La troisième étape du Wonderful Say 2 Indonesia Rally était encore bien longue (plus de 200 milles nautiques), mais les conditions météorologiques pas folichonnes au départ se sont nettement améliorées, à mesure que nous descendions plus Sud.
Cette troisième étape conduisait les bateaux de Namrole sur l'île de Buru, à Wanci, une ville située sur l'île de Wangi-Wangi, dans la région de Wakatobi, au Sud-Est du Sulawesi.
Wakatobi n'est autre que l'acronyme formé des premières syllabes respectives de WAngi-Wangi, KAdelupa, TOmia et BInongko, les quatre plus grandes des îles Tukana Besi
Au départ de Namrole |
A l'arrivée à Wanci |
Et en cours de route, une petite virée en haut du mât pour comprendre pourquoi la chaussette de spi coinçait de temps en temps, de quoi faire reprendre des couleurs à Françoise. |
Wakatobi n'est autre que l'acronyme formé des premières syllabes respectives de WAngi-Wangi, KAdelupa, TOmia et BInongko, les quatre plus grandes des îles Tukana Besi
Photo UNESCO Wakatobi |
Wakatobi est aussi le nom d'un parc marin national créé en 1996 dans ce secteur, d'une superficie exceptionnellement grande (1,39 million d'hectares) et mondialement connu par les amateurs de plongée pour sa biodiversité reconnue par l'UNESCO qui en a fait l'une de ses réserves de la biosphère. On y trouve dans des eaux d'une transparence exceptionnelle tout ce que l'on peut espérer croiser dans les eaux tropicales, depuis des coraux extraordinaires, des anémones magnifiques et toutes sortes de petits poissons multicolores jusqu'à des requins baleines, des orques, des tortues marines ou des raies manta.
Les personnes intéressées peuvent aller consulter les deux sites suivants :
http://www.dinosoria.com/wakatobi.htm
http://www.unesco.org/new/en/natural-sciences/environment/ecological-sciences/biosphere-reserves/asia-and-the-pacific/indonesia/wakatobi/
Plusieurs équipages du rallye ont donc profité de leur séjour à Wanci pour aller plonger.
Ce ne fut pas le cas de quelques autres dont Sabay Dii. Du coup, nous fûmes invités par les autorités locales à une cérémonie que nous croyions être faite en notre honneur. On imaginait des discours interminables et quelques agapes dans la foulée, agrémentés de quelques danses locales. On était bien loin du compte ...
La cérémonie en question, traditionnelle et musulmane, dont vous allez voir quelques images se passe chaque année à pareille époque. Elle réunit toute la ville, et sert à faire se rencontrer tous les célibataires dans une fête où les "femmes" (de la petite fille à la veuve) doivent se faire aussi aguichantes que possible, en se maquillant et en portant leur plus beaux vêtements, et où les hommes doivent apporter toute la nourriture qu'il pourraient offrir à une éventuelle épouse en une journée. Tout se passe selon un rituel réglé comme du papier à musique (du moins au départ) sous l'autorité des Grands Chefs de la région, avec orchestre de tambours et danses. En fait, selon la religion musulmane, rien n'empêche un homme de quarante ans de demander la main d'une fillette de dix ans qu'il épousera selon la loi du Grand Mariage lorsqu'elle sera plus âgée. On a donc à l'occasion de cette fête, aussi bien des jeunes amoureux qui vont déclarer leur flamme devant tout le monde que des demandes de fiançailles issues de tractations préalables entre familles pour convenir de mariages futurs pour des raisons moins prosaïques, mais qui permettent de conforter des alliances ou de gagner en notoriété. En tout cas, c'est une fête absolument DINGUE !
La preuve en images (je n'avais malheureusement pas mon appareil photo et les images que j'ai prises avec un appareil d'emprunt sont moins bonnes que d'habitude)...
D'abord, le décor : un champ avec, en son centre, un grand portique en bambou qui soutient une balançoire. C'est sur cet accessoire que vont aller se balancer ceux qui déclarent publiquement leur flamme.
Les intervenants : d'abord les Grands Chefs qui sont les garants des engagements qui vont se conclure ce jour. Ce sont leurs témoignages qui jouent le rôle de nos certificats de mariages. C'est eux qui patronnent et organisent la cérémonie.
Les filles à marier innombrables, car dans la religion musulmane, il est inconcevable de devenir vieille fille et de ne pas faire toute une flopée de gosses. Leur mères ne les quittent pas d'une semelle.
Mais toutes les autres femmes de l'île ne rateraient pas cette cérémonie pour tout l'or du monde..D'autant que, comme les Grands Chefs, certaines ont un rôle important dans la cérémonie.
Enfin, il y a les plus jeunes, décorés comme des arbres de Noël, qui sont là pour danser, à la grande joie de tous.
Comme toujours ici, tout commence par quelques discours pour remercier les participants, les notables, etc. et faire des vœux pour que la cérémonie conduise à de bonnes fiançailles.
Ensuite les grands chefs quittent leur tribune pour se rassembler sous le portique et prier.
Ensuite on offre aux invités d'honneur (nous) un grand plateau garni d'amuse-gueules traditionnels préparés avec le plus grand soin.
Les Grands Chefs auront droit à la même gâterie mais un peu plus tard dans l'après-midi.
Ensuite, on passe aux choses sérieuses ... toutes les parties en présence se rassemblent, s'organisent pour ...
une procession en boucle autour du portique, une procession d'abord bien ordonnée, sans tambour mais au seul rythme de chants lancinants.
procession se terminant par le défilé des jeunes hommes, avec leur plateau de nourriture, et parfois accompagnés de leurs mères pour les aider à conquérir une jolie pépé.
Et puis, sous l'impulsion des femmes, la température va grimper progressivement, la pression va monter. L'organisation initiale cède la place à l'excitation la plus incroyable, et tout ce petit monde va tourner en folie, dans un maelstrom de hurlements, d'odeurs de boustifaille et de couleurs chamarrées.
Après ce long moment d'hystérie collective, la balançoire va voir défiler des jeunes, ou des parents, qui concluent de futures fiançailles. Surréaliste pour nous autres, navigateurs occidentaux, mais tellement festif !.
Et les gens repartent chez eux, épuisés et heureux, surtout s'ils ont trouvé l'âme sœur. Sinon, il leur reste un an à attendre.
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