Bienvenu sur le site de Sabay Dii

En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?

dimanche 1 mai 2022

Arrivé à Rhodes

Après onze ans et demi passés dans le reste du Monde, Sabay Dii revient en Europe, la Grèce cette fois, pays que j'ai découvert lorsque j'étais au collège, avec mes parents et en caravane, et plusieurs années d'affilée. Dès le biberon, on nous nourrissait de culture gréco-romaine, entre autres. Donc l'Acropole, Delphes, la porte des lions de Mycène, mais aussi le Canal de Corinthe (aujourd'hui fermé), les Météores, Thessalonique, ..., je connais depuis longtemps et je n'en ai rien oublié, même si beaucoup de choses ont du changer, en plus d'un demi-siècle. Mais les îles grecques, je n'en connaissais rien, si ce n'est que depuis trois ans, j'ai navigué entre celles du Dodécanèse, lorsque je cabotais le long de la Turquie, qui n'est qu'à une portée de canon (sans plaisanter).

Mais le mercredi 27 avril 2022, Sabay Dii a quitté Marmaris et la Turquie pour rallier la Grèce par Rhodes.

Mes copains suisses Chantal et Markus arrivant à Marmaris m'ont aperçu et filmé lors de ma sortie pour Rhodes.

La navigation s'est faite dans la pétole (moins de 6 kt de Sud), 50% à la voile au près, une fois de plus, et 50% au moteur, pour arriver à temps. Mais, pour une fois, marcher grâce à la brise Volvo ne m'a pas dérangé, car il fallait que je recharge une batterie de démarrage moteur toute neuve.

Beaucoup de formalités à faire pour un voyage de 25 milles nautiques à peine. Côté turc, les paperasses habituelles (passeport et transit log, ce qui se comprend, mais aussi permis-moteur, et assurance du navire, ce qui ne se comprend plus lorsqu'on quitte un pays) et tout cela avec l'obligation de passer par un agent qui empoche 85 € juste pour déposer les papiers au bon bureau. Et côté grec, c'est encore plus compliqué. On doit remplir un dossier relatif au bateau et à l'équipage sur Internet, plusieurs jours avant d'arriver, pour se faire enregistrer, car l'administration grecque va nous pister tout au long du séjour pour encaisser, chaque mois, un droit pour laisser le bateau dans les eaux grecques (et européennes d'ailleurs). Ensuite, une fois arrivé, il faut se faire enregistrer dans un port d'entrée et payer encore pour l'attestation prouvant qu'on est arrivé, et pour valider la liste d'équipage (que l'on devra présenter avec tous les futurs tampons, chaque fois que l'on arrivera quelque part, même dans le plus petit port du pays). Ensuite, il faut aller au port de commerce (là où arrivent des gros bateaux de croisière et les ferries), pour se présenter à l'immigration, puis à la douane, et récupérer les précieux tampons qu'il va falloir présenter sans cesse. Mais ce n'est pas fini, car ensuite (et c'est le plus difficile) on doit trouver une banque qui veuille bien faire un transfert d'argent d'une banque française à la banque nationale de Grèce pour régler rubis sur l'ongle la taxe de navigation, sous peine de très grosse amende et de saisie du bateau. Ça ne rigole pas de ce côte de l'Europe ! Aucune banque n'a accepté de faire la démarche pendant toute une matinée de recherche (heureusement que j'ai un compte dans une banque allemande d'une terrible efficacité).

Bref, on passe en démarche beaucoup plus de temps qu'en mer. Et tout ça est relativement simple comparé aux démarches exigées des propriétaires de bateaux non européens, ce qui a découragé mes copains anglais, et tout particulièrement Tony, qui maudissent leurs concitoyens brexiteurs.

Pour ce qui est du droit de navigation, il n'est à payer que si le bateau est dans l'eau, mais un jour suffit pour devoir le mois entier. Ce qui fait de la Grèce une exception mondiale, car il y a beaucoup plus de ports à sec que de marinas. De mon côté, j'ai quand même choisi de laisser le bateau toute l'année à venir dans l'eau, car je ne paye pas très cher (33 € par mois), mais c'est parce qu'une fois de plus, j'ai un bol incroyable. Figurez vous que le droit est très modéré pour les bateaux de moins de 12 mètres, puis c'est un tout autre tarif pour la taille supérieure. Or Sabay Dii mesure officiellement très exactement 11,99 m, ce qui me fait gagner plus de 1000 € en une année, pour un tout petit centimètre. Hein que je suis vernis ?

En tout cas, même si ces démarches ont été un peu fastidieuses, je dois dire que dans tous les bureaux des deux côté de la frontière maritimes, toutes les personnes qui m'ont reçu ont été d'une exquise courtoisie, souriantes, et très serviables. Rien à voir avec ce qu'on peut lire sur quelques célèbres guides de croisière de la mer Égée. Chapeaux Messieurs Dames ! 

