Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

lundi 20 mars 2017

Pétole, vous avez dit pétole ?

Dans le jargon des voileux, "pétole" signifie vent très léger. Et question pétole, ma navigation de Bali à Borneo m'a laissé le temps d'en profiter.
Quatre jours et quatre nuits pour faire ce que Sabay Dii parcourt habituellement en moins de 24 heures.
Les images de cette traversée se passent presque toutes de commentaires ...
Départ le 22 septembre en début d'après-midi pour profiter d'un peu de brise de mer.
Mais le vent tombe rapidement, bien avant le coucher de soleil.
Le lendemain, à part quelques gros cumuls matinaux, ce sera du très beau temps, mais sans la moindre risée, malheureusement.
La passage de quelques 20 milles entre Java et l'île de Kepulaujan Kangean me prendra plus de 24 heures.
Voiles affalées, je me laisse dériver en attendant patiemment le vent. C'est l'occasion de pouvoir observer en détail un bateau-derrick.

Après plusieurs heures sans grande surprise, un bateau de guerre surgit entre le bateau-derrick et Sabay Dii. Ah, enfin de l'animation !
Et la deuxième nuit me tombe dessus, sans bruit. Mais il faudra rester l’œil ouvert car il y a des filets, des pêcheurs sans lumière, et le passage est fréquenté par de gros cargos, dont l'un de plus de 100 mètres de long s'échouera sous mes yeux sur un banc de sable non répertorié. Ah ! Encore du spectacle !
 Le troisième jour s'annonce sous le signe de l'orage.
Je voulais profiter de quelques menues risées pour pêcher un peu, mis il y a tellement de détritus qui flottent dans les eaux indonésiennes que la pêche à la traîne est quasiment impossible. Des plastiques, encore des plastiques au bout de mes lignes ! Saperlipopette ! Tonnerre de Brest !!!
Mais c'est sans compter sur mon obstination de marin affamé. Et une petite dorade coryphène de 80 cm de long en fera les frais.
 Ce sera la seule diversion de cette nouvelle journée de pétole
Dans la fin de la nuit suivante, je passe près des îlots Masalembo.
Les pêcheurs viennent me voir comme si j'étais un extraterrestre. Apparemment, les voiliers ne passent jamais dans ce coin.
En milieu de matinée j'ai la frayeur au sortir de la cabine où je somnolais de découvrir juste devant Sabay Dii un mât de bateau échoué. J'ai eu de la chance, bien qu'à l'allure où j'allais, la casse aurait été réduite. Mais se retrouver accroché par la quille à un gréement est quand même une belle source de complications. Dans ces eaux peu fréquentées, les dangers en sont jamais signalisés car les pêcheurs du coin les connaissent bien et les apprécient beaucoup car ce sont des repères à poissons.
Mais voila le plus sérieux de tous les dangers : la barge tirée par un remorqueur à l'aide d'un câble de près de deux à trois cents mètres. Bien sûr, ni le câble, ni la barge ne sont éclairés de nuit. Et quelques bateaux ont fait la très regrettable expérience de ce piège terrible qui pourrait détruire complètement un voilier. N'est-ce pas mes amis de Kantaka 2 ?
Ces convois sillonnent la mer entre Java et Borneo. Pas question de dormir la nuit.
Et c'est sans compter sur les pêcheurs au lamparo qui illuminent la nuit et rendent toute observation très delicate.

Ma quatrième nuit de veille successive sera épuisante. Au petit matin, des pêcheurs à défaut d'oiseaux marins me laissent penser que l'arrivée se fera dans la journée, si le vent le veut bien.
 Mais ce n'est pas gagné ...
 Enfin, les premiers îlots de Borneo !
 Encore quelques heures pour remonter le fleuve et arriver à la ville de Kumai.
Kumai avec ses boutres immenses et ses immeubles à hirondelles (et non pour des humains). On est ici au pays de la soupe de nid d'hirondelle très prisée et très lucrative en Asie.
On est le 26 au soir, et je suis vanné. C'est bien plus épuisant de naviguer en solo, ici,  au milieu de tous ces dangers imprévisibles que de faire une traversée océanique. Mais les copains qui ont pris une autre route et ont fait le voyage au moteur sont tous là pour me saluer. Apéritif, du soir dans quelques minutes sur Soul, le superbe catamaran néo-zélandais de Mike & Sarah qui me réservent une petite surprise.


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