Symi est une île grecque du Dodécanèse. Elle est située au Nord de Rhodes, mais près de la Turquie.
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La grande bande de terre au Nord de Symi est la presqu'île turque de Datcha.
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Au cours des trois années précédentes pendant lesquelles j'ai navigué dans les eaux turques, je suis souvent passé tout près de Symi, par le Nord et l'Est, régulièrement, mais aussi par le Sud et l'Ouest, en naviguant irrégulièrement dans les eaux grecques. Mais il existe une tolérance tacite qui fait que les autorités de Symi ferment les yeux, car il est évident qu'obliger tous les bateaux naviguant dans les eaux turques à contourner Symi par le Nord leur compliquerait la vie.
Du coup, Symi m'était familière. Vue de loin, je la trouvais toute pelée, austère, ce qui fait que je la pensais même inhabitée, et n'avais nullement l'intention d'aller chercher un mouillage du côté de ce gros cailloux. Il a fallu que j'arrive à Rhodes et que je découvre que toutes les agences de voyage proposaient une sortie à la journée en bateau pour aller visiter la perle grecque de Symi pour que je m'intéresse à elle. Un coup d’œil attentif aux cartes marines pour étudier sa côte et découvrir d'éventuels points de chute, et la lecture d'un guide de croisière en Grèce, m'ont fait changer d'idée.Et c'est ainsi que j'ai inscrit Symi dans la liste des îles grecques de la route de Sabay Dii, juste après Alimia.
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22 milles nautiques de route NNE pour aller d'Alimia à Symi.
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J'ai choisi la baie de Panormitis, au Sud-Ouest de Symi, comme point de chute.
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C'est par Panormitis que les bateaux de croisière venant de Rhodes commencent leur visite à la journée de Symi.
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La navigation entre Alimia et Symi s'est effectuée par un temps de demoiselle (petit force 2).
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A gauche l'île montagneuse de Symi, à droite l'îlot de Troumpeto, et au lointain la côte continentale Turque
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A l'approche de l'entrée de Panormitis, vers midi, j'ai vu sur l'écran de ma centrale de navigation le signal AIS d'un gros bateau de promenade en mer sotant de la baie. J'ai donc levé le pied pour le laisser passer, et en ai profiter pour affaler les voiles et préparer le matériel de mouillage.
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Pendant les cinq jours passés dans cette baie, quotidiennement, je le verrai (ainsi qu'un autre bateau un peu plus petit) faire sa manœuvre de mouillage, libérer pour deux heures ses passagers, et reprendre la mer pour continuer le tour de Symi. |
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La passe d'entrée de la baie de Panormitis, avec à bâbord une colline coiffée d'un joli moulin à vent, et en face, les bâtiments allongés du monastère.
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Voila ce que l'on a en face de soi lorsqu'on franchit la passe de Panormitis : le monastère !
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Panormitis est un excellent lieu de mouillage : 4 à 5 mètres d'eau (pas très claire) sur fond de sable un peu vaseux qui tient bien l'ancre. L'endroit n'est pas trop venté, même si, comme dans tous les lieux à relief important, il peut y avoir de grosses rafales, parfois pendant plusieurs heures, notamment après le coucher du soleil.
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Le meilleur endroit pour mouiller est le Nord de la baie.
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Le mouillage et le monastère de Panormitis, vus du Nord.
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Mouillage peu fréquenté à ce moment de l'année. En bas à gauche Sabay Dii et devant lui Pomme dont je vous reparlerai.
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Le même mouillage en regardant vers le Nord, désert et tranquille. |
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Sabay Dii à gauche, et et à droite, Pomme, le bateau de Roland et Annic arrivés un jour après moi.
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Il y a aussi dans la baie une paire de petits bateaux de pêche.
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En plus d'être un lieu sûr pour le navigateur, Panormitis est un lieu charmant, dont l'harmonie est magnifiée par la présence de l'impressionnant monastère consacré à Michel Panormitis, le saint patron de l'île, mais aussi le patron de tous les marins grecs.
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Construit au début du XVIII e siècle, il est toujours habité. Le complexe du monastère comprend un grand nombre d'annexes où plus de 500 pélerins peuvent passer la nuit et se restaurer.
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Bien évidemment, c'est ce monastère qui est le point d'intérêt des touristes qui viennent à Panormitis par centaines, tous les jours, par ferry depuis Rhodes. Cela
pourrait nuire à la tranquillité du lieu, mais dans la réalité, il n'y a
que deux gros bateaux qui arrivent en matinée, déchargent
leurs cargaisons de touristes qui se précipitent au monastère, et tout
ce monde repart deux heures plus tard.
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C'est cette même dalle en béton, maintenant si paisible, qui accueille, deux heures par jour, le flot des touristes.
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Le monastère, qui date d'un peu plus de deux siècles, est d'une architecture très classique. Outre le côté religieux ou mystique, son intérêt pour le visiteur réside plutôt dans sa décoration intérieure (fresques couvrant murs et plafonds, ainsi qu'une magnifique iconostase de bois sculpté), et surtout dans l'hétéroclisme des cadeaux offerts pas les pélerins en guise d'ex-voto, essentiellement des bateaux d'or, d'argent ou d'humbles petits molèles réduits, déposés par des marins pour remercier Saint Michel de Panormitis de les avoir prétendument assistés ou secourus ; tous ces objets sont rassemblés dans un petit musée situé dans la cour inérieure du monastère.
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La cour du monastère.
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Cette cour intérieure ceinture par l'arrière l'église du monastère.
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Détail du sol qui, comme un peu partout en Mer Egée, alterne petits galets noirs et blancs.
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Les cellules du premier étage
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Les angles du premier étage sont voûtés.
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Vue du clocher de l'église depuis le premier étage.
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Détail de l'iconostase (dans une église bizantine, c'est la cloison qui sépare la partie sacrée dans laquelle le Pope officie de la nef accessible au public orthodoxe. C'est sur elle que sont aposées les grandes icones, d'où son nom).
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Et voici, en argent massif, l'Archange Michel de Panormitis.
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Les moines du monastère de Panormitis ont aussi une passion pour la culture des roses.
Cette baie de Panormitis concentrant plusieurs des qualités que j'apprécie pour me poser un peu au cours de mes navigations, j'y suis resté quelques jours, et ce fut l'occasion d'une belle rencontre avec Rolland et Annic, des américano-belges (belges exilés à Chicago) avec qui j'ai sympathisé. Restaurant, petit voyage en bus à la capitale de Symi (voir prochain article), et blues (Rolland à la guitare et bibi à l'harmonica) .
Roland et Annik partirent de Panormitis un jour avant moi pour aller à Rhodes, d'où je venais, mais nous avions convenu de nous retrouver plus tard à Astipalaia, une île extraordinaire (ma préférée en tout cas) dont je vous reparlerai bientôt.
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Annic et Rolland sur Pomme en train de sortir au moteur de Panormitis. Bientôt sus voiles.
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Superbe. Les petits coins du monde sont souvent les meilleurs.
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