La baie de Prony se trouve au Sud de la Nouvelle Calédonie.
Elle
est immense et superbe
De Nouméa, on peut y venir soit par la route (une heure), soit par la mer (une grosse demi-journée) en restant dans le lagon du Grand Sud, et même à pied pour les bons marcheurs (une semaine). Elle a tout pour plaire, et à tout le monde.
Les randonneurs y trouvent plein de petites balades, bien balisées, variées et toujours intéressantes avec, en particulier, un observatoire pour la migration des baleines (juillet et août), la visite des vestiges du bagne de Prony, l'exploration d'anciennes mines de fer et de chrome, ou encore l'escalade du Pic N'doua, d'où la vue sur tout le Sud de la Nouvelle Calédonie jusqu'à l'île des Pins est exceptionnelle. Et puis, enfin, à Prony passe un magnifique chemin de grande randonnée, le GR1 , parfaitement aménagé et balisé (avec gîtes gratuit !).
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Même des toilettes sèches (comme en Nouvelle |
Le paysage y est toujours austère, fait de maquis minier, une exclusivité calédonienne constituée de buissons rabougris mais bien verts poussant entre les blocs de lave noire, dans une terre incroyablement colorée de rouge, à cause des minerais de fer et de chrome. Ajoutez à cela les pins colonnaires étonnants qui hérissent le rivage et le bleu turquoise du lagon en arrière plan, et vous comprendrez qu'on en prend plein les mirettes, à la baie de Prony.
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Le phare qui surplombe l'entrée de la baie |
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Le poste d'observation des baleines |
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Les pins colonnaires |
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Maquis minier (on voit au loin les mines de nickel à ciel ouvert) |
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Quelques renconrtes |
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Minuscule larve (5 mm) suspendue à une branche par un fil invisible |
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Plante carnivore attendant sa proie, chapeau ouvert |
Les plongeurs y trouvent aussi leur compte, bien que l'eau soit souvent sombre aux pointes des récifs. Il y a d'abord d'extraordinaires massifs de corail au fond de chaque baie, et puis il y a la fameuse Aiguille de Prony, une énorme concrétion de près de 40 mètres de haut, recouverte de nombreuses variétés de coraux très colorés, et qui donnent à l'ensemble l'allure d'un clocher de cathédrale hérissé de multiples clochetons. A noter qu'à l'extrémité de chaque petit clocheton, il y a un orifice par lequel s'échappe de l'eau douce qui, du fait de la différence de densité avec l'eau de mer, donne des effets optiques étonnants. Bien sûr, le poisson y est très abondant et l'on est souvent accompagné en plongée par d'énormes platax.
Quant aux navigateurs, ils ont l'embarras du choix, car la baie présente un nombre impressionnant de mouillages très sûrs, que je me suis empressé d'aller "tester", d'abord avec Véro et Christophe puis ensuite seul. En particulier, ceux de la baie du Carénage et de la baie des Kaoris complètement enfoncés au nord de la baie de Prony sont réputés comme "trous à cyclone". Pour les avoir explorés, je suis sûr qu'on peut y trouver un excellent abri dans les pires situations météorologiques. Par contre, leurs dimensions et la profondeur restreintes limitent le nombre de bateaux pouvant en profiter, en cas d'alerte.
Enfin, la baie de Prony a une histoire, et pas commune. Explorée en novembre 1854 par le navire Prony, commandé par le capitaine de frégate Jean-Joseph de Brun, elle fut retenue comme le site idéal pour une exploitation de bois, dont la main d'oeuvre n'était autre que les premiers forçats envoyés de métropole à "La
Nouvelle". Dans ce chantier sans témoins, l'horreur faisait partie du quotidien. Le 9 décembre 1869, La Somme vint à Prony charger du bois au centre forestier de la transportation, au fond de la baie mais s'échoua sur le récif de l'Aiguille où il resta cinquante heures. Son déséchouage ne fut possible que grâce à l'aide d'un aviso qui allégea le navire et le tira de sa mauvaise posture. En 1873, une succursale "forestière" du bagne de Nouvelle Calédonie fut ouverte à Prony et un véritable village s'installa. L'exploitation dura jusqu'en 1911. Le site se visite ; remarquablement documenté, il aide le promeneur à faire un travail de mémoire sur la caractéristique première de la Nouvelle Calédonie, à savoir une terre d'exil pénitentiaire abominable, ce dont je vous reparlerai bientôt.
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L'un des appareils de torture. La plupart du temps, les forçats mouraient des suites des supplices infligés |
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Allée du village de Prony |
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Ce sont les reste du magasin complètement engloutis par les banians (comme à Angkor) |
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