Alacasu, vous connaissez déjà, mais pas Phaselis, qui, de par sa position privilégiée sur la route maritime reliant la Grèce à la Syrie puis la Palestine, fut le plus important port de l'ouest de la Côte Lycienne pendant des siècles.
Phaselis vaut vraiment le détour, comme vous allez le découvrir ici.
D'Alacasu à Phaselis, il n'y a qu'un saut de puce de 2 ou 3 km, que l'on peut faire à pied, en empruntant un chemin mal balisé ou en longeant la côte dans un dédale de rochers tranchants comme du rasoir, ou en voiture quand on est un peu fainéant, ou encore en bateau quand on en a un, évidemment.
J'ai fait ce petit voyage d'abord à pied, par la côte à l'aller puis en cherchant un chemin que j'ai finalement découvert pour le retour. Je l'ai refait ensuite en annexe, pour chercher un mouillage pour Sabay Dii, mais surtout pour voir où passer, car l'endroit est "piégeux", à cause des vestiges de trois ports de cette ancienne cité et surtout à cause d'énormes blocs de pierre tombales aujourd'hui submergées.
Voici le plan de Phaselis qui aide à repérer les constructions terrestres, mais aussi les structures marines ; deux ports à l'Est de la presqu'île, et un troisième sur le côté occidentale, et une grande digue aujourd'hui submergée).
Sur ce relevé topographique (où le Nord est à gauche et non en haut) on peut voir les trois ports, en faisant un petit effort de lecture, je le concède. |
Comme je vous l'ai déjà dit, Phaselis fut "Le Grand Port" de la Lycie, pendant des siècles. De là, on exportait notamment du bois issu de l'arrière-pays (la chaîne des monts Bey et plus près, la superbe forêt devenue aujourd'hui le Parc National d'Olympos), ainsi que des roses destinées à la production de parfums. Hérodote en parle comme d'une cité de pirates, et j'aurais tendance à le croire, vu les bateaux que j'ai rencontrés à Alacasu et aussi ici à Phaselis, comme vous allez le voir en image.
Certaines sources attestent que la ville aurait été fondée en - 690 par des colons de l'île voisine de Rhodes, sous le commandement du dorien Lacios. Ce dernier, originaire de Thessalie, avait reçu de l'oracle de Delphes, l'ordre de marcher vers le Levant. Arrivé à la frontière de la Lycie et de la Pamphylie (la région plus à l'Est), il acheta le terrain, sur lequel il voulait fonder la cité, au propriétaire, un berger nommé Cylabras. Une fois la cité bâtie, les habitants lui érigèrent un sanctuaire et lui offraient régulièrement du poisson.
Phaselis passera sous domination perse au milieu du VIe siècle av. J.-C., et ne sera libérée qu'en - 469 par Cimon d'Athènes, en même temps que le reste de la Lycie. Phaselis s'alliera ensuite au général grec contre les Perses, mais moyennant un fort tribut, ce qui fait que, paradoxalement, Alexandre le Grand y sera accueilli en libérateur, lors de son arrivée en conquérant (en - 333). Et c'est à la demande de Phaselis, qu"il attaquera sa rivale Termessos que je vous ai déjà présentée.
Phaselis passera ensuite sous les dominations successives des Lagides (jusqu'en - 197), puis des Séleucides. En - 190, elle repasse sous domination rhodienne, dont elle se libère vers - 150 pour rejoindre la Confédération Lycienne. Son histoire mouvementée continue avec sa conquête par des pirates ciliciens, avant d'être rattachée pour plusieurs siècles à l'empire romain, comme toute la région. Bien plus tard (en 1158), Phaselis est conquise par les Seldjoukides, et sombrera finalement dans l'oubli au bénéfice des villes portuaires d'Antalya et Alanya.
Mais, comme vous allez le voir en images, malgré son histoire très chaotique, Phaselis a gardé sur pied quelques belles constructions, et surtout un charme fou dû à sa situation incroyablement privilégiée, au pied des montagnes, à la limite entre forêts, marécages et la mer qui enveloppe ce petit joyau comme dans un écrin
Et puis, ce petit théâtre qui m'a rappelé toutes ces pièces apprises au collège |
Me voici en Camille, dans la scène 5 de l'Acte IV, sans ma perruque. Horace, mon frère, vient de m'annoncer avec fierté qu'il a vengé nos deux frères en tuant les trois Curiaces, et parmi eux, mon amant. Loin de partager sa joie, je pleure sa mort et maudit mon frère et Rome, ce qui finira très mal pour moi ... la mort !
Ah Corneille !!!
Horace
Ma sœur, voici le bras qui venge nos deux frères,
Le bras qui rompt le cours de nos destins contraires,
Qui nous rend maîtres d’Albe ; enfin voici le bras
Qui seul fait aujourd’hui le sort de deux états ;
Vois ces marques d’honneur, ces témoins de ma gloire,
Et rends ce que tu dois à l’heur de ma victoire.
Ma sœur, voici le bras qui venge nos deux frères,
Le bras qui rompt le cours de nos destins contraires,
Qui nous rend maîtres d’Albe ; enfin voici le bras
Qui seul fait aujourd’hui le sort de deux états ;
Vois ces marques d’honneur, ces témoins de ma gloire,
Et rends ce que tu dois à l’heur de ma victoire.
