Je vous avais annoncé la présentation prochaine du programme
annuel de navigation de Sabay Dii pour la saison 2020 en Turquie. C’était sans
compter sur l’extension de la pandémie du Covid-19 jusqu’ici. Les autorités
turques n’ont pas tergiversé comme les françaises, et avant le premier décès
enregistré, la Turquie a fermé toutes ses frontières, très hermétiquement, le
14 mars, soit moins d'une semaine après mon arrivée. Plus aucun vol pour la France, probablement pour de nombreux mois.
Mais ce n’est pas tout ; pour enrayer le développement
de l’épidémie sur le territoire, juste une semaine après que je sois
arrivé, les autorités turques ont décrété toute une série de mesures :
• à partir du 16 mars, la fermeture des universités et des établissements
scolaires ;
• la tenue sans public des événements sportifs ;
• la fermeture de toutes les salles de spectacle, bars, cafés traditionnels,
bar à chichas, cafés internet, salles de jeux, aires de jeux (en milieu fermé)
pour enfants ainsi que des salles de sports et des piscines. Même les lieux de
prière sont concernés. Les restaurants et cafés où l’on joue de la musique sont
également fermés. Les restaurants et les pâtisseries peuvent maintenir leur
activité mais uniquement pour de la vente à emporter ou des livraisons à
domicile.
Quelques images de la zone commerciale la plus active d'Antalya, prises juste après la publication des décrets de réduction des activités économiques
Les grands boulevards |
L'autoroute littorale du Sud de la Turquie |
Juste après la fermeture des lieux publics ou de consommation non indispensables, sentant le confinement imminent, j'ai pris le bus pour aller faire quelques achats importants (thermomètre, quelques médicaments, des fruits et légumes).
Je ne suis pas sorti tout nu, non ! |
Les transports en commun fonctionnaient encore, mais pratiquement vides |
En ville, au moins la moitié des gens portaient un masque. Policiers, vendeurs (même les mamies venues de leur campagne pour vendre leur production maraîchère), caissières, chauffeurs de bus, tous étaient parfaitement équipés. Encore une bonne leçon à prendre, pour nous les tout petits français !
Autre décision qui me concerne tout particulièrement, à compter du 22 mars : le confinement absolu des personnes âgées de 65 ans et au-delà, ainsi que les personnes souffrant de maladies chroniques (cardiaques et pulmonaires notamment).
Conséquence : j’ai interdiction absolue de sortir. Pas
question d’aller faire mes courses, d’aller retirer de l’argent, d’aller dans
une pharmacie, etc. Je dois rester sur Sabay Dii, probablement pour de nombreux
mois, en comptant sur le personnel de la marina pour me ravitailler uniquement en
denrées fraîches, pour le moment, car j’avais pris la précaution de remplir mes
soutes dès mon arrivée.
On vient me livrer pommes oranges et bananes |
Je pensais pouvoir contourner l’interdiction en partant avec
le bateau (en naviguant, je reste chez moi) pour aller m’installer quelques
temps dans une crique isolée, mais ce n’est pas possible, non plus. J’ai été
informé que les Garde-Côtes étaient chargés de m’interdire toute navigation (je
suis le seul voilier étranger de toute la région maritime, et les Garde-Côtes
sont juste à l’entrée de la marina). On m’a même prévenu de ce que j’encourrais
en cas de non-observation de la loi : environ 500 € d’amende, mise en
quarantaine, avant un retour forcé sur mon bateau si je ne suis pas positif, (sauf
si mon bateau était mis sous séquestre, ce qui pourrait arriver).
Vous l’aurez compris, il n’est plus question de naviguer d’ici
l’été, au plus tôt, car l’épidémie a un bon mois de retard sur la France. Et
comme il est impossible de rentrer en France, l’Ambassade ne pouvant rien faire
pour les français coincés ici, je vais devoir prendre mon mal en patience.
Quelques mois dans une belle vie, ce n’est pas si terrible.
D’autant que, à défaut de télévision ou radio, et sans Internet haut débit (à
peine 4Go pour le mois jusqu’à épuisement de mon crédit téléphonique), j’ai sur
Sabay Dii de la bonne musique, de bons livres, et surtout une redoutable
aptitude à jouer avec le temps qui passe. C’est donc avec un moral à toute
épreuve que j’ai commencé depuis une semaine mon confinement dans les 12 m² de
mon cosy petit bateau.
Ne vous bilez pas pour moi, car je suis tellement isolé que
même le virus n’a aucune chance d’arriver à me trouver. Bien fait pour ce
saligaud ! De votre côté, prudence absolue, aussi.
Et rendez-vous cet automne, j’espère.
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