Dimanche, jour de repos ?
Mon œil !
De bon matin, j’étais levé avec
des fourmis dans les jambes. Tout semblait réuni pour une belle journée de
randonnée. Les gambettes bien en forme. Le paysage somptueux et le temps à
venir qui s’annonçait favorablement par un petit rayon sympathique sur les
sommets surplombant la baie de Cook et la vallée de la Vaitepiha.
A 5 heures et demi, j’étais déjà dans
l’annexe en train de ramer, mon objectif étant de remonter la rivière le plus
haut possible, et de continuer ensuite à pied jusqu’à la mi-journée, puis de
rebrousser chemin, car il est impossible de traverser la presqu’île, si ce n’est
à l’allure d’un « raideur ».
Pas une balade tranquille pour
faire des belles photos, mais plutôt une randonnée tonique au grand air pour
admirer le paysage et bien roupiller ensuite dans le bateau. Mais au bout du
compte, rien de se passa comme prévu, et je ne le regrette pas, Bien au
contraire !
Tout commença pourtant comme je l’avais
un peu imaginé. Après une heure à ramer dans une rivière tranquille,
Il me devint de plus en plus
difficile d’étaler le courant, d’autant que la profondeur diminuait
régulièrement.
Quand il me fut impossible de
ramer sans risquer de casser les avirons, je décidai de laisser l’annexe pour
continuer à pied. Bien attachée à une pile de pont, elle ne risquerait pas de
partir toute seule.
Vue de la vallée depuis le pont |
A partir du pont, je savais qu’il
y avait une grande piste longeant la rivière sur deux à trois kilomètres qui
ensuite se transformait en un tout petit sentier, sans la moindre indication, comme
toujours à Tahiti.
Alors que j’étais en train de
pinailler pour savoir de quel côté repartir, j’entendis au lointain quelqu’un
crier. Quelqu’un vraiment très loin, juste un tout petit point blanc, bien plus bas
dans la vallée. Avec le bruit de l’eau, impossible de savoir ce que voulait
cette personne et à qui elle s’adressait. Mais malgré tout, je me demandais si
je n’avais pas entendu « Didier, Didier ».
Bah ! Je crois que je
commence à entendre des voix, car je ne connais personne ici, et personne ne
sait où je suis, et surement pas ce petit point blanc. En plus, à cette
distance, il est impossible de reconnaître quelqu’un.
Et me voilà repartant de l’avant
après avoir cru trouver mon chemin. Mais deux minutes plus tard, force est de
constater que je me suis encore égaré. Donc demi-tour. Et mon petit point blanc
s’est drôlement rapproché. Il court, ma parole ! Et en faisant des gestes !
« Didier, Didier ».
J’entends des voix, encore !
« Didier de Sabay
Dii » !
Ah là, ce ne sont plus des voix.
C’est bien moi qu’il appelle.
Mais c’est quoi cette histoire ?
Qui peut me connaître à ce point ? Et pourquoi me cherche-t-on ? En
tout cas, faut que j’aille à sa rencontre. Qu’est-ce qui va encore m’arriver comme
surprise ?
Et mon petit point blanc qui
avait bien grossi m’apparut haletant, suant, mais avec un sourire jusqu’aux
oreilles.
- Ah Didier !
C’était Heimata ! Oui,
Heimata, le patron pêcheur dont je vous avais déjà parlé au mois de juillet. Et
en l’apercevant je fonçais vers lui, en jubilant.
- C’est bien toi, Didier, c’est
bien toi. Que je suis content !
- Et moi donc ! Heimata !
Quelle surprise ! Comment tu savais que j’étais là ?
- Oh ! C’est incroyable !
Et Heimata de me raconter son
histoire.
