La Côte Lycienne s'étend entre Marmaris et Antalya, dans le Sud de la Turquie.
|
Carte de la Côte Lycienne (d'après le Guide de navigation Vagnon Turquie-Chypre de Rod Heikell) |
|
Voila ce que j'ai découvert, en arrivant de ma traversée de la Méditerranée. Un rivage surmonté de montagnes dépassant par endroits les 2000 mètres d'altitude. Impressionnante, cette Côte Lycienne ! |
C'est une côte inhospitalière pour les marins, car elle s'appuie sur un impressionnant massif montagneux, creusé de vallons escarpés qui finissent dans la mer sous forme de criques étroites aux falaises abruptes plongeant très rapidement dans l'eau. Cette côte rocheuse et acore ne présente donc que peu d'abris sûrs, c'est-à-dire à la fois protégés des vents dominants de par la forme et le relief des sites, et à la fois favorables à la bonne tenue d'une ancre (moins de 15 mètres d'eau sur un fond de sable ou de vase).
|
Exemple de crique pas trop "mauvaise". A voir comment les falaises plongent dans la mer, on devine qu'il ne sera pas facile de trouver une zone de mouillage avec pas trop de fond. |
La Côte Lycienne, hostile vue du large, étaient redoutée des marins de l'Antiquité, et pourtant elle fut occupée dès 1400 av. J.-C. par un peuple, les Lyciens, probablement originaire d'Anatolie et parlant une langue indo-européenne, qui établirent de nombreux cités, dont leur capitale Xanthos. Ce devait être de sacrés marins, car la mer était à l'époque le seul moyen de communication entre les vallées, et comme vous le verrez, elle n'est ni facile à négocier, ni "gâtée" par la météo, surtout pour des bateaux qui ne remontent pas au vent comme c'était le cas à l'époque. On pense que c'est probablement d'eux qu'il s'agit lorsque les textes égyptiens évoquent le peuple maritime des Lukas.
|
Des falaises, encore des falaises, toujours des falaises ! |
Ces Lyciens, peut-être à cause de la rudesse de leur environnement, étaient réputés pour leur caractère farouche et pour leur aptitude à se battre, ce qui leur valut d'être les derniers de la Méditerranée à se soumettre à des envahisseurs. Ainsi, dans leur lutte contre les Perses, Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) raconte que les Lyciens vaincus dans une bataille par le général Harpage, plutôt que de se rendre, se regroupèrent à Xanthos où en accord avec la population, ils décidèrent de ne pas se rendre et de se sacrifier pour ne rien laisser à l'envahisseur. Leur héroïsme fut tel qu'ils détruisirent leur acropole, brûlèrent tout leur bien, tuant leurs femmes, enfants et esclaves et se lancèrent à l'assaut des Perses, dans une ultime attaque où ils furent tous massacrés. Quelques siècles plus tard, face aux romains cette fois, ils réitérèrent ce sacrifice, lors du siège de leur ville par Brutus en personne. Plutarque raconte : "C'était une vision si tragique que Brutus ne put la supporter, il pleurait même à la seule évocation de la scène". Dans l'incapacité de venir à bout des Lyciens, le Sénat Romain du finalement se résigner à reconnaître l'indépendance de la Lycie en 167 av. J.-C.
Ce caractère indépendant et farouche n'a pas empêché les Lyciens de commercer quelques siècles plus tôt (VII e siècle av. J.-C) avec les grecs qui sillonnaient la Méditerranée Orientale, et de profiter de leur technique (notamment architecturale) en s'imprégnant de leur culture. On retrouve l'influence de la civilisation Grecque chez les Lyciens dans tous les domaines, le premier étant l'alphabet qu'ils s'approprièrent et auquel ils rajoutèrent quelques signes. En religion, ils adoptèrent et adaptèrent aux leurs, des divinités Grecques. Par exemple, le Dieu Anatolien de l'orage Tarchunt (présent aussi chez les Hittites) fut assimilé à Zeus, etc... En sculpture, les Lyciens firent venir des artistes de Grèce pour décorer les tombes royales. Cette culture Grecque, se perdit un peu à l'époque Romaine, où l'on construisit des forums, des thermes etc... Le seul "savoir faire indigène" qui les rendit célèbre, fut la construction en pierre de leurs tombeaux dans une forme inhabituelle. Il n'est donc pas surprenant de trouver dans une crique de la côte, ou dans l'arrière pays, une agora ou un théâtre adossé à la mer (comme à Phaselis) ou perché sur une montagne (comme à Termessos).
|
Le théâtre de Termessos, dans les nuages |
|
Idem |
|
Le théâtre de Phaselis, en bord de mer |
Sous l'Empire Byzantin, la Lycie déclina et devint tellement mal fréquentée qu'elle était connue de monde maritime sous le nom évocateur de "la côte des pirates".
Avec le temps, les vestiges du peuple Lycien d'effacèrent, à l'exception des tombeaux rupestres et des sarcophages, innombrables qui jalonnent le littoral autant que l'arrière-pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire