Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

dimanche 8 mai 2022

J'ai rodé à Rhodes, et j'ai adoré (version 2)

Vous allez vous demander si je ne déraille pas. Hier je vous disais que se balader dans Rhodes le lendemain de mon arrivée avait été un supplice, et aujourd'hui je vous dis exactement le contraire. A part que d'un jour sur l'autre, ce fut le jour et la nuit, ou presque. Explications.

Aujourd'hui n'était pas n'importe quel jour. C'était dimanche, et en plus c'était le 1er mai. Le dimanche, chez les grecs, on le passe souvent en famille et à la maison, et le jour de la fête du travail est synonyme de repos. Vous comprendrez dès lors que les grecs étaient sagement chez eux, ou sur leur pas de porte, et que la plupart des commerces de Rhodes étaient fermés.

Vous ajoutez à cela qu'aujourd'hui, il n'y avait pas de bateau de croisière dans le port de Rhodes, et qu'on n'est pas encore à la haute saison ; donc très peu de touristes. Et en plus il faisait froid avec un vent à décorner les bœufs.

Ainsi, toutes les planètes étaient alignées pour que Rhodes fût vide ou presque. Un bonheur pour le promeneur solitaire et agoraphobe que je suis. J'en ai bien profité (8 km parcourus intra-muros) et plein de photos pour vous prouver que je ne vous raconte pas des sornettes.

Mais pour que vous puissiez vous repérer un peu dans ce lot d'images, quelques cartes peuvent être utiles (celles offertes par le Syndicat d'Initiative sont excellentes).

On voit que la ville de Rhodes est à l'extrémité Nord de l'île éponyme.
La ville de Rhodes a deux façades maritimes très différentes, l'une à l'Ouest, l'autre à l'Est

Dans cette région de la Méditerranée souffle le Meltem, un vent souvent très fort (force 6 ou 7, et parfois plus, comme ce fut le cas pendant la semaine que j'ai passée ici). Il est orienté Ouest à Nord-Ouest, ce qui signifie que la façade occidentale de Rhodes est exposée au vent et aux vagues, alors que la façade orientale est un peu plus protégée (pas de vagues mais un vent aussi fort en de nombreux endroits, car l'île est peu montagneuse). 

Le vent et les vagues sont aussi à l'origine d'un autre phénomène, l'érosion de la côte. C'est pour cette raison que la façade occidentale de la ville de Rhodes est constituée de plages de sable, mais plus souvent de petits galets blancs ou noirs utilisés pour paver les rues ou décorer les devants de portes, alors que de l'autre côté, c'est de la roche bien solide, dans laquelle il est facile d'aménager un port en eau profonde, des quais, etc.

Vous comprenez maintenant aisément pourquoi il y a deux côtés de Rhodes très différents ...

A l'Ouest, Rhodes des plages avec son inévitable cortège de barres d'hôtels, ses boîtes de nuit, ...

Et à l'Est, le port de Rhodes, ou plutôt les ports de Rhodes (depuis l'Antiquité, jusqu'à nos jours).

 

 

 A gauche (l'Ouest), la plage de Ialysos, en fin d'après-midi, un bel endroit pour observer le coucher du soleil sur la mer 

et à droite (l'Est) un patrouilleur de la marine nationale grecque amarré au quai du port de commerce.

 Les plages de Rhodes ressemblent à beaucoup d'autres plages du monde vouées au tourisme de masse.

On commence à préparer la saison estivale.

Çà, c'est un jour sans vent, comme le jour de mon arrivée.

Mais la plage ça peut aussi être cela quand le Meltem souffle.

Pour ce qui est des ports, Rhodes ne ressemble pas aux autres, pour de nombreuses raisons, d'abord parce qu'on en compte au moins trois, selon les critères que l'on a : Mandraki, Kolona et Arkandia.

Tout au Nord, c'est Mandraki, le port où je voulais aller amarrer Sabay Dii, mais dont j'ai été refoulé, car il faut avoir réservé très longtemps à l'avance, pour avoir une petit chance d'y trouver de la place. C'est le joli port de Rhodes, avec ses bâtiments administratifs historiques, son grand môle au bout duquel trône la forteresse de Saint Nicolaos, et sur lequel on a conservé trois moulins à vent d'époque.

Le port de Mandraki. Notez sur le bord extérieur du grand môle, trois petits points noirs, les moulins.

Les moulins de Mandraki

Le phare de Rhodes perché sur la forteresse de Saint Nicolaos.

L'entrée de Mandraki avec ses constructions blanches sur le quai de l'Ouest.

Les deux autres ports ont moins de charmes mais sont beaucoup plus fonctionnels, en tout cas pour ce qui est du commerce et surtout du transport de passagers, car aujourd’hui, Rhodes est l'île grecque favorite des croisiéristes.

Avec leur sous-marin, les Beatles explorent les fonds entre Mandraki et Kolona. Au second plan, ce ne sont pas des bateaux de croisière qui sont d'habitude beaucoup plus gros, mais les ferries qui assurent la desserte quotidienne de Rhodes (car on est bien loin d'Athènes)

 

Et le port antique, me direz vous.

Eh bien, il n'a rien à voir avec aucun des trois ports actuels, pour plusieurs raisons. D'abord historiques. On ne construisaient pas les ports il y a 25 siècles comme aujourd'hui, car le trafic n'étaient pas le même, les bateaux étaient petits et avec un faible tirant d'eau, et on n'avait pas les moyens mécaniques dont nous disposons aujourd'hui. C'est pour cela que le port antique était petit et s'appuyait sur la ligne de côte de l'époque.

C'est la petite barre bleue qui se situe au niveau de Kolona. Il n'en reste que les pierres d'un quai bien plus bas que nos quais actuels, mais cela devait suffire à l'époque.

Et dans quelques décennies ou siècles, on parlera peut-être du quatrième port de Rhodes, celui encore plus au Sud où se trouve Sabay Dii. C'est la Rhodos Marina, encore peu fréquentée, mais qui ne peut accueillir que des bateaux de plaisance de taille raisonnable.

Sabay Dii un peu perdu dans une grande marina au trois quarts vide. Mais comme le vent était un peu fou (fore 6 à 8 pendant presque une semaine), c'était le meilleur endroit.

Du fait de son caractère insulaire, la ville de Rhodes a de tout temps été avant tout un port, comme nous l'avons vu précédemment. Mais son histoire très particulière faite d'un nombre invraisemblable de civilisations différentes qui s'y sont succédées en fait un cocktail très particulier qui enthousiasme l'historien, l'urbaniste, le philosophe, ... et finalement le touriste.

Mais le touriste que je suis est un peu exclusif, je le concède. Il aime être tranquille, pouvoir se poser pour regarder, admirer, réfléchir, imaginer, mais aussi critiquer. Et pour cela il faut du temps (j'en ai à revendre) et de l'espace, ce qui nécessite de ne pas être au milieu de la foule. Or, en ce premier mai, j'étais pratiquement le seul (j'exagère un peu mais à peine), comme vous allez pouvoir le constater avec cette balade photographique de la ville ancienne.

Et encore une petite carte pour nous repérer.
La vieille ville se définit, pour Rhodes, par tout ce qui se trouve à l'intérieur de la ceinture des remparts, que l'on distingue très bien sur la carte ci-dessus. Sur un grand écran, vous pouvez même voir les quatre itinéraires que le Syndicat d'initiative vous recommande, mais je préfère personnellement ne pas suivre les itinéraires pour roder à mon gré. Pour chaque monument remarquable, j'indiquerai néanmoins les nombres repères du plan ci-dessus.

Les remparts qui ceinturent la ville sur tous les côtés sont percés de nombreuses portes. Ce jour-là, je suis rentré par la porte de Sainte Catherine, toute proche des vestiges du port antique (40) que je voulais voir, mais dont il ne subsiste que quelques gros blocs qui font penser à un quai. J'ai continué mon chemin le long de la rue Pindarou, passant devant l'Hospice Sainte-Catherine (46), très bien restauré, et au niveau des restes de l'église Sainte-Marie du Bourg (46), je suis ressorti par la porte de la Vierge Marie, pour longer le port Kolona.
 
La porte d'Arnauld
                 Les restes de l'église Sainte-Marie du Bourg (46)
Quelques centaines de mètres plus loin, j'ai franchi la porte d'Arnauld. Je me suis alors retrouvé en face d'un très grand bâtiment qui n'est autre que l'hôpital du XVe siècle (17), aujourd'hui converti en Musée Archéologique, dont je vous reparlerai plus en détail prochainement.
 
Le Musée Archéologique (photo prise depuis le toit de l'Auberge d'Angleterre (65)).

 
J'arrivais dans le cœur de la ville médiévale. Quelques mètres plus loin, j'étais en-bas de la rue Ippoton, plus connue sous le nom de la rue des Chevaliers, pavée des petits galets blancs, gris et noirs des plages de l'ouest de la ville. C'est dans cette rue qui paraît austère de prime abord, que se trouvent les auberges des différentes nationalités des chevaliers de Saint-Jean. Et tout en haut, on arrive au pied de la citadelle, c'est-à-dire le superbe Palais des Grands Maîtres (1) où je ne suis pas allé ce jour là.
Le Palais des Grands Maîtres

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Au lieu d'emprunter la rue des Chevaliers, j'ai continué plein Nord, car le quartier est très joli et plus gai, avec quelques bars-restaurants.
 
