Tout
près d'Oua se trouve l'île d'Haafeva.
et son « grand » village de 200 personnes où l'on trouve comme partout ailleurs, des cochons plein les rues, et des églises tous les 100 mètres. Mais ici, il y a aussi un petit dispensaire appelé pompeusement « hôpital » et une baraque faisant office d'épicerie.
L'occasion pour Joëlle d'aller consulter l'infirmière pour son dos toujours douloureux et pour nous trois de tenter de dénicher, sans trop nous faire d'illusion, de quoi nous nourrir à notre manière (comme par exemple des fruits, des légumes, du lait et quelques kilos de farine pour faire le pain à bord). Sans grande surprise, nous repartirons de l'échoppe avec quelques paquets de crackers.
Mais qu'étions-nous donc venus faire sur cette île paumée d'Haafeva ?
En fait, j'avais décidé Jo et Ba à nous détourner de la route directe pour faire un petit arrêt ici, car j'avais lu qu'on y trouvait le meilleur accueil des Tonga. En réalité, au cours de cette après-midi passée à Haafeva, nous ne rencontrerons pas grand monde dans la grande rue de terre battue qui traverser le village, si ce n'est le personnel de l'hôpital qui attend, avec impatience et un petit cochon grillé de bienvenue, un docteur voyageant sur son catamaran qui doit apporter quelques médicaments.
Bande de fibres avec lesquelles ont fait les tapas (vêtements et décorations murales traditionnelles) |
La rue principale du village |
Cette première
visite du village sera aussi l'occasion de nous faire aborder par une
jeune femme de 24 ans, parlant correctement l'anglais, ce qui est
rare au Ha'apai, et qui va nous accompagner tout le reste de
l'après-midi sans nous lâcher d'une semelle. Elle en profitera pour
raconter à Joëlle sa vie pas rigolote du tout de femme qu'on a
mariée trop jeune et très mal à Nuku'alofa, la capitale, et son
retour sur son île natale pour retrouver la paix auprès de ses
parents. En nous séparant pour rejoindre le bateau, elle nous
donnera rendez-vous pour le lendemain en nous précisant que ce sera
son anniversaire.
Le
lendemain, avant l'heure convenue, elle est là, arpentant avec
impatience le vieux quai délabré du village. Nous la rejoignons en
annexe. Un tout petit cadeau d'anniversaire et un « happy
birthday » joué à l'harmonica, et nous voilà repartis avec
elle, sur les chemins de Haafeva, sans programme connu. Sans nous
expliquer non plus où nous allions, elle nous conduit dans la
direction opposée au village, à travers le bush, au milieu des
cocotiers, de clairières enfumées, et de champs de tarots et de
songes, jusqu'à arriver dans un bois.
Sous un arbre, un homme barbu
et vêtu de quelques haillons est allongé sur le dos, les yeux
fermés : son père, qui ne bougera pas d'un millimètre à
notre arrivée, et qui ne nous dira mot. Notre guide nous laisse
alors là, plantés sans explications, et revient quelques minutes
après avec sa mère, une femme souriante qui nous apporte les nattes
de feuilles de cocotiers qu'elle vient de tresser pour que nous
puissions nous reposer à l'ombre des arbres. Quelques mots échangés
avec sa fille et le renfrogné de père et les voilà reparties.
Nous nous demandions un peu ce que nous faisions-là à côté du vieux grincheux lorsque nous les vîmes revenir avec un immense sourire et des petits paquets faits de feuilles de bananiers fumantes, à l'intérieur desquelles nous allons découvrir un succulent repas qu'elles avaient du passer des heures à nous préparer dans la forêt. Un délice fait de patates douces, de saucisses de porc maison, de morceaux de poulet, et de feuilles de brèdes vert foncées finement hachées.
Nous
venons de découvrir ce qu'est l'hospitalité des habitants des
Tonga, ou du moins des Ha'apai. Très froids et peu souriants au
premier abord, ces insulaires ont des manières bien différentes de
celles des polynésiens. Il leur faut du temps pour montrer qu'ils
sont accueillants. Mais quand ils se dévoilent, leur accueil est
exceptionnel. Malheureusement, ce genre de situation ne se reproduira
plus de tout le voyage. Heureusement que la route de Sabay Dii
passait par Haafeva.
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