Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mercredi 21 janvier 2015

Great Barrier Islands & Smokehouse

Je vous ai déjà parlé de Great Barrier Islands, cet archipel à l’est de l’île nord  de la Nouvelle Zélande, à l’occasion de mes vœux pour 2015.
Great Barrier est à environ 50 km de la côte est de l'île du Nord de la Nouvelle Zélande
Détail de Great Barrier
En rouge le parcours de Sabay Dii à Great Barrier. Il faudrait rajouter le parcours terrestre de son capitaine.
J’y suis passé par curiosité en pensant y trouver une atmosphère tranquille pour les fêtes de fin d’année, et question isolement, ce fut un peu raté, dans la mesure où cet endroit réputé reclus et où l’on ne trouve habituellement pas plus d’une poignée de bateaux, est très fréquenté à cette occasion estivale et festive (les fêtes de fin d’année ont lieu ici pendant l’été austral et les congés annuels). Du coup, il m’est arrivé de pointer mon étrave à une petite baie que je supposais tranquille et d’y trouver … cinquante à quatre-vingt embarcations, des voiliers mais surtout des bateaux à moteurs d’une dizaine à une quinzaine de mètres de long, luxueux et équipés pour la pêche, un type de yacht qui pullule en Nouvelle Zélande, donnant au petit français l’impression qu’ici, le pouvoir d’achat est bien plus élevé que chez nous.

Cela m’a donné l’occasion de rencontrer quelques personnes fort sympathiques et de découvrir les coins que les kiwis affectionnent tout spécialement, dont en particulier la crique dénommée Smokehouse Bay. Non, ce nom n’est pas celui d’une fumerie d’opium mais plutôt celui d’un fumoir à poissons (smoke = fumée, house = maison). Un endroit très étonnant, mais avant de vous en donner la raison, quelques remarques sur le caractère des néozélandais sont nécessaires.
Les kiwis sont assez différents de nous à plusieurs titres. Une de leurs différences porte sur le sens de la propriété. Ici, il est rare qu’un terrain soit clos. Les maisons des villes ont ainsi leur jardin tout ouvert sur celui des voisins et sur la route ou la rue. La ligne de démarcation de la propriété n’est souvent identifiable qu’à l’allure de la coupe du gazon. Ni barrière, ni clôture, ni palissade, et encore moins de fils de fer barbelés. Il en va un peu autrement des terrains agricoles qui sont dévolus presque exclusivement à l’élevage. Evidemment ils sont clôturés pour confiner le bétail, mais il y a un peu partout des petits escaliers en bois ou des portillons qui permettent d’entrer et de sortir. D’ailleurs, tous les sentiers de randonnée passent dans des propriétés privées et chaque fois que c’est le cas, un petit panneau rappelle de bien refermer le passage et de respecter la tranquillité des propriétaires et/ou des animaux.
Et Smokehouse ?
Eh bien figurez vous que tous les terrains aux alentours de cette baie sont privés. Leur propriétaire, Eric Webster, aujourd’hui décédé était un homme généreux et aimant les bateaux et les navigateurs. Il avait donc aménagé le rivage de façon à ce que tout croisiériste y trouve ce dont il a souvent besoin : un captage d’eau douce avec des lavoirs, un wc biologique, une grande cheminée, des tables et des bancs, des fumoirs à poissons qu’affectionnent particulièrement les pêcheurs d’ici, des étendages, et, cerise sur le gâteau, une vraie salle de bain chauffée par un grand bouilloir à bois. Non vous ne rêvez pas !
Les fumoirs à poissons
La salle de bain avec so,n chauffage que deux personnes essaient de réactiver de bon matin


Les wc bio
Il y a même des piliers pour pouvoir échouer son bateau sur la quille et le caréner
(mon linge sèche au soleil)
Quand je suis arrivée à Smokehouse, j’ai trouvé le mouillage très encombré et ai pu voir de loin qu’à terre, c’était très animé. Comme à mon habitude, j’ai commencé par bien ranger le bateau et me suis dit que j’allais attendre que tout le monde soit revenu sur les bateaux avant d’aller faire un petit tour exploratoire. Mais des voisins sont passés me voir. Michael avait vécu en Asie et y avait rencontré son épouse Chris, d’origine thaïlandaise et à qui le nom de mon bateau disait quelque chose (en thaï, cela veut dire porte toi bien). Nous avons discuté un bon moment et ils m’ont intrigué en me disant que si j’attendais encore un peu, il n’y aurait plus d’eau chaude pour la baignoire. N’étant pas sûr d’avoir bien compris, je n’ai pas cherché à avoir de plus amples renseignements.
Lorsqu’ils sont retournés à leur voilier, il était trop tard pour débarquer et c’est donc le lendemain à six heures du matin que je suis allé faire la reconnaissance des lieux. Et effectivement j’y ai trouvé une baignoire et l’eau du bouilloir était encore tiède. J’étais seul évidemment, et j’en ai profité pour prendre mon premier bain depuis plus d’un an. Waouh !!!
Une baignoire avec eau chaude. Génial !
J’ai aussi mis à profit cette escale pour faire le grand ménage et laver tout le linge qui s’entassait depuis plus d’un mois dans le local technique. Séchage impeccable sur de grands étendoirs bien exposés au soleil et à la brise.
A la mort d’Eric Webster, ses héritiers ont décidé de maintenir l’esprit du généreux bienfaiteur, et la tradition se perpétue depuis des décennies,  avec l’aide de bénévoles qui par exemple ont tout reconstruit à la suite d’un glissement de terrain en 2005, et grâce aux divers dons que font les navigateurs de passage.
Et c’est tout cela qui fait que l’endroit bien que très animé, est un havre de paix, respirant la bonne humeur, la solidarité, et la reconnaissance.



Il y a bien un panneau qui rappelle qu’il faut bien respecter les lieux,
mais il est complètement inutile, car rien qu’en débarquant, on comprend qu’on vient de mettre les pieds dans un lieu à préserver, absolument.

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