Etape 2 ; des Îles Similan à Port Blair
Pour cette deuxième étape de 380 milles nautiques, la météo était toujours aussi pessimiste, avec très peu de vent annoncé, mais bon …
Départ de Ko Bangu le samedi 17 février à 8 heures du matin, avec un gentil vent de 10 nœuds soufflant du NNE sur une mer plate, ce qui fait frémir de joie la carène de Sabay Dii.
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Les Similan dans le rétroviseur |
Mais cela ne durera pas longtemps, car la pétole arrive sournoisement. Pourtant, avec 5 nœuds de vent seulement, le bateau avance à 3/4 nœuds grâce à un petit courant favorable. A cette allure, je table sur quatre jours de navigation et une arrivée à Port Blair le 21 au petit jour.
La journée se passe donc tranquillement. Pas grand-chose à faire si ce n’est à me préparer des petits plats et à surveiller ma canne à pêche. Pourtant, je vais assister à un drôle de phénomène. En pleine mer, loin de tout, Sabay Dii se retrouve d’un coup au milieu d’un véritable torrent, alors que tout autour, tout est calme. Les vagues sont violentes et complètement désordonnées. On se croirait dans le mascaret d’une passe des Tuamotu ou de Nouvelle Calédonie. Le bateau est cogné de toutes parts. Quelques minutes plus tard, le torrent est franchi et on se retrouve sur une mer plate. Très étonnant !
Ce phénomène se reproduira de nombreuses fois par jour jusqu’à l’arrivée à Port Blair. Il est connu et détaillé dans les Instructions Nautiques de la Mer d’Andaman, mais je n’en ai trouvé aucune explication, si ce n’est le relief sous-marin et l’activité tellurique de toute cette zone. J’aurai un jour la bonne réponse …
La nuit se passera aussi sans problème, avec très peu de trafic : uniquement de gros cargos faciles à repérer qui quittent le détroit de Malacca pour rejoindre l’Inde ou la Mer Rouge, et plus ces redoutables bateaux de pêche sans signalisation qui pullulent du côté de la Thaïlande, la Malaisie ou l’Indonésie. D’où une belle nuit de sommeil entrecoupée d’un court réveil toutes les heures pour jeter un coup d’œil au radar ou à l’AIS.
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Oh les belles pinces à linge |
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Mais non, idiot, c'est le cargo qu'il faut surveiller ! |
Le lendemain, même temps, sauf qu’en fin d’après-midi le vent tourne au NE et s’établit à 8/10 nœuds. Des conditions idéales. Sabay Dii s’emballe, et file à belle vitesse droit vers les Andamans. A cette allure, je devrais arriver dans la nuit du 19 au 20, alors que je n’ai le droit d’arriver que le 20 après 8 heures. Il va falloir que je mette « les pieds dans l’eau » pour freiner mon destrier qui piaffe de plaisir dans ce près bon plein.
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Andaman en vue |
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Port Blair |
Et effectivement, en « levant le pied » sur la fin, Sabay Dii entre dans la superbe baie de Port Blair, après moins de trois jours et trois nuits de navigation plaisante, avec un capitaine frais comme un gardon qui aura bien mangé et bien dormi, mais qui, une fois de plus, n’aura pas vu la moindre trace d’oiseau marin ni de poisson. A désespérer de l’état de notre nature !
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