Figure-toi qu’avec ma femme et les
filles, on avait décidé de partir de bonne heure pour aller passer la journée
aux Trois Cascades. Et en roulant, j’ai eu l’impression que je t’avais vu
marcher du côté du pont de Tautira. Je l’ai dit à ma femme Andrea, à qui j’ai
tant parlé de toi, et elle m’a dit que j’avais dû avoir une hallucination. Comment
pourrais-tu te balader à la montagne alors que tu vis sur ton bateau, toujours
dans des îles paumées. Alors, j’ai fait demi-tour pour aller voir si je voyais
ton bateau sur l’eau, et j’ai reconnu Sabay Dii au mouillage de Cook. Du coup j’ai
ramené ma petite famille à la maison, et je suis parti dans la montagne à ta
poursuite, en tongues. Ah ah ah ! Et j’étais sûr de te rattraper car je
savais qu’à chaque rivière tu te planterais de chemin, alors que moi je connais
ma vallée par cœur. Que je suis content !
Et ce furent d’autres
embrassades.
La journée ne démarrait pas comme
prévu, mais elle ne pouvait pas mieux démarrer.
En redescendant la rivière pour
aller chez lui, je lui expliquais où j’avais laissé l’annexe.
- Mais il y a plein d’enfants qui
jouent à ce pont le dimanche.
- Oh mais elle est bien attachée,
elle ne risque rien.
Et nous décidâmes d’aller aux
Trois Cascades. Pour commencer... car Heimata avait secrètement décidé de me
faire faire le grand tour de Tahiti en me conduisant à tous les chouettes coins
qu’il connaissait : le trou du souffleur, l'îlôt Martin et ses kiteurs, les grottes de Maarea, le
plateau de Taravao ...
Après m’avoir présenté à sa femme et ses filles qui effectivement semblaient bien me connaître, nous voilà partis pour une belle journée de balade … en voiture.
Retour vers 17 heures, invité à
manger évidemment, alors qu’un terrible orage se déchaîne dans la vallée. Comme
je souhaitais rentrer au bateau, dont je n’avais même pas fermé les hublots,
pensant rentrer pas trop tard, Heimata me proposa de me reconduire au pont.
Mais l’annexe n’y était plu !
- On te l’a volée.
- Ou se sont des gosses qui ont
joué avec et l’ont abandonnée.
- Mais vu la crue de la rivière,
elle est alors en pleine mer. Moi je pense qu’on te l’a volée car c’est facile
de la charger sur un pick-up ici. Faut aller au village en regardant si on ne
voit rien de louche.
Après plus d’une heure de vaines
recherches, nous rentrâmes à sa maison, car il m’était absolument impossible de
rejoindre le bateau à la nage en pleine nuit avec ce mauvais temps. Et de toute
façon, Heimata était trop content de me garder à dormir chez lui.
- Demain, avant d’aller à mon
rendez-vous, on part chercher ton annexe.
- Ok mais faut pas rêver.
Encore à chercher pour rien. J’annonce
à Heimata que la meilleure solution est que je rejoigne le bateau à la nage,
maintenant qu’il fait jour, et que j’irai ensuite jusqu’au port de Faratea à la voile, pour
aller faire une déclaration à la gendarmerie de Taravao .
Quelques heures plus tard, j’arrivai
à Faratea, et qui m’attendait pour m’aider à amarrer Sabay Dii puis me
conduire en voiture à la gendarmerie ? Andrea, bien sûr, avec son frère.
Quand j’expliquai au gendarme que
mon annexe avait disparu, il me répondit en souriant qu’elle avait déjà été
trouvée, hier, et de l’autre côté de Tahiti. Une personne ayant vu à la mi-journée
cet engin attaché à la pile d’un pont avec le nom d’un bateau inscrit en clair
et des gosses s’amusant dessus, l’avait autoritairement embarqué sur son
pick-up pour le mettre à l’abri, en se signalant à la gendarmerie. Quelques
heures après le prévenant monsieur refaisait 50 km en voiture pour me rapporter
l’annexe (dont les gamins avait enlevé tous les autocollants) au bateau.
Sabay Dii et l'annexe retrouvée |
Les tahitiens sont vraiment des
gens formidables, pas vrai ?
En tout cas, rendez-vous est pris
avec ce sacré Heimata et sa petite famille pour nous revoir en mars avril, mais
plus seulement pour un trop court dimanche. Vivement le printemps !
Iaorana mon ami c'était un plaisir espérons que nous allons nous revoir bisous de heimata et Andrea de tautira vallée vaitapiha
RépondreSupprimer