, et Kathy travaillera dans l'aéronautique, jusqu'en 2010, date à laquelle ils prennent leur retraite pour ............. naviguer.
Depuis des années, Don travaille sur un bateau tout en teck construit en 1961 à Hongkong,
Wild Rose

  Il fera de ce Robb 35 (10,5 mètres de long) admirablement bien construit
une merveille d'ingéniosité et d'esthétique.
 admirez les poulies
 la cuisine qui apparaît par enchantement lorsque l'échelle de descente dans le carré s'escamote. Magique !
Et quel soucis du détail !
 Admirez les sculptures sur les montants
 et la demi-coque de Wild Rose en personne
 les instruments sont magnifiques (et je ne vous montre pas les winchs en bronze)

 le puits de chaîne accessible
et ce manifique système de blocage des tiroirs en bois précieux.
Don me fera visiter son œuvre avec cette modestie qui caractérise ce couple formidable.
Si vous voulez voir si ce beau bateau est aussi capable d'avancer, allez jeter un coup d’œil sur cette vidéo que j'ai dénichée sur Internet :

C'était en 2009 entre Los Angeles et l'Ile Santa Catalina
La voile, ce n'est pas que des navigations dans le vide océanique, c'est aussi des rencontres comme celle-là.
Formidable !

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