Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

dimanche 15 avril 2012

Où se trouvent Los Frailes et le Cap Pulmo ?

Pour le marin, la navigation sur la côte Pacifique de l'Amérique Centrale et du Mexique est un vrai casse-tête, dès que l'on s'approche du rivage. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que les cartes marines sont archi-fausses ! On ne s'en aperçoit jamais au large, évidemment, mais quand on se rapproche de la terre et qu'on fait le point ou qu'on relève sa position sur un GPS, on a parfois la surprise de se trouver sur la carte en plein milieu de la campagne, ou dans une ville ou au milieu de la mangrove. Quand c'est dans ce sens-là, ce n'est pas très grave, mais dans l'autre sens c'est très dangereux. On croit être à 2 milles du rivage et en fait on est tout prêt de s'échouer.
Toutes les cartes marines ne peuvent être fausses me direz-vous. Et bien si ! Car elles ont toutes été dessinées à partir des mêmes données géodésiques (les mesures de latitude et longitude) qui ne respectaient pas les normes actuelles. Et comble du comble, les cartes électroniques ultramodernes qu'ont utilisent pour la navigation informatique et qui valent très cher sont tirées des mêmes données et donc sont aussi fausses que les originaux papier.
Un exemple avec los Frailes.



Ci-dessus, la carte électronique pour Mapsource (GPS Garmin),  au niveau de définition le plus élevé.
Aucun détail et quand on relève les positions elles ont fausses.




Pour preuve ma trajectoire enregistrée en violet par le logiciel. A croire que je suis venu sur terre avant d'aller mouille l'ancre.






Ce brouillard (ou bazar) géodésique oblige à prévoir ses atterrissages de jour en se servant de ses yeux et de ses jumelles, mais surtout de son sens marin pour deviner la profondeur à partir de la couleur de l'eau, pour "sentir" les récifs cachés au raz de l'eau, pour évaluer les distances à l’œil et à l'oreille (le bruit des vagues sur le rivage n'est pas le même selon sa nature et la distance). Sur un voilier aussi bien équipé que Sabay Dii, on peut aussi s'aider du radar et du sonar à balayage horizontal, mais peu de plaisanciers en disposent. Bref, dans cette partie du monde, il faut y aller avec prudence. Et même avec beaucoup d'attention, il n'est pas toujours très facile de trouver son chemin.
Ainsi, le jour où j'ai voulu entrer dans le tout petit port de San Blas, au nord de Puerto Vallarta, il n'y était pas. Il n'avait certainement pas disparu. Il m'a fallu le chercher un peu. J'avais quelques informations mais datant de 5 ou 6 ans, et au Mexique, en quelques années tout change : des immeubles apparaissent, des antennes radio aussi, des digues sont construites avec des marinas toutes neuves et même des petits ports de pêche sont rayés de la carte.
Heureusement, un petit rayon de soleil vient éclairer ce paorama peu rassurant : un couple d'américains qui a sillonné la Basse Californie et la Mer de Cortez vient de proposer un guide pour lequel ils ont fait un travail époustouflant de cartographie. Ils ont relevé la profondeur en de nombreux lieux près du rivage, fait d'innombrables relevés GPS, et ont mixé leurs données avec toutes les photos satellites aujourd'hui disponibles. Un gros travail d'infographie et voici ce que ça donne : 
Et cette fois, relevés géodésiques (positions) et données batygraphiques (profondeur) sont justes. Le seul hic c'est que ce sont des documents-papier mais qui sont en voix de commercialisation pour tout support informatique. Ainsi, sur un Iphone, on peut voir sa position sur la carte électronique téléchargeable.
Et oui, le monde de la navigation est en train de changer à toute vitesse, et il est probable que dans quelques mois, on utilisera autant son téléphone portable pour se repérer sur la carte que la centrale de navigation et le radar.
Et adieu le sens marin. Ah ma bonne dame, mais tout se perd !
Mais non. Pas du tout. Heureux celui qui mixe tout ce qui a été accumulé par les générations précédentes et actuelles : le sens marin, et les instruments modernes. Les plaisanciers n'ont jamais été autant gâtés. Youpi !!!

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