Camille
Recevez donc mes pleurs, c’est ce que je lui dois.
Recevez donc mes pleurs, c’est ce que je lui dois.
Horace
Rome n’en veut point voir après de tels exploits,
Et nos deux frères morts dans le malheur des armes
Sont trop payés de sang pour exiger des larmes :
Quand la perte est vengée, on n’a plus rien perdu.
Rome n’en veut point voir après de tels exploits,
Et nos deux frères morts dans le malheur des armes
Sont trop payés de sang pour exiger des larmes :
Quand la perte est vengée, on n’a plus rien perdu.
Camille
Puisqu’ils sont satisfaits par le sang épandu,
Je cesserai pour eux de paraître affligée,
Et j’oublierai leur mort que vous avez vengée ;
Mais qui me vengera de celle d’un amant,
Pour me faire oublier sa perte en un moment ?
Puisqu’ils sont satisfaits par le sang épandu,
Je cesserai pour eux de paraître affligée,
Et j’oublierai leur mort que vous avez vengée ;
Mais qui me vengera de celle d’un amant,
Pour me faire oublier sa perte en un moment ?
Horace
Que dis-tu, malheureuse ?
Que dis-tu, malheureuse ?
Camille
Ô mon cher Curiace !
Ô mon cher Curiace !
Horace
Ô d’une indigne sœur insupportable audace !
D’un ennemi public dont je reviens vainqueur
Le nom est dans ta bouche et l’amour dans ton cœur !
Ton ardeur criminelle à la vengeance aspire !
Ta bouche la demande, et ton cœur la respire !
Suis moins ta passion, règle mieux tes désirs,
Ne me fais plus rougir d’entendre tes soupirs ;
Tes flammes désormais doivent être étouffées ;
Bannis-les de ton âme, et songe à mes trophées :
Qu’ils soient dorénavant ton unique entretien.
Ô d’une indigne sœur insupportable audace !
D’un ennemi public dont je reviens vainqueur
Le nom est dans ta bouche et l’amour dans ton cœur !
Ton ardeur criminelle à la vengeance aspire !
Ta bouche la demande, et ton cœur la respire !
Suis moins ta passion, règle mieux tes désirs,
Ne me fais plus rougir d’entendre tes soupirs ;
Tes flammes désormais doivent être étouffées ;
Bannis-les de ton âme, et songe à mes trophées :
Qu’ils soient dorénavant ton unique entretien.
Camille
Donne-moi donc, barbare, un cœur comme le tien ;
Et si tu veux enfin que je t’ouvre mon âme,
Rends-moi mon Curiace, ou laisse agir ma flamme :
Ma joie et mes douleurs dépendaient de son sort ;
Je l’adorais vivant, et je le pleure mort.
Ne cherche plus ta sœur où tu l’avais laissée ;
Tu ne revois en moi qu’une amante offensée,
Qui comme une furie attachée à tes pas,
Te veut incessamment reprocher son trépas.
Tigre altéré de sang, qui me défends les larmes,
Qui veux que dans sa mort je trouve encor des charmes,
Et que jusques au ciel élevant tes exploits,
Moi-même je le tue une seconde fois !
Puissent tant de malheurs accompagner ta vie,
Que tu tombes au point de me porter envie ;
Et toi, bientôt souiller par quelque lâcheté
Cette gloire si chère à ta brutalité !
Donne-moi donc, barbare, un cœur comme le tien ;
Et si tu veux enfin que je t’ouvre mon âme,
Rends-moi mon Curiace, ou laisse agir ma flamme :
Ma joie et mes douleurs dépendaient de son sort ;
Je l’adorais vivant, et je le pleure mort.
Ne cherche plus ta sœur où tu l’avais laissée ;
Tu ne revois en moi qu’une amante offensée,
Qui comme une furie attachée à tes pas,
Te veut incessamment reprocher son trépas.
Tigre altéré de sang, qui me défends les larmes,
Qui veux que dans sa mort je trouve encor des charmes,
Et que jusques au ciel élevant tes exploits,
Moi-même je le tue une seconde fois !
Puissent tant de malheurs accompagner ta vie,
Que tu tombes au point de me porter envie ;
Et toi, bientôt souiller par quelque lâcheté
Cette gloire si chère à ta brutalité !
Horace
Ô ciel ! Qui vit jamais une pareille rage !
Crois-tu donc que je sois insensible à l’outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?
Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
Et préfère du moins au souvenir d’un homme
Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.
Ô ciel ! Qui vit jamais une pareille rage !
Crois-tu donc que je sois insensible à l’outrage,
Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?
Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
Et préfère du moins au souvenir d’un homme
Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.
Camille
Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’orient contre elle à l’occident s’allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l’univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !
Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encor mal assurés !
Et si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’orient contre elle à l’occident s’allie ;
Que cent peuples unis des bouts de l’univers
Passent pour la détruire et les monts et les mers !
Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles,
Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !
Horace
C’est trop, ma patience à la raison fait place ;
Va dedans les enfers plaindre ton Curiace.
C’est trop, ma patience à la raison fait place ;
Va dedans les enfers plaindre ton Curiace.
Camille
Ah ! Traître !
Ah ! Traître !
Horace
Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain !
Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain !
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