En laotien, Sabay Dii signifie "bonjour", "salut", "ça va"...
Dans la pratique, cette expression est utilisée chaque fois qu'on est heureux de rencontrer quelqu'un.
Pas étonnant que j'ai baptisé mon bateau "Sabay Dii", non ?
lundi 24 octobre 2016
Première étape : de Tual à Banda Neira
Après les trois jours d'incroyables festivités de Tual, les bateaux du rallye ont commencé à partir, au compte-goutte, pour parcourir les 220 milles nautiques (400 km) de haute mer de la première étape qui devait nous conduire à travers la Mer des Moluques jusqu’à Banda Neira.
Sabay Dii fut l'un des derniers à quitter Tual et l’archipel des îles Kai, avec un équipage déjà rodé, puisque Françoise qui avait déjà caboté avec moi en Baie des Iles (Nouvelle Zélande) m'avait rejoint pour faire une partie du parcours Indonésien. Les conditions ne furent pas des meilleures pour l'amariner : beaucoup de pluie, vent capricieux et toujours supérieur à force 5, et surtout une mer forte, voire très forte.
Sur ces mers fermées et peu profondes, les vagues deviennent vite impressionnantes. Après quelques heures d’un bon force 5 à 6, il n’est pas rare qu’elles atteignent plus de trois mètres. Très courtes et désordonnées, elles viennent cogner le bateau de tout côté. Dans une mer aussi chaotique, la navigation est inconfortable et très fatigante et ressemble plus à un rodéo permanent qu’à un sport de glisse ; l’idéal pour donner un bon mal de mer et clouer au fond du bateau mon équipière, désespérée mais néanmoins confiante, pendant les deux jours de traversée.
Terre, terre (Les îles de Banda sont en vue au petit matin
Le 28 juillet au matin, après ma deuxième nuit de veille, j’aperçois enfin les cônes remarquables des îles Banda. Le vent a un peu faibli et la mer s’est calmée, mais le ciel est uniformément chargé de gros nuages anthracite de mauvais augure.
Françoise, à l’arrivée à Banda Neira …
un peu pâlotte, après deux jours à fond de cale.
Le capitaine, un peu fatigué, n’est guère plus brillant.
Banda Neira fait partie du minuscule archipel de Banda (constitué de dix îles mais seules sept sont habitées). Cet archipel est une composante de la constellation de plusieurs centaines d’îles à l’Est de l’Indonésie et connue sous le nom de Moluques.
L’archipel de Banda
Sur la carte ci-dessus, la légende de Google Earth est erronée. La plus grande île est Banda Besar (comme son nom l’indique) ; au-dessus, à droite, c’est Banda Neira, la plus connue, la plus peuplée et dynamique de l’archipel. Et juste en face, presque ronde, c’est l’île Gunung Api, dont le volcan s’élève à 656 mètres (la dernière éruption qui a fait 3 morts et de nombreux blessés, et plus encore de déplacés a eu lieu en 1988).
Gunung Api vu depuis Sabay Dii
En vert, le mouillage choisi pour Sabay Dii, entre Banda Neira et Banda Besar
L’étape à Banda Neira sera de courte durée, d’une part parce qu’il n’y avait pas de festivités comme à Tual, et surtout parce que le temps fut épouvantable, à l’exception de quelques heures ensoleillées au cours desquelles les photos ci-dessous ont été prises.
Ici, les pêcheurs ont une petite maison flottante pour passer la nuit à l'abri de la pluie. Il y en a des dizaines autour de Banda Neira, mais rien pour les signaler, évidemment. Une veille très attentive s'impose donc quand on s'approche d'une île de nuit
Le port de Banda Neira. C'est ici qu'on débarque le poisson à faire sécher et qu'on chargeait autrefois la muscade
Rue typique de Banda Neira
Préparation du nasi goreng (riz frit). Environ 1 € pour un repas dans un petit boui-boui !
Le fort pentagonal construit par les Hollandais et où vont se dérouler quelques drames dont je vais bientôt vous reparler.
A la pointe de la flèche, difficile à distinguer, Sabay Dii, au mouillage
Le fort hollandais
Le volcan de l'île d'en face vue depuis une meurtrière du château
Beaucoup de batreaux, d'épaves et de détritus, comme très souvent en Indonésie
Bateau échoué (c'est la seule technique pour approcher le bateau de la côte quand on ne peut utiliser l'accès au port qui est réservé aux bateaux de commerce).En attendant la marée ... pour repartir
On est au pays des épices. Les clous de girofle sèchent au moindre rayon de soleil. Et ça sent fort !
Autre rue (colorée) typique de Banda Neira
On est sur une île majoritairement musulmane depuis que les chrétiens ont fuit ou ont été massacrés au cours des événements d'il y a une quinzaine d'années.
Batons de cannelle. Ca sent vraiment bon sur cette île
Juste à côté du port, le séchoir à poisson
Le poisson sèche mystérieusement malgré l'humidité incroyable et les pluies fréquentes.
En arrière-plan, deux voiliers du rallye au mouillage
Les indonésiens, comme beaucoup d'asiatiques, aiment les oiseaux, surtout en cage ou attachés par une patte
Les supers voiliers du rallye. Beaucoup de catamarans et de très grands monocoques (jusqu'à 20 m de long !)
Banda Neira, bien qu’extrêmement isolée, demeure une destination touristique pour quelques rares voyageurs aventureux qui en connaissent l’histoire incroyable, une histoire intimement liée à la « route des épices ». Et dont je vais vous reparler ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire