Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

samedi 7 décembre 2013

De Taravao à Teahupo, c’est pas jojo !

Tahiti Iti, la presqu’île du sud de Tahiti est réputée sauvage. A juste titre.
Aucune route n’en fait le tour complet. Juste 18 km de macadam côté ouest jusqu’à Teahupo, et autant du côté est jusqu’à Tautira. Ajoutez à cela une route montant sur le plateau de Taravao, pour aller s’occuper des vaches, et une piste traversière reliant Tautira (au nord-est) à la pointe Fare Mahora (au sud-ouest) en empruntant le lit de deux rivières. C’est tout !

Les guides touristiques vous raconteront qu’on peut faire le tour de Tahiti Iti, à pied, en suivant la côte sud, mais je vous garantis qu’il n’y a ni chemin, ni piste digne de ce nom. Il y a surtout à marcher dans l’eau, tant bien que mal, dans le corail où se cachent de nombreux poissons-pierres (dont la piqûre est mortelle),

à traverser des rivières tumultueuses à la moindre pluie (et il pleut pratiquement tous les jours), à contourner les falaises abruptes et très difficilement franchissables du Pari, tout au sud, et tout au long du parcours, à l’approche de chaque petites propriétés complètement isolées, à éviter de se faire croquer par des pitbulls hargneux.
Vous savez combien j’aime marcher. Eh bien j’ai essayé de me promener à pied dans cette presqu’île. J’ai commencé un dimanche à six heures du matin, par un long footing (Taravao-Teahupo = 18 km). Une route en bord de  lagon, mais avec si peu d’eau que cela ressemble plus à un marécage,



Et tout au long de la route, des maisons sans cachet particulier, des jardins moins jolis qu’ailleurs en Polynésie, aucune vraie plage,
La plage de Maui, la plus réputée (20 cm d’eau et plein de corail)
des carcasses de voitures un peu partout,
et beaucoup de panneaux « tabu » (mot qui voulait à l’origine dire « sacré » mais qui s’est transformé en « interdit » et veut plutôt dire aujourd’hui « privé »).

 

Remarquez qu'il est interdit de jouer de la musique au bord de l'eau

     
Pas folichon. Seules les nombreuses églises des multiples confessions tahitiennes ont agrémenté mon parcours, par l’animation dominicale particulière à ce pays très pieux (familles au grand complet, gens endimanchés, avec de beaux chapeaux pour les dames et de belles chemises colorées pour les hommes).
Et pour le plaisir de l’oreille, de remarquables polyphonies chantées au rythme des ukulélés.






Pourquoi aller à Teahupo, me direz-vous, et à pied en plus. Je vous répondrai qu’on voit bien que vous ne vous intéressez pas au surf, car tout surfeur a entendu ce nom mythique. Teahupo, c’est une vague magnifique et terrible à la fois. Surnommée « la machoire », c’est une des étapes majeures du championnat du monde professionnel.

Mais, comme toutes les grandes vagues, elle peut être minuscule, s’il n’y a pas de houle, ce qui était le cas. Mais j’avais envie de palper l’atmosphère du lieu. Et là aussi déception : pas le moindre surfeur, mais des voitures grandes-ouvertes avec des jeunes bedonnants buvant de la bière avec la sono à fond, des barquettes de hamburgers et des canettes vides un peu partout. Heureusement il y avait quelques enfants bien sympas avec qui j’ai discuté longuement (des marquisiens tristes de se retrouver si loin de Nuku Hiva).
 

J’ai vite quitté ce lieu glauque pour continuer dans ce que les polynésiens appellent le Fenua Aihere, c’est-à-dire « la brousse ».  J’ai vainement cherché un chemin pour continuer plus au sud, mais toutes les personnes interrogées m’ont dit qu’il fallait marcher dans l’eau et qu’il fallait surtout faire attention aux chiens.







Après une bonne heure à essayer de me faufiler entre des propriétés bien défendues par des murs d’enceinte et le corail, j’ai rebroussé chemin et suis rentré en stop à Port Phaéton, où m’attendait mon fidèle Sabay Dii. Je lui ai raconté ma journée de balade et nous avons décidé de laisser la route pour faire le tour, à la voile.
Et vous allez bientôt voir que vu de la mer, le monde peut paraître très différent.

Dans le prochain message, vous allez découvrir les merveilleuses lumières de Tahiti Iti, et vous vous direz que les rares personnes qui passent par là avec leur voilier (quelques dizaines par an seulement) ont bien de la chance.

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