Je vous ai déjà parlé de Great Barrier Islands, cet archipel
à l’est de l’île nord de la Nouvelle
Zélande, à l’occasion de mes vœux pour 2015.
Great Barrier est à environ 50 km de la côte est de l'île du Nord de la Nouvelle Zélande |
Détail de Great Barrier |
En rouge le parcours de Sabay Dii à Great Barrier. Il faudrait rajouter le parcours terrestre de son capitaine. |
J’y suis passé par curiosité en
pensant y trouver une atmosphère tranquille pour les fêtes de fin d’année, et
question isolement, ce fut un peu raté, dans la mesure où cet endroit réputé
reclus et où l’on ne trouve habituellement pas plus d’une poignée de bateaux,
est très fréquenté à cette occasion estivale et festive (les fêtes de fin
d’année ont lieu ici pendant l’été austral et les congés annuels). Du coup, il
m’est arrivé de pointer mon étrave à une petite baie que je supposais
tranquille et d’y trouver … cinquante à quatre-vingt embarcations, des voiliers
mais surtout des bateaux à moteurs d’une dizaine à une quinzaine de mètres de
long, luxueux et équipés pour la pêche, un type de yacht qui pullule en
Nouvelle Zélande, donnant au petit français l’impression qu’ici, le pouvoir
d’achat est bien plus élevé que chez nous.
Cela m’a donné l’occasion de rencontrer quelques personnes
fort sympathiques et de découvrir les coins que les kiwis affectionnent tout
spécialement, dont en particulier la crique dénommée Smokehouse Bay. Non, ce
nom n’est pas celui d’une fumerie d’opium mais plutôt celui d’un fumoir à
poissons (smoke = fumée, house = maison). Un endroit très étonnant, mais avant
de vous en donner la raison, quelques remarques sur le caractère des
néozélandais sont nécessaires.
Les kiwis sont assez différents de nous à plusieurs titres.
Une de leurs différences porte sur le sens de la propriété. Ici, il est rare
qu’un terrain soit clos. Les maisons des villes ont ainsi leur jardin tout
ouvert sur celui des voisins et sur la route ou la rue. La ligne de démarcation
de la propriété n’est souvent identifiable qu’à l’allure de la coupe du gazon.
Ni barrière, ni clôture, ni palissade, et encore moins de fils de fer barbelés.
Il en va un peu autrement des terrains agricoles qui sont dévolus presque exclusivement
à l’élevage. Evidemment ils sont clôturés pour confiner le bétail, mais il y a
un peu partout des petits escaliers en bois ou des portillons qui permettent
d’entrer et de sortir. D’ailleurs, tous les sentiers de randonnée passent dans
des propriétés privées et chaque fois que c’est le cas, un petit panneau
rappelle de bien refermer le passage et de respecter la tranquillité des
propriétaires et/ou des animaux.
Et Smokehouse ?
Eh bien figurez vous que tous les terrains aux alentours de
cette baie sont privés. Leur propriétaire, Eric Webster, aujourd’hui décédé
était un homme généreux et aimant les bateaux et les navigateurs. Il avait donc
aménagé le rivage de façon à ce que tout croisiériste y trouve ce dont il a
souvent besoin : un captage d’eau douce avec des lavoirs, un wc
biologique, une grande cheminée, des tables et des bancs, des fumoirs à
poissons qu’affectionnent particulièrement les pêcheurs d’ici, des étendages,
et, cerise sur le gâteau, une vraie salle de bain chauffée par un grand bouilloir à bois. Non vous ne rêvez pas !
Les fumoirs à poissons |
La salle de bain avec so,n chauffage que deux personnes essaient de réactiver de bon matin |
Les wc bio |
Il y a même des piliers pour pouvoir échouer son bateau sur la quille et le caréner (mon linge sèche au soleil) |
Lorsqu’ils sont retournés à leur voilier, il était trop tard
pour débarquer et c’est donc le lendemain à six heures du matin que je suis
allé faire la reconnaissance des lieux. Et effectivement j’y ai trouvé une
baignoire et l’eau du bouilloir était encore tiède. J’étais seul évidemment, et
j’en ai profité pour prendre mon premier bain depuis plus d’un an.
Waouh !!!
Une baignoire avec eau chaude. Génial ! |
J’ai aussi mis à profit cette escale pour faire le grand ménage
et laver tout le linge qui s’entassait depuis plus d’un mois dans le local
technique. Séchage impeccable sur de grands étendoirs bien exposés au soleil et
à la brise.
A la mort d’Eric Webster, ses héritiers ont décidé de
maintenir l’esprit du généreux bienfaiteur, et la tradition se perpétue depuis
des décennies, avec l’aide de bénévoles
qui par exemple ont tout reconstruit à la suite d’un glissement de terrain en
2005, et grâce aux divers dons que font les navigateurs de passage.
Et c’est tout cela qui fait que l’endroit bien que très
animé, est un havre de paix, respirant la bonne humeur, la solidarité, et la
reconnaissance.
mais il est complètement inutile, car rien qu’en débarquant, on
comprend qu’on vient de mettre les pieds dans un lieu à préserver, absolument.
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