Rangiroa, Tikehau, Kauei, Fakarava, …
autant de noms étranges aux oreilles d’un européen pour désigner les îles des Tuamotu. 76 au total, mais, pour
l’heure, je n’en ai exploré qu’une dizaine, celles du nord-ouest de l’archipel.
Ce sont aussi celles qui ont la réputation d’être les plus belles, mais je
crois bien que cette notoriété est plus commerciale qu’objective, car les atolls
des Tuamotu ont tous un charme certain pour celui qui a envie de s’y plaire.
Certes, il y en a où il est difficile d’y vivre et même parfois d’y arriver car
dépourvu de passe franchissable en bateau. Et comme je n’ai pas encore
d’hélicoptère, certains atolls me sont physiquement interdits de visite. Mais
qu’importe ; j’ai trouvé mon bonheur dans ceux que j’ai eu la chance de
parcourir ave mon fidèle Sabay Dii, que ce soit au cours de mon premier
périple, en mai et juin (Manihi, Ahe, Tikehau, Apataki, Toau) ou tout
dernièrement (voir le trajet du deuxième périple sur carte ci-dessous).
De drôle de noms, disais-je, mais
qui ont, pour la plupart, un sens en langue paumotu.
Par exemple, Rangiroa, ou plutôt
Rai’roa, signifie « ciel immense ». Drôle de nom pour une île me
direz-vous. Eh bien pas du tout, car cet atoll, le plus grand des Tuamotu,
est si étendu (80 km du NW au SE) qu’on n’arrive pas à en voir les limites. A
Rangi, on se demande où est passé l’océan, où finit le lagon et où
commence le ciel. Impossible à dire, engloutis que l’on est dans les bleus
turquoise, curaçao, lapis-lazuli, … qui ont absorbé tout l’espace. Une
perspective hallucinante où l’horizon évanescent donne la vertigineuse
impression que la mer et le ciel se sont volontairement unis pour nous perdre
dans le mystère de l’infini. Fil à plomb de rigueur pour ne pas perdre les
notions de verticale/horizontale, dans ce « ciel immense ».
Tikehau, la petite voisine de
Rangiroa signifie « accostage facile » ou « emplacement
paisible ». Mais ce nom peut aussi être interprété d’une autre façon,
quand on sait que dans le mythe polynésien, on parle d’un enfant Tiehau (qui
s’est plus tard transformé en Tikehau) qui était le symbole de l’union parfaire
entre un homme Tii, et une femme, Hau.
Autre légende : on
racontait, il y a bien longtemps que Tû, le dieu suprême des îles Tuamotu,
avait eu l’intention de conduite Tahiti, le Poisson, dans un grand lagon appelé
Rangiroa. Il l’avait d’ailleurs construit à cet effet, et avait voulu aussi
placer Moorea, (l’île sœur de Tahiti) dans un lagon plus petit, et également
construit à cet effet, Tikehau. Mais les deux îles s’échouèrent sur un haut
fond et n’en ont plus jamais bougé. Légende étrange de réalisme géométrique, car,
quand on compare la forme et la disposition des couples respectifs
Tahiti-Moorea et Rangiroa-Tilkehau (voir carte ci-dessus), on se dit que les
anciens n’avaient pas besoin de photos satellitales pour jauger leur
environnement.
Je vous épargnerai d’autres
légendes et d’autres développement sémiotiques, mais sachez que presque tous
les noms d’atolls des Tuamotu ont un sens, soit littéral, soit mythologique.
Au fait, savez-vous ce que veut
dire Tuamotu ?
Tout simplement « les îles
(motu) nombreuses (tua) ». Mais à cette appellation logique et comptable,
je préfère de loin celle de Robert Louis Stevenson : « les îles de la
matière dont on fait les songes ».
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