Bye bye Beaumanoir. On reprend la
mer. Direction, toujours plus au sud pour arriver aux falaises du Pari et
remonter un peu sur la côte Est de Tahiti Iti.
Il va me falloir sortir du lagon
par la passe Vaiau, car toute la partie sud de l’île n’est pas navigable à
cause des déferlantes qui passent par-dessus le récif à fleur d’eau (la partie
hachurée de la carte ci-dessus). Et il me faudra aller assez au large avant de
virer, car le vent vient de l’Est mais surtout il y a un fort courant qui
pousse à l’Ouest, donc sur le récif.
Objectif du jour, le mouillage de Faraua qui semble bien abrité avec pas trop
de fond, un joli îlot (Fenuaino) dans
son voisinage, et qui n’est pas trop loin de pétroglyphes et d’un marae.
Départ à six heures du matin,
avec le soleil dans le nez au début, ce qui est un inconvénient quand on
navigue dans un lagon car on n’en voit pas les pièges, mais j’ai déjà parcouru
plusieurs fois cette portion qui permet d’accéder à la passe Vaiau et je sais
exactement par où passer. Par ailleurs, je suis au moteur sur une eau
parfaitement lisse, car à l’abri du vent.
Dès la passe franchie, j’ai hissé
les voiles pour profiter des 15 nœuds de vent d’Est. Et Sabay Dii a mis le
turbo.
Même si j’apprécie beaucoup
d’être au mouillage pour visiter un lieu et rencontrer du monde, c’est toujours
avec une certaine excitation que je reprends la mer. La navigation est toujours
pour moi une vraie partie de plaisir, surtout quand elle a un petit côté
technique comme naviguer dans un endroit avec pas mal d’obstacles, avec
pas mal de bords à tirer, ou au contraire une croisière au long cours, et qui
du fait de sa durée, présente des choix tactiques pour profiter au mieux du
vent et des courants. Peut-être est-ce une compensation au fait que depuis que
je navigue au bout du monde sur Sabay Dii, je n’ai plus ma dose hebdomadaire
d’endorphine, comme à l’époque où je régatais beaucoup. Ma jouissance n’est
plus dans l’art d’aller plus vite que les autres ou de contrôler les coureurs menaçants, mais je la retrouve en fignolant sur le papier mon trajet, en
imaginant ce que mon adversaire du jour, le vent, pourrait bien me jouer comme
vilain tour pour m’envoyer du mauvais côté du plan d’eau, et en réglant Sabay
Dii « aux petits oignons », comme un proto de course. Et dès que je
le sens filer à bonne allure, je savoure mon temps de mer, comme certains
dégustent une bière à la terrasse d’un bistrot. A chacun son truc, pas
vrai ?
Mais pour revenir à mon
mini-parcours, il ne me fallut pas longtemps pour le boucler, d’autant que
j’eus la chance d’être accompagné … (non Hervé, j’étais en solo) … discrètement
par une dizaine de petits dauphins, et surtout par deux mamans baleines avec
leurs petits. Pas des grosses baleines, mais des globicéphales (small fin pilot
whale), à l’aileron dorsal très caractéristique. Très curieuses, elles sont
venues directement vers moi et ont ensuite pris la même direction. Mais
apparemment les petits traînaient un peu, et je les ai perdues de vue dans mon
sillage.
Ces rencontres sont toujours
agréables, mais elles sont fort rares ici, alors qu’en mer de Cortez, j’avais
la chance d’en croiser quotidiennement (sauf avec Véro qui portait la
poisse !!!), et de toutes les variétés (baleines grises, grand rorqual, marsouins,
globicéphales, etc.)
A l’approche de la passe Tomatai
réputée dangereuse, j’ai amené les voiles pour me mettre au moteur et me
faufiler parmi les hauts fonds qui encombrent l’entrée et qui ont le chic pour
lever des vagues très surprenantes.
Le mouillage pressenti s’avérant excellent, j’ai mouillé
l’ancre.
Un peu de rangement est j’étais déjà en train de ramer sur
l’annexe pour aller visiter l’îlot voisin, qui malheureusement est TABU !
Donc, je me suis contenté de l’approcher et d’aller nager
le long du récif pour observer les nombreux petits poissons bariolés et peu
farouches.
Le lendemain matin, de bonne heure, après avoir admiré un
extraordinaire lever de soleil,
j’ai repris l’annexe pour essayer de trouver les fameux
pétroglyphes, et comme il y avait quelqu’un au bout du ponton voisin, je
suis allé lui demander quelques renseignements pour trouver ces vestigs d'une civilisation pré-européenne.
- N’y va pas à la rame. Il y a un petit sentier mais fais
gaffe au doberman de mon voisin Michel ; c’est pas qu’il est méchant mais
s’il t’attrappe. Et ton annexe attache là ici.
J’ai donc amarré mon zozo et, alors que j’allais m’engager
sur le chemin, son épouse m’invita à boire quelque chose avant de partir
marcher. Et voilà comment tout simplement, je fis connaissance avec Hoatua et
Linda, deux retraités ayant choisi de venir vivre ici, à Hihitera, très loin de l'agitation de Papeete.
Après avoir cherché en vain les pétroglyphes, au milieu
d’une belle forêt de mape, j’ai
repris le minuscule chemin dans l’autre sens.
En arrivant devant leur maison, Hoatua et Linda m’attendaient.
- Alors ces pétroglyphes
- Pas trouvé
- Tu as dépassé la pointe ?
- Non ! Comme il n’y avait plus de chemin mais plein de
traces je les ai cherchés avant la pointe.
- C’est juste après mais comme il n’y a plus de chemin, il faut passer par la mer. Je t’y
amènerai tout à l’heure après la pêche.
En quelques minutes nous sympathisions. Linda avait acheté
pour moi une baguette au bateau-magasin (car ici, le seul moyen de
communication et d’approvisionnement est le mer) et Hoatua m’avait invité à
aller chercher du poisson avant d’aller voir les pétroglyphes.
Après une excellente journée en
leur compagnie, j’ai rejoint le bateau.
- Demain, on t’attend pour le petit
déjeuner
- D’accord, et merci. Bonne soirée.
Et c’est ainsi que je passais
quelques jours avec Linda et Hoatua (et de temps en temps Coco leur neveu),
toujours invité à partager de véritables repas de fête en mon honneur.
Des gens formidables avec qui
nous sommes convenu de nous revoir au printemps prochain. Au revoir émus, avec
des cadeaux réciproques.
Tu sais que tu ici comme chez
toi. Alors on vous attend, toi et ton beau Sabay Dii.
Ah bon, tu y retournes encore au printemps prochain ? Je t'accompagnerais volontiers, entre les pétroglyphes et le sourire charmant de Coco, ce coin m'a l'air plein d'attraits !
RépondreSupprimerChiche !
RépondreSupprimerbonjour Didier, c'est manu .Toujours aussi magnifiques ces photos. et ce périple qui doit être si enchanteur. je te souhaite une super année 2014, avec encore plein de décourvertes et paysages . continue à nous faire rêver. bisous .
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