Pour un an, mon bateau ne s'appelle plus Sabay Dii, mais ...
Avant de rejoindre Iryan Jaya et l'Indonésie,
il reprendra évidemment son nom initial,
sous peine de se faire couler !
il reprendra évidemment son nom initial,
sous peine de se faire couler !
J'ai appris la nouvelle des événements récents avec une dizaines de jours de retard car j'étais encore une fois dans un endroit reclus, loin du bruit et de la fureur de notre monde. De quoi être à l'abri de la pression médiatique qui exacerbe les réactions dans un maelstrom d'images, de détails, de commentaires, d'opinions, de déclarations,...
J'ai donc appris avec effroi la tuerie au journal Charlie Hebdo, qui depuis 68 est mon hebdomadaire préféré avec le Canard. Effroi, mais sans surprise, car il y avait tant de signes annonciateurs. Depuis cinquante ans, il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer la déliquescence des relations inter-communautaires dans notre Douce France. Un pays majoritairement raciste, capable d'avoir zigouillé 1 millions d'algériens (soit plus de 10% de la population) sans jamais avoir fait de mea culpa, capable de parquer ensuite les harkis et leurs enfants dans des camps de concentration, incapables de trouver des solutions d'intégration d'une population grandissant dans des ghettos sans avenir. Nos dirigeants (nationaux, régionaux, municipaux) n'ont jamais mesuré l'ampleur de la scission entre les communautés, et nous, les bobos, n'avons rien fait d'autre que de nous intéresser à nous-mêmes, à nos carrière, à notre fric, à notre bien-être personnel et à celui de nos enfants, en espérant qu'ils ne rencontreraient pas dans leur vie de petit(e) ami(e) beur(ette).
Les assassins de Charlie ne viennent pas du bout du monde. Non ! Ils ont grandi en France, parmi nous (si l'on peut dire) et sont pour une part non négligeable, le produit de notre mépris collectif quasi-séculaire, de notre système socio-professionnel ségrégationniste (logement et embauche au facies), de nos lois inadaptées (sur l'octroi de la nationalité française et des aides par exemple) et de nombreuses incompétences à tous les niveaux, parfois d'apparence mineure mais pouvant avoir des répercutions terrifiantes. Ainsi, comment ne pas s'étonner qu'un petit malfrat sortant de la DASS (pas bon le départ dans la vie), et commettant ses premiers larcins pour s'en sortir "économiquement" soit mis en contact en prison avec les théoriciens du jihad, et qu'après être allé en Syrie pour s’entraîner à tuer, à torturer, à commettre des attentats, il puisse revenir en France tranquillement, comme s'il était allé tout simplement à la Mecque pour le Hadj ?
Des centaines de criminels potentiels, aux profils comparables sont parmi nous, prêts à commettre d'autres attentats, mais beaucoup plus grave, il y a des milliers d'enfants de nos quartiers de seconde zone qui ont refusé de respecter la minute de silence, en considérant qu'il était "normal" que des personnes ayant insulté Allah et son prophète soient châtiées. On n'est donc plus face à un problème de parcours individuels chaotiques et générateurs de haine,, mais face à un désaccord sociétal majeur sur des valeurs fondamentales (la vie, la religion, la punition, la liberté d'expression, de culte, etc.)
Une manifestation monstre, signe d'un traumatisme national, ne résoudra pas grand chose. Toutes les forces du pays, toutes les intelligences, toutes les bonnes volontés doivent s'employer dorénavant à rapprocher les communautés par tous les moyens (économiques, culturels, cultuels, sportifs, événementiels, etc.). Le défit est immense, et il est national, pour le bien de tous et pour la sauvegarde des idéaux de notre nation.
Voilà ce à quoi j'ai pensé le jour où j'ai appris l'attentat de Charlie, bien loin de la France et de tout ce qui a du être dit sur le sujet, et voilà le message que je veux donner en écrivant "Charlie" dans ma voile.
Change de nom avant d'arriver avant d'arriver en Indonésie alors... ;-)
RépondreSupprimerUn bon papier de Schneidermann : http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/09/etre-etre-charlie-256985
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