A 17 heures, j'arrivais enfin aux portes de Rhodes. Je dis enfin, car cela faisait deux ans que j'attendais de passer en Grèce, mais c'était toujours impossible, soit à cause du COVID, soit à cause des tensions gréco-turques, à propos des zones maritimes exclusives.

Mandraki, l'ancien port de Rhodes, et au fond, la citadelle médiévale.

Je pensais pouvoir m'amarrer à l'intérieur du port de Mandraki situé en pleine ville, mais on m'a fait savoir à l'arrivée, qu'il aurait fallu réserver très longtemps à l'avance, sans avoir la certitude d'avoir un emplacement. J'ai donc du aller à Rhodes Marina, un nouveau port de plaisance situé à un ou deux kilomètres au Sud de la ville.

Sur cette carte j'ai indiqué Mandraki au Nord et Rhodes Marina au Sud Ouest avec Sabay Dii.

Vers 17 h 30, quelques heures après que Sabay Dii soit entré dans les eaux grecques, mes pieds foulaient à nouveau la terre hellène. Aucun choc anaphylactique consécutif à ce franchissement de frontière ! Néanmoins, ma vie va un peu changer ...

Finis les bons kebabs, et les loukoums, la langue turque que je commençais à comprendre un tout petit peu, la possibilité de vadrouiller dans le continent en louant une voiture pour aller visiter des sites terrestres toujours très intéressants, et surtout la possibilité de me déplacer sans que l'on me considère forcément comme un navigateur en escale ou comme un touriste fraîchement débarqué d'un paquebot.

Il faut dire que Rhodes constitue un choc, pour le marin plaisancier qui aspire à la beauté, mais aussi à la quiétude, à la paix et au silence. Pour ce qui est de l'esthétique, c'est le top, car la ville de Rhodes, qui se situe au Nord de l'île éponyme, est splendide ; elle mérite bien sa place dans la sélection de l'Héritage Culturel Mondial de l'UNESCO. Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici quelques photos de la ville basse, c'est-à-dire la partie portuaire, par opposition à la partie haute qui entoure la forteresse médiévale.

L'une de nombreuses portes des remparts qui ceinture la vieille ville.

Un bateau au mouillage vu au travers d'une meurtrière des remparts de la ville basse.

Une rue de la ville basse

Le bâtiment de la préfecture de Rhodes (ancien Palais du Gouverneur) - façade Nord
Le bâtiment de la préfecture de Rhodes (ancien Palais du Gouverneur) - façade Ouest

   
Détail du bâtiment de la préfecture
Détail du bâtiment de la préfecture


L'entrée du port de Mandraki

Le mouillage au Sud Ouest de Mandraki (on voit le mâts des voiliers amarrés à Mandraki)

Ces photos sont trompeuses, car elles donnent l'impression reposante d'une petite ville tranquille. C'est parce que je les ai faites à la tombée de la nuit, au moment où les touristes ont déserté Rhodes, et surtout parce que ce quartier n'intéresse pas spécialement les vacanciers venus ici pour dépenser leur argent, pour faire bombance, ou pour la plage.

Car circuler dans la partie touristique de Rhodes, même hors-saison, est un véritable supplice. La promenade dans la ville basse ressemble à ça : Cacharel, Apple Store, Dior, Samsung Shop, Nike Store, ... bref une succession de magasins comme on en trouve dans toutes les galeries marchandes pour touristes consommateurs compulsifs et très aisés.

Quant à la deuxième partie de la ville, celle qui se situe autour de la citadelle des Chevaliers de Saint-Jean, là ce ne sont que restaurants et bars, d'où l'on vous interpelle "hey my friend, it's happy hour"




Entre les deux parties, ce sont de magnifiques ruelles qui coulent vers la mer, mais qui ont été malheureusement colonisées par un cordon ininterrompu d'échoppes de produits locaux, mais aussi de pacotilles (éponges naturelles venues d'Indonésie probablement, coquillages des Philippines, poissons-coffres du Sulawezi ou des Tongas, ...). Dans ce labyrinthe qui pourrait être l'un des plus beaux parcours urbains de la planète, les quelques touristes débarqués du seul paquebot en escale lors de mon passage déambulent à la recherche de ce qu'ils pourraient acheter, sans probablement rien connaître de l'histoire incroyable de cette cité multimillénaire qui s'offre constamment au regard, mais presque toujours au travers d'enseignes clinquantes et/ou clignotantes. Comme on n'est qu'au mois d'avril, il n'y a pas foule et on pourrait flâner tranquillement si les commerçants n'essayaient pas de vous alpaguer à tout bout de champ ! Qu'est-ce que ça doit être en haute saison touristique ?

Heureusement la marina est un peu loin du centre, à 20 minutes. Ouf !

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