Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 21 août 2017

Tracasseries thaïlandaises

Ayant vécu au Laos, puis au Vietnam, c'est en voisin que je suis souvent venu en Thaïlande, avec toujours le même plaisir. J'ai ainsi visité presque tout le pays, sauf le Sud, où je me trouve justement aujourd'hui avec le bateau. Cette partie du pays diffère des autres par sa géographie (une fine bande de terre coincée entre l'Océan Indien (la Mer d'Andaman et le Golfe du Bengale) et la Mer de Chine (le Golfe de Thaïlande), par ses paysages tourmentés faits de pitons karstiques, et par plusieurs autres points qui pourraient se résumer à une remarque historique : le Sud de la Thaïlande n'est autre qu'une province annexée de Malaisie.
Thaïlande : carte
Le fin isthme est partagé par la Birmanie au NW, la Malaisie au S, et la Thaïlande entre les deux
Ne cherchez pas de temples bouddhistes, les grands marchés où l'on trouve des insectes à manger, des bouis-bouis le long de la route où l'on peut déguster des brochettes de porc avec du riz gluant. Non ! Ici, à la différence du reste du pays, on est majoritairement musulman, ce qui signifie que le muezzin vous casse les oreilles avec ses cinq appels quotidiens, que les femmes ont la tête couverte d'un tchador noir, qu'on mange surtout du riz sauté avec presque exclusivement du poulet, etc. Bref, si l'on oublie que l'on parle thaï et non malais, on pourrait se croire en Malaisie.
Sauf que ... ce n'est pas la Malaisie !
En Malaisie, tout est simple pour la personne qui se déplace en bateau : un visa automatique de 3 mois, renouvelable par simple demande, la possibilité de laisser le bateau ou l'on veut pendant un an renouvellable aussi, aucun frais administratifs, des démarches d'une grandes simplicité, tous les bureaux (capitainerie, douane, immigration) étant réunis dans un même lieu, des tolérance sur beaucoup de points, et un sourire indéfectible des fonctionnaires.
En Thaïlande, c'est tout le contraire (ou presque) !
On croirait que tout a été fait pour faire retourner d'où ils viennent les bateaux de croisière, ce qui est d'ailleurs très souvent le cas. Ainsi, le visa n'est que de trente jours, ce qui est incompatible avec la durée de la traversée du pays à la voile. Toute dérogation se paye très cher, et dans tous les cas, les démarches sont d'une complexité et d'une absurdité édifiantes. Un seul exemple : les personnes entrées en Thaïlande en bateau doivent ressortir du pays en bateau (le même bien sûr). Interdiction du coup de profiter d'un séjour en Thaïlande pour aller faire un tour au Laos ou au Cambodge, ou rentrer quelques jours en urgence en France, car vous sortiriez en avion. En fait, il ne vous reste que deux solutions : soit repasser des heures dans des bureaux en laissant une caution de 20000 Baths (500 € environ) pour obtenir une autorisation spéciale qui nécessite de connaître tout de votre futur voyage à l'étranger), soit repartir avec votre voilier en Malaisie où vous êtes libre de faire ce que vous voulez de votre séjour, notamment pour aller visiter les pays voisins ou rentrer en France pour voir la famille et les copains.
Je ne vous parlerai pas des paperasses qu'il faut remplir pendant des heures et en plusieurs exemplaires, avec du papier carbone (oui, oui !!!), ni de la distance entre les divers bureaux (ce qui nécessite de louer un véhicule, comme à Krabi), ni du prix à payer à chaque administration lors les formalités de sortie. Et que dire des innombrables fonctionnaires qui traînent dans ces bureaux en jouant avec leur téléphone ou en regardant la télé, alors que vous poirotez ?
Le deuxième point noir de la Thaïlande réside dans les prix pratiqués pour tout ce qui concerne le nautisme. En particulier, le tarif des marinas, souvent beaucoup moins bien équipées et moins plaisantes que celles de Malaisie, est tout bonnement délirant. On dépasse parfois le pris de la nuitées sur la Côte d'Azur, alors qu'ici, le personnel est payé au lance-pierre, et les charges patronales sont nulles vu que l'allocation chômage, la sécurité sociale et la retraite sont ici des concepts abscons. Les arguments fallacieux sont invoqués pour justifier de tels tarifs : taxes douanières élevées (en réalité bien inférieures à celles pratiquées en Europe), ou TVA très élevée (5 % contre 20 % en France). En réalité, les croisiéristes sont considérés simplement comme des poules aux œufs d'or, ou plutôt des appâts immobiliers, car c'est seulement un tourisme nautique de luxe qui est visé. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les publicités des six marinas de la région où l'on ne parle que de la capacité à recevoir des superyachts ou du luxe des villas. Faire venir des gros bateaux, c'est donner du standing à la marina et au complexe immobilier qui lui est associé.
Dans cette marina, vous aurez une place pour votre super yacht
et après un week-end en mer, vous pourrez dormir dans votre super villa.
 
Pour vendre des appartements très chers et des pas de portes et bureaux de standing, il faut donc attirer ici ce qui se fait de plus huppé : de richissime yachtmen. Et que les vrais marins passent leur chemin !
Le troisième point noir est le développement délirant du tourisme dans cette partie du pays (et j'y étais à la basse saison). Des milliers de longtails et de speedboats sillonnent la mer, transportant des bordées de touristes hurlant comme des dingues (beaucoup de Chinois et de Coréens), les plages sont pleines à craquer, ça sent la bière et non la cuisine asiatique dans les rues. Bien longtemps qu'on n'a plus entendu de la musique locale. Toutes les îles ou presque ont le statut de parc marin, ce qui interdit le mouillage (on doit utiliser les corps-morts souvent très mal entretenus), et la pêche (mais il n'y a plus de poissons depuis longtemps, vu le bazar qui règne ici). Et en tant que propriétaire d'un bateau de croisière, vous devez vous acquitter de 500 Baths (13 €) par personne à bord et par jour pour être autorisé à débarquer.

Du coup, à ma grande déception (je comptais rester deux ou trois ans en Thaïlande), j'ai fait comme tout le monde. Je suis arrivé avec Sabay Dii au port de Krabi (plutôt qu'à celui de Phuket) pour faire les formalités d'immigration, et n'ai cessé pendant toute la saison de faire des allers-retours en bateau entre la Malaisie, où la vie est si paisible, les marinas si bon marché et si accueillantes, mais où les paysages marins sont insipides (à l'exception de la perle Langkawi) et la Thaïlande, avec ses paysages à couper le souffle, mais avec tous les inconvénients d'un tourisme de masse, excessif, sans limite. Et pour rentrer en France pendant l'automne, j'ai prévu de revenir à la case départ, et laisser Sabay Dii dans la charmante marina de la petite île malaisienne de Rebak, à quelques brasses de Langkawi.
Image publicitaire sur le site du Taj Vivanta Rebak (le ressort gérant  la marina de Rebak)

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