Tous les touristes visitant Southland, l'Île Sud de la Nouvelle Zélande, veulent aller voir le Milford Sound, mais presque aucun d'entre eux ne songent descendre à l'extrême sud, aux Catlins, dans ce territoire du bout du monde ignoré des agences de voyage.
Les Catlins, c'est une région de terres basses, battues par le vent fou qui sévit dans le détroit de Foveaux séparant Southland de l'Île Stewart.
D'après une image Internet |
Le climat y est très rude, et la terre très pauvre n'est bonne qu'à servir de pâturage aux innombrables moutons.
La mer se fond aux nombreuses lagunes et marécages éparpillés tout le long du littoral.
Ici, quand ce n'est pas l'hiver, c'est l'automne. Et il n'y a pas d'autres saisons ! |
Bien sûr, dans un tel environnement, on imagine que les habitants doivent se faire rares, et c'est le cas. Quelques fermes disséminées (une densité 100 fois inférieure à celle du Larzac) et de très rares petits bourg qui étaient des comptoirs à l'époque des pionnier du XIXéme siècle, dont la petite bourgade de Riverton qui fut LE coup de coeur de ce grand périple néo-zélandais.
Comme souvent là ou la vie est dure, les gens ont une "humanité" toute particulière qui les rend attachants. Ici, on a l'impression que l'urgence, la mode et la frime, la frénésie consumériste ne sont pas inscrites à l'ordre du jour. On fait tranquillement ce que l'on a à faire, en prenant le temps de se parler et de se rendre service, et en se débrouillant pour faire du neuf avec du vieux ou avec trois fois rien. Rien n'est jeté ou détruit. Depuis toujours, la tradition veut que toutes les "vieilleries" qui chez nous partiraient à la poubelle ou en fumée, sont données à des petits musées municipaux qui les trient, les remettent en état, et les stockent. Du coup, ces établissements regorgent de trésors inestimables qui, habilement mis en valeur, permettent à la population comme au touriste de passage de suivre avec intérêt la très courte histoire locale (200 ans seulement). Quant aux bricoles sans valeur historique, aux vêtements usagés, aux affaires de maisons dont on n'a plus l'usage, tout cela est exposé dans les dépôts-ventes qu'on trouve à tous les coins de rue, en espérant leur offrir une nouvelle carrière.
Bien sûr, dans un tel environnement, on imagine que les habitants doivent se faire rares, et c'est le cas. Quelques fermes disséminées (une densité 100 fois inférieure à celle du Larzac) et de très rares petits bourg qui étaient des comptoirs à l'époque des pionnier du XIXéme siècle, dont la petite bourgade de Riverton qui fut LE coup de coeur de ce grand périple néo-zélandais.
Rivertone, capitale de la coquille d'ormeau |
Dans les très rares et tout petites agglomérations telles que Riverton, les quelques bistrots, restaurants ou hôtels sont des lieux de rencontre où l'on vient jouer au billard, faire de la musique, parler pêche ou faire un bingo, et où sont organisées les festivités (barbecues, courses de vieilles voitures sur une piste en gazon, réunions de clubs, etc.) qui permettent de faire se rencontrer des personnes isolées par un habitat dispersé. Tout se passe à la bonne franquette, gentiment.
Notez les coussins assortis au poster |
Comme il pleuvait pas mal et que le couchage dans la voiture commençait à être un peu trop humide, il avait été décidé de s'arrêter une nuit dans un petit hôtel bon marché, et à Rivertone, il y en avait justement un, The Rivertone Hotel Lodge,
Un hôtel où les adorables propriétaires et gérants, Fiona et Murray nous accueillirent d'une façon exquise dans leur maison (oui, oui !) tout-à-fait incroyable : une multitude de pièces (chambres et dortoirs évidemment) mais aussi cuisine pour les hôtes, avec plein de trouvailles dont un lecteur de DVD d'un autre âge et plein de disques à disposition pour écouter du bon rock, une salle de billard, et tout à l'avenant. Bref, une endroit magique, grand-ouvert et plein de surprises, le tout très "kitch" et "rétro", mais ici on dirait "normal". Foin des standards internationaux, des normes de sécurité et autres réglementations subtiles dont la Nouvelle Zélande se targue pour racoler les touristes internationaux. Ici, rien que des choses jolies (superbes maquettes de bateaux et cartes marines délavées par des années de mer), simples et étonnantes (une vieille Harley à remonter, une batterie pour se défouler) des grandes tables pour réunir les gens du quartier et le comptoir accueillant où les vieux barbus viennent refaire le monde en sifflant une bière.
Une ambiance formidable qui fit qu'au lieu de passer une nuit, ce fut presque une semaine avec le sentiment de perdre quelque chose en quittant Fiona et Murray qui avait passé de nombreuses heures à poncer une coquille d'ormeaux pour nous l'offrir en souvenir.
Et oui, du côté de Rivertone et de l'hôtel Lodge de Fiona et Murray, l'ambiance fut tellement conviviale que j'en étais presqu'à arrivé à me demander si je ne m'étais pas mystérieusement égaré dans une contrée reculée et inconnue, coupé du reste du monde, et où les aiguilles des horloges auraient cessé de tourner. Eh bien non ! On était bien en 2016 et en Nouvelle Zélande ! La Nouvelle Zélande authentique et intemporelle, celle qui a charmé tant d'immigrés ou de voyageurs de passage, et qui n'a rien à voir avec la Nouvelle Zélande moderne d'Auckland et des villes sophistiquées et sans âme du Nord, où j'ai eu l'impression que les gens ne faisaient que passer avec leur gros 4X4 rutilant, pour faire leurs courses. Et oui ! En presque un an et demi à voyager chez les kiwis, j'avais failli passer à côté de cette Nouvelle Zélande dont les navigateurs que j'avais croisés m'avaient parlé avec nostalgie, en me disant que, malheureusement, le charme avait disparu avec le développement économique du pays. Ouf ! Cette Nouvelle Zélande existe bel et bien, mais pour la rencontrer, il faut partir vraiment très loin des innombrables points touristiques qui jalonnent les routes du pays.
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