Coen (prononcer Koun) est
sud-africain. Un homme discret, voire un peu timide, mais
formidablement aimable, attentionné, chaleureux et généreux.
Anéanti par le décès de sa chère
épouse Grazia des suites d’un méchant cancer, il a décidé de
prendre la mer pour longtemps. Pour cela, il avait besoin d’un
bateau qu’il a construit de toutes pièces, et que, tout
naturellement, il a appelé Grazia.
Grazia est un bateau très étonnant :
un catamaran à deux mâts, tout en bois et cordages. Ne cherchez pas
de ferrures pour les cadènes de haubans ou les aiguillots de safran.
Sur ce voilier tout tient parfaitement avec des pièces de bois
parfaitement ajustée et des cordages pour assurer les liaisons
mobiles ou réglables. De la belle ouvrage.
Nous nous sommes rencontrés à
plusieurs reprises. La première fois, ce fut à Rangiroa, un atoll
des Tuamotu que je connais bien et où il était arrivé sans cartes
précises. Étonné par son étrange voilier, je lui avais rendu
visite et lui avais proposé de venir à bord de Sabay Dii pour lui
fournir des renseignements très utiles pour la navigation dans cet
atoll. Quelques semaines après, nous nous retrouvions à Tikehau, un
autre atoll des Tuamotu, et ce fut lui qui m’invita sur Grazia pour
une pasta-parte. Et nous suivîmes ensuite la même route jusqu’à
Tahiti, où nous passâmes plusieurs semaines à quelques encablures
l’un de l’autre, dans le lagon de Punaauia. Enfin, aidé de son
fils venu le rejoindre pendant ses vacances scolaires et d’un ami,
c’est Coen qui vint plonger pour délivrer l’ancre de Sabay Dii,
empêtrée dans un ancien corps mort qui m’empêchait de reprendre
le large pour rejoindre les Tonga.
Nous nous sommes donné rendez-vous en
Afrique du Sud, dans quelques années, mais ce ne serait pas sur une
réelle surprise si Grazia et Sabay Dii se retrouvaient encore dans
les prochains mois, du côté des Fidji, de la Nouvelle Zélande ou
de la Papouasie Nouvelle Guinée, pour quelques nouveaux moments de
convivialité.
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