Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 8 mars 2019

Arrivée à Djibouti

Le 15 février, au petit matin, Sabay Dii arrive en vue de Djibouti, après 29 jours et 29 nuits sans escale. Plus de 3500 milles nautiques viennent d'être parcourus depuis la Thaïlande.
Le bateau est en parfait état ; seul l'axe de la pale immergée du régulateur d'allure a été un peu tordu, car j'ai oublié de la remonter, la laissant porter à contre sur son support pendant toute une nuit, alors que le bateau filait à près de 10 nœuds. Il va falloir la faire redresser et peut-être la renforcer un peu, mais ça ne devrait pas poser de problème.
Quant à l'équipage, il est en pleine forme, sans envie dévorante de quitter le navire, mais avec juste l'envie de voir ou revoir Djibouti (que je connais déjà mais où Bernard n'est jamais venu).
Djibouti se trouve presqu'au fond du Golfe d'Aden

Presque, parce qu'encore plus à l'Ouest se trouve le grand Golfe de Tadjoura, et la petite enclave du Goubet

Vers sept heures du matin, nous apercevons les premiers cargos mouillés au large de Djibouti. 
Nous nous faufilons entre eux ...

Puis les premieres constructions apparaissent à la côte. 
A 8 heures, j'appelle les autorités portuaires par VHF pour leur signaler que nous arrivons ; je les appelle en français et on me répond en français. Entendre ma langue maternelle à la radio : il y avait si longtemps que cela ne m'était pas arrivé.
L'entrée du port est parfaitement balisée, et ça aussi c'est presque nouveau. Depuis que j'ai quitté la Nouvelle Calédonie, en 2016, je n'avais plus vu de balises cardinales vertes et rouges.
Ce qui est vraiment nouveau, ce sont les bateaux qui sont dans le port ...
Des bateaux-poubelles. Oui § Pas es bateaux délabrés mais des bateaux chargés à craquer de toutes sortes de détritus.
Des bateaux-poubelles. Où vont-ils déposer les ordures qu'ils collectent ? Mystère !
Des bateaux de guerre aussi ...
Navire ultramoderne de la marine chinoise
C'est surtout la forme des coques qui est surprenante lorsqu'on arrive du Sud-Est asiatique. Ici, les boutres sont énormes,magnifiquement construits en bois et décorés.
Encore un ou deux milles et nous serons au mouillage qui est situé juste devant le bâtiment bicolore des garde-côtes

 A 9 heures, Sabay Dii est mouillé.
Il ne nous reste plus qu'à attendre la venue des garde-côtes qui ont du être prévenus par la Capitainerie et qui préviendront à leur tour le service de l'immigration, qui devrait envoyer un bateau pour nous conduire à leur bureau, à la suite de quoi nous devrons ...
Vous l'aurez compris, l'administration locale n'est pas simple et surtout pas pressée.
A 16 heures, personne n'étant encore venu nous voir, je reprends la VHF pour rappeler que cela fait 7 heures que nous sommes bloqués dans notre bateau. Une barque des garde-côtes fait alors à vive allure les 200 mètres qui nous séparent, et leur visite sera un simulacre d'inspection. Le chef de l'équipe s'empresse de nous dire que nous sommes les bienvenus, car Djibouti a gardé de son histoire coloniale une âme française. Pour ce qui est d'attendre qu'une barque de l'Immigration vienne nous chercher, on fera autrement. Nous mettons l'annexe à l'eau et filons dare-dare à l'autre bout du port pour obtenir nos visas, avant la fermeture des bureaux. Et là encore, on nous ressasse qu'en tant que français nous pouvons nous considérer à Djibouti comme chez nous.
Difficile de parler de bureau de l'immigration, tant le local est en état de délabrement,
mais tout cela est largement compensé par l'incroyable accueil des fonctionnaires aimables, cultivés, spirituels, ...
Ce leitmotiv, nous l'entendrons quotidiennement pendant toute la semaine de notre séjour. Les djiboutiens, et particulièrement les fonctionnaires sont profondément francophiles et gardent de leur vie passée de français, un souvenir ému et reconnaissant. Nous en avons été très touché, lorsque par exemple, le Directeur du port, rebondissant sur un de mes mots, embraya en déclamant un poème de Johachin Du Bellay, pour continuer sur des vers de Verlaine, ou quand le Directeur des recettes du port nous fit un cours d'histoire qui montrait à l'évidence qu'il en savait plus que nous sur l'Histoire de France.
En arrivant à Djibouti, nous avons retrouvé un peu de la France mais aussi beaucoup du Tiers-Monde comme vous allez bientôt le voir en images très prochainement. En tout cas, après notre long séjour en mer, nous étions très content d'arriver dans un pays francophone et francophile.

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