Cette petite navigation d'à peine 150 milles nautiques qui paraissait a priori intéressante fut en réalité assez ennuyeuse. Les raisons sont multiples :
- D'abord, comme je vous l'ai déjà dit, je n'avais que ma trinquette pour faire avancer le bateau (grand-voile inutilisable, spi déchiré et enrouleur de génois bloqué). Comme le vent était faible et souvent orienté bon plein, j'étais donc particulièrement mal équipé pour cette traversée.
- Ensuite, le temps n'a pas été de la partie, souvent fait de vents très légers et instables mais aussi de quelques orages très violents que je voyais venir de loin et dont les éclairs incessants n'étaient pas faits pour me rassurer (tout le matériel électronique portable était dans une cocotte minute, au cas où Sabay Dii aurait été foudroyé).
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Celui-là promet ! |
- Enfin, les bateaux de pêcheurs omniprésents et indifférents aux autres bateaux, ainsi que les filets et casiers de pêche éparpillés tout au long du parcours ne permettaient pas de baisser la garde, obligeant à ouvrir l’œil jour et nuit.
Heureusement, le paysage devenait intéressant avec des îles émergeant telles des doigts pointés vers le ciel. Très spectaculaire après toute la platitude de la partie malaisienne du détroit de Malacca.
Mais quelques surprises m'attendaient quand même et allaient changer mes conceptions naïves sur le tourisme dans cette partie maritime de Thaïlande.
Pour ne pas me lasser, autant que pour rester vigilant, j'ai donc choisi de couper l'itinéraire qui aurait habituellement demandé moins de 24 heures, en trois étapes.
Parti le 4 avril à 11 heures du matin, j'ai passé une partie de la nuit suivante à sec de toile sous les orages, bien planqué au fond du bateau, et ce n'est que vers quatre heures du matin que j'ai repris la route pour rejoindre Ko Rok Noi, vers 9 heures. J'ai profité de cet arrêt pour dormir et suis reparti le lendemain à 3 heures du matin pour rejoindre la célébrissime île de Ko Phi Phi. Le troisième et dernier jour, j'ai rejoint la petite marina en construction de Port Takola, non loin de Krabi, après une longue remontée d'un chenal dragué dans les hauts fonds de la rivière de Krabi, où le moindre écart par rapport à l'alignement théorique conduisait à coup sûr à un échouage.
Ci-dessous, ma route au voisinage des deux îles de Ko Rok, avec en rouge, le corps-mort auquel je me suis attaché. Pour cette première escale en Thaïlande, j'ai eu la désagréable surprise de voir un bateau de rangers m'accoster et me demander de leur donner 500 Baths (soit 13 €, le tarif officiel par personne et par jour), non pour l'usage du corps-mort, ce qui me paraissait normal, mais simplement en échange de la possibilité que j'avais en tant que navigateur étranger, de pouvoir mettre le pied sur une île appartenant au Parc National Maritime de Thaïlande. Quand on sait que d'une part presque toutes les îles de la région en font partie et que chaque jour, on doit théoriquement s'acquitter de ce racket, et que d'autre part, les autres bateaux de touristes classiques en sont exemptés, il y a de quoi trouver cette méthode assez injuste, d'autant qu'on peut se demander à quoi sert l'argent versé, étant donné que toutes les ordures des touristes classiques sont simplement cachées un peu loin de la vue, et surtout que les corps-morts qui ont le mérite d'exister pour protéger les fonds coralliens sont très mal entretenus comme vous allez pouvoir le constater bientôt.
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Coucher de soleil à Ko Roc |
Je voulais depuis longtemps voir de mes propres yeux les deux îles de Ko Phi Phi (Ko Phi Phi Don au Nord et Ko Phi Phi Lee au Sud) que je ne connaissais qu'au travers des photos publicitaires que l'on voit dans tous les prospectus d'agence de voyage ou sur Internet, très emphatiques.
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Images classiques de Ko Phi Phi que l'on trouve sur Internet |
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Ko Phi Phi Lee au premier plan et au fond Ko Phi Phi Don |
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Le petit lagon intérieur de Ko Phi Phi Lee |
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La barque traditionnelle qui sert à conduire sur zone les touristes |
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Le fin isthme de Ko Phi Phi Don qui allait être complètement submergé lors du tsunami de 2004 |
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La plage de Maya dans le lagon intérieur de Ko Phi Phi Lee |
Google Earth en donne aussi une image assez excitante.
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Maya Bay à Ko Phi Phi Lee (notez le trafic intense et encore on ne distingue pas toutes les barques sur la plage surexposée) |
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Ko Phi Phi Don et son isthme |
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Ko Phi Phi Lee et sa baie de Maya |
Mon approche de Ko Phi Phi fut bien différente, avec un vent et une mer formée rendant l'entrée dans la passe hasardeuse, puis la prise d'un corps-mort quasiment impossible pour une personne seule sur son voilier.
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L'approche impressionnante de Ko Phi Phi Lee |
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L'un des innombrables bateaux déversant les touristes à Ko Phi Phi Lee |
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La passe permettant de rentrer dans Maya Bay, à Ko Phi Phi Lee |
Mais l'ennui venait surtout des vagues désordonnées dues à un traffic délirant (et on était à une heure tardive, en basse-saison !). Des dizaines de speed boats entrant ou sortant se croisaient dans la passe, des centaines de barques étaient alignées sur la plage où il ne restait plus de place pour les touristes agglutinés par milliers. Ajoutez à cela le bruit d'enfer de tous les échappements libres des barques traditionnelles, et vous aurez une petite idée de mon ahurissement en arrivant là.
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Image idyllique d'une réalité bien moins attractive |
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Là, on est un peu plus proche de la réalité. Où peut-on prendre son bain ? |
J'ai choisi de faire un petit somme réparateur en attendant que tout le monde reflue vers les hôtels de la côte. A sept heures du soir, les derniers bateaux venus voir le coucher de soleil (qui n'a absolument rien de particulier vu qu'il se regarde sur l'horizon infiniment lointain) quittaient les lieux. Mais il était trop tard pour pouvoir se baigner ou débarquer sur la plage, car il faisait nuit. Vivement demain, que je parte pour Krabi, avant l'arrivée de la horde pétaradante.
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La rivière de Krabi |
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bien tranquille malgré les petits cargos. |
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