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En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 8 mars 2019

Djibouti

Drapeau

جيبوتي

Il ne restait plus qu’une corne à l’Afrique et elle est en train de la perdre, lentement mais sûrement. Avant de partir à la dérive, Djibouti, à la conjonction de la Somalie, de l’Éthiopie, de l’Érythrée et du Yémen, se dessèche et se craquelle en paysages tourmentés et austères, manifestement bâclés par Dieu le Père. Le pays est né en 1977 sur les cendres du territoire français des Affars et des Issas (1967-1977). Auparavant, c’était la côte française des Somalis, un bout de terre hautement stratégique, longtemps considérée comme la clé de l’Éthiopie, mais aussi comme le principal verrou de la mer Rouge et du canal de Suez. C’était enfin l’indispensable dépôt de charbon des services maritimes français à destination des Indes, de l’Indochine et de l’Extrême-Orient. Sur les eaux grises du port flotte encore le fantôme du Karaboudjan et de ces cargos sans âge dont les coques éreintées versent des larmes de rouille. Sambouks arabes, zeimas ornés de peintures polychromes, zarougs à la poupe étroite, rappellent le savoir-faire et la longue tradition des charpentiers yéménites, même si la plupart ont troqué depuis longtemps leur voile latine contre un moteur diesel. C’était un temps où l’on construisait des bateaux sans plan et où l’on badigeonnait les bordés d’huile de requin pour les rendre imputrescibles. Le long des quais contrôlés par des hordes de corbeaux braillards, les lourds bateaux militaires écrasent de leur terne ferraille cette flottille de souvenirs. A terre, les débits d’absinthe où Monfreid et Rimbaud ont dû plus d’une fois se mettre la tête à l’envers, ont depuis longtemps disparu pour laisser place à une pléiade de night-clubs et de boîtes de nuit peuplés d’une faune interlope. Qu’il est loin le temps où des « madames dankalies » proposaient à l’officier de marine Pierre Loti tout juste débarqué de sa frégate "la pelisse fraîchement écorchée d’une panthère". Aujourd’hui, les peaux de panthère à Djibouti sont synthétiques et recouvrent sous forme de leggings les cuisses généreuses des demoiselles accoudées aux comptoirs d’établissements louches.

Texte : Christophe Migeon (http://skippers.ch/derniers-geants-de-djibouti/)












Le port de Djibouti, crasseux, à cause du charbon, un jour de pluie (très rare)
Les abords du port de pêche, avec les carcasses de bateaux dans la vase
Le port chinois, ultramoderne et lucratif, pour les containers
Djibouti, ancien Territoire Français des Affars et des Issas est un pays indépendant (officiellement environ 900000 habitants) depuis 1977, mais Djibouti est aussi une ville portuaire où viennent s'échouer beaucoup de réfugiés somaliens, érythréens, yéménites, éthiopiens, et tous ceux qui n'arrivent pas à survivre dans l'arrière pays désertique.
La ville de Djibouti a beaucoup changé depuis mon dernier séjour en 2009, et l'atmosphère qui y règne s'est dégradée. A l'époque, arrivant d’Éthiopie, j'avais eu l'impression d'arriver dans un havre de paix, un petit pays pauvre mais sans misère, sans tension. J'avais fait beaucoup de photos dans les rues et sur le marché, et les gens souriants ne prêtaient pas attention à mes appareils. Aujourd'hui, plus question de sortir un objectif en public. Ce pays s'est tendu. Dès qu'on s'éloigne du centre ville qui grouille de monde un peu misérable (avec 70% de gens sans emploi), on se retrouve en plein tiers-monde, dans des terrains vagues jonchés de détritus où errent une multitude de malheureux de tous âges, mendiant, ou se laissant mourir au bord de la route.
Atmosphère contradictoire entre le confort de se retrouver dans un pays où l'on parle français, où presque tout est écrit en français, avec des Djiboutiens de souche extrêmement francophiles, et le malaise que l'on ressent à la vue de cette "jungle" de réfugiés clandestins qui diffusent dans tous les coins un peu retirés de l'agglomération, dans la crasse et l'insalubrité.

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