Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

vendredi 23 juillet 2021

Éole, tu peux faire l'mariole ; moi j'suis peinard dans ma piaule

Déjà deux jours que je suis coincé sur Sabay Dii par un vent ne descendant jamais en-dessous de 23- 25 nœuds avec de belles claques faisant sursauter le bateau et son capitaine. Impossible d’aller à terre ni même de penser faire un petit plouf, tant l’eau circule vite autour de Sabay Dii. Et ça n’a pas l’air de vouloir se calmer pour les jours prochains.

Bien que la météo n’annonçât point de coup de vent, j’avais un pressentiment lorsque, il y a trois jours, dans la soirée, j’ai vu le vent basculer brutalement de 180°. J’ai tout de suite décidé de changer de mouillage et d’aller me mettre à l’abri à Paşa Köyü (appelée aussi Çamık Köyü), une petite baie, à l’intérieur d’une plus grande, dans l'archipel d'Ayvalic, avec seulement 4 à 5 mètres d’eau sur un fond de sable plus ou moins vaseux et herbeux. Le vent venant du Nord au Nord Est (entre 10 et 20°), je me suis placé dans le petit renoncement au Nord de cette anse, sous le vent d'une colinne, pour être un peu déventé. La première nuit s’est passée sans problème, mais hier en début de matinée, le vent a très nettement forci en passant un peu plus Est, et j’ai eu droit à une glissade de 100 mètres, sans conséquences. Une bonne alerte pour remettre beaucoup plus de chaîne et surtout m’assurer que l’ancre avait bien croché. Depuis plus de soucis, mais prudent comme pas deux, j’ai préparé une deuxième ancre plus lourde que la première (30 kg) prête à être empennelée sur la chaîne de la première, au cas où on passerait le force 7. Et j'ai mis une alarme de mouillage sur mon traceur pour me prévenir si d'aventure, mon ancre se remettait à chasser. Mais je suis serein.

 

Alarme calée à 45 m autour de l'ancre.




 





Alors que faire, lorsqu’on est confiné dans son bateau. Eh bien la même chose que toute personne confinée aujourd’hui chez elle, à part que je n’ai ni télévision, ni radio, ni Internet, et rarement du réseau  téléphonique de toute façon hors de prix. Heureusement, la vraie vie ne se limite pas à des relations sociales via ces machines communicantes. C’est donc retour vers le (futur, ah non !) passé, à part que sur un bateau, le futur et le passé n’ont pas grande importance, comparés au présent. Donc je profite du temps libre que me laisse cet interlude météorologique pour vaquer à des occupations simples : faire le ménage et le nettoyage, un peu de cuisine, remplir le livre de bord, et bien sûr jeter un coup d’œil régulièrement (de jour comme de nuit) pour évaluer la situation qui de toute façon n’est pas périlleuse, vue la configuration du site. Et puis, même déconnecté, je dispose d’outils informatiques, de cartes marines, d’un guide de croisière en Turquie, de guides touristiques, pour préparer mes futures navigations et mes futures escapades terrestres. J’ai de la lecture, mes harmonicas, et surtout pleins de rêves éveillés pour m’occuper, me bercer d'illusions, me laisser croire que je ne suis pas seul au monde, que la vie même d'ermite est incroyablement enrichissante, et que quelle que soit sa situation (avec ou sans coup de vent, avec ou sans Covid, avec ou sans argent, amis, parents, santé, chance, ...), elle vaut vraiment le coup d'être vécue. Donc je savoure !

Comme je ne manque ni d’eau, ni de nourriture, que le temps fasse ce qu’il veut. Et moi aussi !

PS : j'allais oublier de dire que ça me laisse le temps de trier mes photos et d'écrire les textes pour le blog qui sera alimenté quand je passerai près d'une antenne. Mais seul Éole sait quand !

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