Notez le sol fait de petits galets soigneusement juxtaposés.
Puis c'est le très joli square Argyrokastrou où un saxophoniste jouait du jazz. C'est sur l'un des côtés de ce square que se trouvait l'Arsenal (70) aujourd'hui converti en Musée Folklorique.
Le square Argyrokastrou. En face la Bibliothèque de l'Institut d'Archéologie (8), et à droite la poudrière (9). Le Musée folklorique (71) qu'on ne voit pas sur cette photo est à gauche.
Tous les bâtiments de ce quartiers très homogène sont dans un état de conservation admirable, sans la moindre fausse note.
Je suis alors arrivé au temple d'Aphrodite, mais là encore, ce ne sont que quelques blocs de fondations qui sont découverts.


Ce qu'il reste du temple d'Aphrodite (c'est la même chose pour tous les autres monuments gréco-romains).

Une nouvelle fois, je suis ressorti de la vieille ville, mais cette fois-ci par la porte de l'Arsenal pour aller voir le port de Mandraki, ses moulins, etc. et en faire quelques photos que vous avez déjà vues. Et, vous vous en doutez, je suis re-rentré par une autre porte (un vrai slalom spécial), celle de Saint-Paul qui donne sur le fossé qui longe les remparts du Nord de la ville.
 
La porte de l'Arsenal
Emprunter ce fossé est l'occasion d'une promenade très agréable. On longe par en-bas les remparts, et on imagine avec difficulté l'ampleur des travaux de terrassement pour réaliser un tel ouvrage, à une époque non mécanisée.



Le pont qui conduit à la porte d'Amboise


Comptez les touristes que j'ai croisés ... hein que je ne racontais pas des salades ?
La porte d'Amboise


Le soupirail
Après être passé sous le pont qui conduit à la porte d'Amboise, je suis rentré une nouvelle fois dans la vieille ville, sans emprunter une nouvelle porte, non, non, non, mais un soupirail qui m'a fait déboucher, au pied des tours du château protobyantin (25), sur une belle promenade ombragée fréquentée habituellement par des artistes portraitistes, caricaturistes, et qui se prolonge dans la rue habituellement très animée d'Orfeos où les patrons de restaurants se disputent sauvagement les clients. C'est dans ce quartier que se trouvent la belle tour de l'horloge, la Mosquée Soliman (26) bâtie en 1808 à l'emplacement de la mosquée érigée en l'honneur de Soliman le Grand, conquérant de Rhodes en 1522.
L'esplanade ombragée n'a pas ses artistes habituels en ce dimanche 1er mai.
 
C'est en passant sous ce porche qu'on arrive à la rue Orfeos, habituellement très animée.

 

La tour de l'horloge et la mosquée de Soliman (26)

Juste en face de cette mosquée, se trouve la bibliothèque turque riche de nombreux manuscrits turcs, arabes et persans, dont les chroniques anonymes des 5 mois du siège de la ville par Soliman, ainsi que deux corans richement enluminés datant de 1412 et 1540.
Ensuite, j'ai déambulé dans les petites rues adjacentes, loin des circuits touristiques, où vivent près de 10000 personnes, souvent peu argentées, dans des maisons très modestes, mais aussi très anciennes, ce qui malgré l'aspect un peu négligé parfois, a le charme de l’authenticité.
 
 
 

 
 
 
Et c'est ainsi que je suis arrivé à la porte de Saint Athanasios, au Sud de la ville, à l'endroit où le rempart est double 

La porte de Saint Athanasios
Sans m'en rendre compte, je venais de parcourir 8 km, dans cette cité qui paraît confinée dans un corset de murailles, lorsqu'on regarde le plan, mais qui en réalité paraît bien plus grande, de part son incroyable variété. En errant dans Rhodes, j'ai eu l'impression de voir défiler sous mes yeux une mosaïque de petits quartiers d'époques et de cultures différentes, mais néanmoins connectés par une magie que je ne m'explique pas. En tout cas, cette impression n'aurait pu être au cours d'une promenade perturbée par le maelstrom d'une meute de touristes.
 
En conclusion de cette journée très particulière ...

Rhodes est une ville EXTRAORDINAIRE !!! Avec des bâtiments historiques magnifiques, une citadelle impressionnante, des rues au sol serti de petits galets blancs, plein de porches arque-boutés sur de vieilles maisons aux façades toujours originales, et une mosaïque de lieux de cultes (églises, mosquées, synagogues) qui témoignent de l'histoire mouvementée de cette cité millénaire.

Conseil aux amateurs éventuels ; venez ici un dimanche 1er mai (le prochain est en 2033), en espérant qu'il fasse froid, et qu'il n'y ait pas de paquebots. Sinon, ce sera beaucoup plus tard !!! Ah ah ah !
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire