Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

mardi 15 octobre 2013

Bora Bora, enfin !

Tout le monde a entendu parler de Bora Bora, « la perle du Pacifique », « le plus beau lagon du monde », « l’île paradis », … Découverte par le Capitaine Cook en 1769, elle a subjugué tous les  navigateurs qui l’ont approchée aux cours des siècles. Mais cette aura superlative a induit dans les deux dernières décennies le développement d’infrastructures hôtelières faisant de ce minuscule territoire la première destination touristique du Pacifique central.
Quelques jours avant mon départ pour cette destination mythique, Thierry, un ami « voileux » vivant depuis quelques années en Polynésie, m’a dit: « La Polynésie, y a rien de plus beau, mais tu risques d’être très déçu par Bora Bora. Les mauvaises langues disent que la Polynésie a deux poubelles, une à chacune de ses extrémités : d’un côté, Hao (où il vit) à l’est dans les Touamotu, et de l’autre côté, Bora Bora complètement à l’ouest ».
Prévenu,  je suis venu avec mon beau Sabay Dii, pour voir ce qu’il en était. Impression contrastée.


L’approche de Bora Bora est bouleversante. De loin, cette montagne qui pointe à l’ouest, ne laissant rien deviner du lagon qui l’entoure.
Et puis, petit à petit, à mesure qu’on se rapproche du récif, juste derrière le blanc éclatant des vagues qui brisent avec violence sur le corail, tout autour de ce mont qui se dresse vers le ciel, apparaît un incroyable liseré bleu, ou vert, ou émeraude, ou … Enfin, une couleur qu’on n’a jamais vu ailleurs. Une couleur qui n’existe pas dans les boîtes de crayons de couleur.


 Où est-ce qu’on arrive ? Où est la passe Teavanui ? Qu’est-ce qui nous attend de l’autre côté de la passe ?
Eh oui ! Bora Bora est un endroit exceptionnel avec un merveilleux lagon ceinturant une île-montagne. Rien à voir avec les atolls des Tuamotu où l’altitude culmine au faite d’un cocotier. Rien à voir non plus avec les Marquises où les montagnes se jettent avec violence au fond de l’océan. Ici, l’harmonie est naturelle et absolue, entre la barrière de récifs qui ceinture comme dans un écrin des eaux couleur turquoise et paisibles du lagon, et le majestueux mont Otemanu.
Difficile d’imaginer une île idéale autrement, quand on a vu Bora Bora. Mais le plus impressionnant, c’est la lumière irréelle dans laquelle baigne l’ensemble, avec des couleurs qui donnent le vertige et qui paraissent artificielles lorsqu’on regarde les photos.




Mais dans ce site d’une beauté naturelle époustouflante, on remarque aussi, hélas,  l’omniprésence pesante de trop nombreux et trop grands complexes hôteliers qui en plantant les pilotis de leurs paillotes de luxe jusqu’à envahir une partie du lagon, se sont accaparé les rivages intérieurs du lagon, confisquant presque tous les accès terrestres.

Le voyageur ne passant pas par un « tour-operator » n’a d’autre choix que de rester sur l’eau (s’il a la chance d’avoir un bateau), ou d’aller chercher à se loger sur l’île centrale qui n’a malheureusement pas le charme de ses voisines.
Eh oui ! Paradoxalement, dans ce lieu magnifique par nature, il semble que ses habitants aient perdu l’une des qualités premières  et ancestrales des Polynésiens, le goût du beau. En circulant sur l’île, on découvre avec consternation que l’on a pris la mauvaise habitude de vivre dans un environnement laid. Les bicoques dépourvues de charme bordent la route, sans haies ni jardins. Les toits sont souvent de tôle et les parpaings apparents. Les poulaillers sans clôture voisinent avec les casses d’automobiles. On est à mille lieux des jolis maisonnettes et jardinets des autres îles-sous-le-vent, Tahaa, Huahine et Raiatea.
Certains penseront que c’est le  tourisme à tout crin qui est responsable de cet état de fait. C’est probable, mais en d’autres ruches touristiques de la planète (je pense en particulier à Bali), les traditions et le goût du beau ont été préservés voire renforcés par le voisinage de stations touristiques de luxe. Les habitants ont choisi de conserver leurs habits, leurs cérémonies, leurs temples, leurs traditions, coûte que coûte, pour ne pas perdre leur âme.
Bora Bora est donc une drôle d’île. Elle a probablement été la plus belle île du monde, mais comment rester au pinacle quand le tourisme est roi ? Selon son humeur, selon ce que l’on est venu faire ici, selon ses moyens financiers, selon toute sorte de raisons … on peut apprécier ou détester Bora Bora.
Moi j’ai aimé Bora Bora, mais j’aurais préféré être le Capitaine Cook …
Cet avis mitigé est celui d’un touriste de passage, et qui plus est, vivant sur son bateau. Il est certain que les autochtones ont une vision bien différente de la mienne, plus circonstanciée, plus pragmatique.

1 commentaire:

  1. Comme tu t'en doutes, j'ai aimé.
    J'ai bien sûr regretté les poubelles, les chiens errants, la décharge à ciel ouvert, mais à tout jamais sera gravé ce bleu lagon chaque jour si différent, ces couleurs, le Heiva préparé des mois durant dans les jardins des uns, des autres ..., la diversité des populations (peuples des Marquises, des Tuamotus, de Raiatea, Huahiné ... mais aussi chinois, japonais, indonésiens, européens) venus pour une ou deux saisons et jamais repartis, l'accueil, le partage, la solidarité qui efface les disparités sociales entre les locaux.
    Les Fare sur pilotis ne m'ont pas tant choqué, oui le tourisme est très présent mais il permet de nourrir des familles entièrement depuis les îles du Vent jusqu'aux Marquises. Finalement, ces fare sont assez écolos, semblables aux originaux et bien qu'ils empiètent sur le lagon, ne vaut-il pas mieux cela que l'horrible Club Med tout bétonné et à l'abandon depuis des années ? Au sein de ces hôtels, il y a de plus en plus de prise de conscience de l'environnement : je pense par exemple au centre de protection des tortues de l’hôtel le Méridien. Quel plaisir ce fut pour nous d'y aller. Enfin bref, j'ai vu Waikiki et ses énormes tour-hôtels, j'ai vu Bora et ses pilotis ... D'un point de vue architectural, mon choix est fait.
    Mais bien sur comme toi j'aurais aimé être le Capitaine Cook.
    Merci pour ces photos qui nous permettent de revivre tout cela

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