Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mercredi 10 avril 2019

Les "marsas" de la côte soudanaise

Comme vous le savez déjà, Sabay Dii est resté trois semaines à Suakin où nous étions très bien, mais néanmoins coincés par une météo exécrable pour la navigation à voile : force 6 à 7 de vent de Nord pendant plus de 20 jours d'affilée, et en Mer Rouge, cela donne des vagues épouvantables que l'on prend de face si l'on va vers Suez.
Ayant une petite fenêtre favorable, et le précieux permis de croisière, j'ai décidé de quitter Suakin, en empruntant le chenal intérieur qui longe la côte jusqu'à Port Soudan, et où la mer est bien moins mauvaise qu'au large.

Ce genre de navigation impose quelques règles impératives :
  • ne pas partir de nuit mais partir avant le lever du soleil, car étant de ce côté de la Mer Rouge, en quittant le mouillage, on va obligatoirement vers l'Est. Or pour voir les récifs omniprésents qui bordent la côte, il faut avoir suffisamment de lumière mais pas le soleil dans les yeux.
  • il faut préparer minutieusement sa route en marquant tous les points dangereux ou litigieux et s'en tenir à plus de un ou deux milles car même si le GPS est un outil de précision, il n'est utile que si les cartes sont aussi précises. Or non seulement elles ne le sont pas, mais elles sont souvent fausses. Quand le GPS indique une position sur la carte, cette dernière ne correspond pas forcément et précisément à la position dans la réalité.
  • Il faut naviguer en permanence en combinant suivi méticuleux de la route prévue sur la carte et observation permanente de l'environnement (couleur de l'eau, bruit d'éventuels ressacs, observation du ciel et des nuages, étude de la surface de l'eau pour deviner les risées et leurs direction, etc.)
  • et il faut regarder sa montre car la route a du être choisie en fonction de la durée de la navigation, ce qui demande d'avoir anticipé la vitesse qu'aura le bateau, le temps perdu ou gagné avec les courants contraires ou favorables, etc.
Si l'on fait tout ce qu'il faut, la navigation se passe parfaitement. Et effectivement, à 10 minutes près par rapport au programme, nous sortions du chenal intérieur, aux environs de Port Soudan, vers midi, pour gagner la plein mer qui présente moins de dangers, puisqu'on est loin des rochers et du corail.
Mais nous ne venions de faire qu'un saut de puce sur notre route vers Port Ghalib, en Egypte
Le vent étant de Nord, nous avons navigué en zig zag, à tirer des bords contre le vent et des vagues pas trop méchantes, pendant tout le reste de la journée, la nuit et tout le lendemain.
Ne voulant pas prendre de risque, à cause de la possible fatigue d'une part, et à cause de la météo pas très bonne pour la navigation dans une zone pleine de récifs, d'autre part, j'avais décidé de faire une halte à Marsa Inkefal, et c'est en milieu d'après-midi que nous avons obliqué vers la côte, pendant que l'"Etoile" qui était derrière nous continuait plein Nord.

Au Soudan, comme en Egypte, on appelle "marsa" une sorte d'estuaire mais qui à la différence de ce que nous avons chez nous, ne correspond à aucun cours d'eau se déversant dans la mer. Ici, c'est le désert, et ces indentations dans la ligne de côte sont dues au relief et à l'érosion qui est très importante à cause du vent et de la nature du sol (de la poussière de corail, des coquillages et du sable aggloméré).
Marsa Inkefal
Voila à quoi ressemble le sol.
Les marsas offrent une protection remarquable contre les vagues mais aucune contre le vent, car le relief ne dépasse que très rarement 5 mètres d'altitude.
Le lendemain de notre arrivée, au petit matin, dans la marsa
Ce choix de se mettre à l'abri était le bon, car le lendemain nous avons pu nous reposer et aller à terre, faire quelques photos.

A perte de vue, un désert non pas de sable mais d'un agrégat de coquillages, corail, et de fin gravier.
Sous l'action du vent, le sel forme des petites perles
Et en arrière-plan, des chaînes de très hautes montagnes ... que l'on voit très bien depuis la mer.
Mais elles sont bien loin, et avant c'est très plat.
Marsa Inkefal vue d'un point culminant à 5 ou 6 m d'altitude. Un sommet !
Côté mer, un peu de mangrove
Faut bien choisir où mouiller l'ancre car les brises de jour et de nuit très fortes font tourner le bateau de 180°.
Question végétation, c'est très limité mais pas complètement absent.
 
Ba, pas Bah !
Côté Mer Rouge
Pourquoi appelle-t-on cette mer, Mer Rouge ?
Quelques uns des poissons attrapés à Marsa Inkefal
Ce choix d'un arrêt fut surtout le bon dans la mesure où le surlendemain, le vent soufflait en furie (contrairement aux prévisions souvent fantaisistes dans cette région du monde). Pendant que nous étions coincés sur le bateau sans pouvoir nous risquer à retourner à terre avec l'annexe, l'"Etoile" continuait sa route et coulait après avoir heurté un récif.
Ayant appris rapidement à ne pas faire confiance dans les prévisions météorologiques, c'est cette stratégie de sauts de puce que je vais appliquer partout où elle est possible, c'est-à-dire là où je pouvais avoir une confiance relative dans la qualité des relevés topographiques des cartes et dans la qualité de la lumière pour une bonne navigation mixte carte-observation visuelle.
Nous reproduirons le scénario de Marsas Inkefal à deux autres reprises (Khor Shinab et Marsa Abu Imama), et à chaque fois, nous resterons coincés (mais tranquilles car à l'abri) par un vent démoniaque.
La Marsa de Khor Shinab s'enfonce dans les terres sur plusieurs kilomètres
Le seul arbre de la région
Le drapeau du Soudan, tout beau tout neuf et d'excellente qualité n'aura pas duré bien longtemps dans ce vent furieux
A Marsa Abu Imama, le vent sera tel que nous serons obligés de changer de mouillage
et que nous ne pourrons rien faire qu'attendre que le vent se calme


Un peu de visite pendant une accalmie
Lorsque la météo annonça quatre jours d'affilée sans trop de vent  (force 5 seulement), nous quittâmes Marsa Abu Imama pour une longue étape devant nous faire passer la frontière très disputée entre le Soudan et l'Egypte, en passant bien au large car les deux armées sont sur les dents, et surtout parce que la zone est pleine de récifs et n'est pas cartographiée
Le drapeau de l'Egypte a remplacé celui du Soudan.
Le pavillon Q jaune signifie que nous demandons l'autorisation de rentrer dans le pays

2 commentaires:

  1. Salut jeune marin, que de souvenirs cette Turquie ou nous avons navigué trois fois. Bravo pour la Mer Rouge
    Une grosse bise a F et a toi
    Coco et Herve a la marina de Salvador de Bahia (Vers la Patagonie en Novembre....)

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  2. Salut les Maxous. Bonne nav dans le Sud ... et si vous avez besoin d'un équipier pour les canaux de Patagonie, je suis partant. La bise.

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