Iles Andaman, sésame in extremis

Les Iles Andaman

Les Iles Andaman se trouvent dans l'Océan Indien. Bien que faisant partie du territoire de l'Inde, elles sont bien plus proches de la Birmanie (150 milles nautiques soit 300 km) et de la Thaïlande (500 milles nautiques soit 950 km) que de la "corne indienne".

Les îles Andaman comptent 204 îles (dont 38 sont habitées). Elles ont appartenu à la chaîne montagneuse reliant la Birmanie et l'Indonésie, qui s'est enfoncée dans la mer et qui a laissé un volcan sous-marin endormi et un autre en activité, l'île Barren à 110 km de la capitale régionale, Port Blair.

Mais l'activité tellurique de la région n'est pas terminée pour autant.

Le terrible séisme du 26 décembre 2004 qui s'est produit dans l'Océan Indien au large de l'île indonésienne de Sumatra avec une magnitude de 9,1 à 9,3 et qui avait engendré le tsunami le plus meurtrier de l'histoire, avait soulevé jusqu'à 6 mètres de hauteur une bande de plancher océanique longue de 1 600 kilomètres dans la région voisine de l'épicentre. Du même coup, certaines îles des Andaman ont été coupées en deux, d'autres en grande partie submergées. Aujourd'hui plus aucune carte n'indique les bonnes hauteurs d'eau pour une approche sûre en bateau. Certains documents maritimes recommandent d'ajouter 2 mètres d'eau en moyenne aux anciennes valeurs, pour tenir compte de l'effondrement général du secteur.

Les premiers jours après la catastrophe, les autorités indiennes avaient craint que les tribus isolées n'eussent péri. Apparemment, ces personnes auraient ressenti qu'un danger se préparait en écoutant le cri des animaux. D'autres comme les Jarawas ont vu l'océan se retirer et se sont enfuies sur les hauteurs. Les autorités purent être soulagées lorsqu'un hélicoptère survolant le territoire des Sentinelles a été pris pour cible avec des flèches tirées par des habitants regroupés sur la plage. Il y eu néanmoins plus de 7000 victimes dans cet archipel très peu peuplé.

Depuis, les autorités régionales, soucieuses de reconstruire l'économie locale, font tout pour désenclaver cet archipel très isolé, par exemple en accordant des permis de construire à de nombreux hôteliers. Dans ce cadre, un premier rallye nautique va avoir lieu cette année.

Mais l'Inde est toujours l'Inde et les complications administratives demeurent vraiment décourageantes pour toute personne voulant aller aux Andaman avec son propre bateau. Néanmoins, une navigation là-bas revêt un attrait exceptionnel, car les Andaman sont unanimement reconnues comme un paradis naturel presque vierge, avec des eaux d'une transparence absolue, une faune marine et terrestre exubérante, des paysages à couper le souffle.

Ayant eu vent de cette opportunité en septembre dernier, j'ai immédiatement cherché à contacter les organisateurs de l'événement. L'un d'eux, agent officiel des Andaman, connaissant donc parfaitement toutes les arcanes des procédures administratives de l'Inde en général et des Andaman en particulier, m'a confirmé que le seul moyen d'obtenir un visa dans ma situation particulière, était de retourner en France pour effectuer les mesures anthropométriques obligatoires, ce qui m'était inconcevable, vu les frais occasionnés.

Mais, quand je veux vraiment quelque chose, il en faut plus pour me décourager. J'ai donc engagé des démarches et après trois mois d'incertitude et une semaine à Bangkok pour négociations avec plusieurs services de l'Ambassade d'Inde, je viens d'obtenir, in extremis, le précieux sésame : un visa de 6 mois à double entrée, le seul qui soit valable pour ce territoire ultramarin indien.

Mon contact local à Port Blair était si impressionné de ma performance qu'il m'a envoyé par courriel le message suivant :

Dear Didier,
Greetings from Andaman Holidays.
You have made the impossible to possible 👍👍👍
With Regards
Rathnam. R

A présent, il ne me reste plus qu'à récupérer et à remplir toutes les paperasses (environ 70 pages) pour satisfaire les autorités maritimes de Port Blair, les services des douanes, de santé, des narcotiques, etc. et à préparer ma route et mon beau Sabay Dii pour rejoindre Port Blair le 21 février. Pas de quoi chômer.