Bon ! Tu viens avec moi ?
Je finis de préparer le bateau et, vers minuit ou une heure
du matin, je pars pour Rangiroa, dans les Tuamotu.
Tu hésites à venir parce que tu ne sais pas super bien
barrer ?
Mais cela n’a aucune importance ! Un barreur, c’est ce
qu’il y a de moins utile sur un voilier, car un régulateur d’allure ou un pilote électronique font cela mieux que
quiconque. Sur Sabay Dii, personne ne s’occupe de la barre.
Ce dont un skipper a besoin, c’est d’une personne motivée,
disponible, vigilante, capable de veiller attentivement notamment une partie de
la nuit, sans s’endormir évidemment, et qui l’avertisse à la moindre
inquiétude. C’est à moi qu’incombent toutes les décisions difficiles. Et si en
plus tu es de bonne humeur, confiante, et que tu positives, c’est sûr
que cette navigation sera un régal.
Mais dans tous les cas, ce qui est impératif, c’est que tu appliques les consignes du « patron » sans discuter. Pas rigolo hein ?
Et ce serait la même chose si tu avais l’expérience d’une vie de skipper professionnel !
Mais c’est pourtant comme ça que ça marche le mieux. Demande son avis à Véro, la super-équipière qui est venue passer un mois sur Sabay Dii l'an dernier.
Bon ! Je vois que tu te décides à embarquer. A la bonne heure !
Que je te donne quelques détails sur le
« script » de notre nouvelle petite aventure …
Il va nous falloir 36 heures environ, si la météo ne s’est pas plantée dans ses prévisions, pour atteindre Rangiroa. En partant vers minuit de Papeete, on devrait arriver là-bas dans deux jours, vers midi, pour entrer dans le lagon lorsque la Lune passera au méridien supérieur (je t'expliquerai bientôt pourquoi). Et si tu as fait un peu d’astronomie, tu devrais déduire de cette information que nous serons forcément à la nouvelle lune. Donc deux nuits bien noires nous attendent.
Bon ! Parée pour le départ ?
Il va nous falloir 36 heures environ, si la météo ne s’est pas plantée dans ses prévisions, pour atteindre Rangiroa. En partant vers minuit de Papeete, on devrait arriver là-bas dans deux jours, vers midi, pour entrer dans le lagon lorsque la Lune passera au méridien supérieur (je t'expliquerai bientôt pourquoi). Et si tu as fait un peu d’astronomie, tu devrais déduire de cette information que nous serons forcément à la nouvelle lune. Donc deux nuits bien noires nous attendent.
Bon ! Parée pour le départ ?
La météo annonce pour cette nuit
et demain matin un petit vent d’est-nord-est et une mer peu agitée. Comme on va
vers le nord-est, nous commencerons par naviguer au près serré. Ce sont de
bonnes conditions pour Sabay Dii, sauf que dans le Pacifique Sud, ces
conditions sont toujours inconfortables.
Ça va ? Pas trop fatiguée par ce rodéo permanent ? Pas facile de se tenir debout, ni de cuisiner ou de manger, avec ces petites vagues apparemment insignifiantes et pourtant si pénibles. Heureusement que j’avais préparé le repas de midi bien à l’avance, pas vrai ? Un repas facile à manger pour ne pas renverser sa pitance partout. Mais dans quelques heures, ça ira mieux, car nous devrions avoir plus de vent, toujours au près serré. Et paradoxalement, la navigation avec du vent dans cette mer hachée devient presque confortable. D’ailleurs le vent commence à monter. Sabay Dii piaffe d’impatience.
Cela fait déjà dix-huit heures qu’on est parti. Le vent maintenant devrait tourner un peu vers l’est et on va se retrouver au près bon plein pendant toute la nuit. On va bomber mais l’important c’est de bien suivre notre direction sur le compas, car il y a l’atoll de Makatea sur notre route.
On devrait arriver dans les
parages de cet îlot entre minuit et deux heures du matin. On le laissera à
notre droite, pour passer à l’ouest. Pourquoi ce
côté et pas l’autre ? Tout simplement parce qu’on doit toujours prévoir
l’imprévisible, le gros pépin qui pourrait arriver (comme un démâtage) et il
est hors de question que le vent (mais aussi le courant qui est souvent fort
entre les atolls) nous fasse dériver vers un récif aussi dangereux. Donc on
passe sous son vent.
Tout est bien compris ?
Toujours en forme et motivée pour attaquer la deuxième nuit ?
Le jour se lève.
Pas trop crevée après cette deuxième nuit ? Les
conditions étaient bonnes, mer peu agitée, 15 à 20 nœuds au bon plein. On a super
marché ; presque 9 nœuds de moyenne sur les 12 dernières heures.
Comme prévu, on n’a rien vu de Makatea, alors qu’on n’était
qu’à quelques milles de cet atoll inhabité. Comme tous les atolls, il était
tapi dans l’obscurité, au raz de l’eau, silencieux. Mais pas invisible si l’on
dispose d’un radar. Tu l'as vu sur l’écran, ce fin contour rouge ;
c’était le pourtour de l’atoll, le récif qui nous renvoyait un écho ténu mais néanmoins
très net.
Eh oui ! Deux précautions valent mieux qu’une :
beaucoup de personnes naviguent aujourd’hui en faisant une confiance aveugle
dans leur GPS, mais en oubliant que beaucoup de cartes marines sont fausses, ce
qui rend l’utilisation du GPS complètement fantaisiste. Donc, moi je navigue au
GPS quand je suis sûr qu’il n’y a rien sur ma route, mais à l’approche du
moindre danger, je cherche la confirmation du radar sur ma position. Et comme
un radar peut être utilisé pour faire sa recherche, en tâche de fond et à
intervalles de temps programmés, je ne m’en prive pas. C’est ce qui me permet
de dormir comme un loir quand je navigue en solo de nuit. Au moindre écho, son
alarme me réveille. Je vois de quoi il retourne. Si nécessaire je modifie la route
du bateau, et je repars me jeter dans les bras de Morphée, peinard.
Terre, terre ! Terre à tribord, terre à trois
heures !
On ne l’a pas ratée ! Ouf !
Maintenant, on va perdre une bonne partie de notre avance
pour longer la côte contre le vent et le
courant, mais c’était prévu.
Et voilà la passe d’Avatoru. Ça a l’air calme et c’est
normal, car d’une part cette passe est beaucoup moins terrible que sa voisine redoutable et redoutée, la
passe de Tiputa, et d’autre part, on est arrivé pile à midi. C’était l’heure
idéale aujourd’hui pour pénétrer dans le lagon avec un faible courant entrant.
Super.
Voici le village éponyme de la
passe d’Avatoru.
Effectivement, ça à l’air drôlement grand ici !
Impossible de voir l’autre côté qui est à plus de 70 km.
trop bien ton blog ,on a l'impression d'y être...
RépondreSupprimerbonne nav et bonne continuation
bises
véro