Il y a peu de chance que le 2 juillet représente pour vous une date marquante. Mais ici, en Polynésie, il y a beaucoup de personnes qui se rappellent qu'il y a 48 ans, avait lieu à Moruroa, le premier essai nucléaire, "en plein air". Le premier des 138 !!!
Cette triste date est commémorée chaque année au mémorial des victimes des essais nucléaires, un site sacré décoré par des artistes polynésiens, où sont réunies des pierres symboliques provenant d’Hiroshima et de Nagasaki et des différents sites d'essais nucléaires à travers le monde. Ce lieu de recueillement est dédié aux nombreuses victimes des essais nucléaires français de Polynésie tout particulièrement, mais aussi aux victimes des bombes nucléaires en général. De nombreuses personnes viennent s'y recueillir, parfois de très loin. Ainsi, cette année, des religieux sont venus du Japon pour y déposer des cendres de Hiroshima et Nagasaki.
Un lieu qui devrait être empreint de sérénité. Mais en Polynésie, tout peut être très différent.
Figurez-vous que, à la mi-juin, pour ses 84 ans, le Président de la Polynésie Française, Gaston Flosse, s'est offert un drôle de cadeau d'anniversaire : faire voter par les députés de son équipe dirigeante la disparition pure et simple de ce monument de Papeete, inauguré par M. Oscar Temaru, son prédécesseur, en présence de nombreuses personnalités de France, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, de Fidji, des Pays-Bas et d’autres pays du monde, le 2 juillet 2006, jour du 40ème anniversaire de la première bombe française.
Par cet acte ignominieux, qui soulève des réactions très nombreuses ici, comme à l'étranger, Gaston Flosse non seulement a voulu effacer l’histoire des 30 ans d’essais nucléaires français dont il fut le complice, mais il s'est permis de dédier ce lieu de recueillement à Jacques Chirac, mondialement décrié lorsque il ordonna une nouvelle série d’essais nucléaires en 1995 après des années de moratoire !.
Eh oui ! On est en Polynésie, et ici, le jeu de l'"alternance" est pratiqué en déglinguant tout ce que les prédécesseurs ont fait. Ajoutez à cela une corruption à tous les niveaux de l'administration, un clientélisme sans bornes, toutes tendances confondues, et vous aurez une idée assez édifiante mais réaliste de la politique territoriale.
A ce jeu là, le champion toute catégorie est certainement l'actuel président de Polynésie, Gaston Flosse, dont la vie politique inter-minable est un véritable feuilleton judiciaire. Malgré son âge plus qu'avancé, c'est lui qui été choisi pour remplacer Oscar Temaru aux dernières élections présidentielles, alors qu'il traîne plus de casseroles (pour corruption, abus de biens sociaux, etc.) que Berlusconi en personne. Mais le larron est plus malin que son confrère italien, car il s'est toujours débrouillé pour éviter l'inéligibilité définitive.
Le problème, c'est que l'opposition n'est pas brillante non plus.
Et pendant que les politiciens se ridiculisent, sans équipe gouvernante à la hauteur des enjeux et des actions nécessaires pour sortir la Polynésie du marasme économique et social, les morts et les malades du nucléaires attendent d'être reconnus par la République Française comme des victimes innocentes du nucléaire.
Merci Didier pour cette note !
RépondreSupprimerLe gouvernement (Flosse) explique sa décision par le biais d'un communiqué indiquant que " l’espace limitrophe, affecté depuis la fin 2012 au Port autonome (pour info: l'autorisation d’occupation temporaire, accordée en 2006 à l’association Moruroa E Tatou des anciens travailleurs de Moruroa, n'a pas été renouvelée), doit prochainement accueillir de nouveaux aménagements destinés à l’accueil des yachts et voiliers, et va également être réhabilité et embelli afin d’offrir, pour les habitants et les visiteurs, un cadre esthétique et attrayant digne des destinations touristiques les plus prisées"
Entre le pognon et la mémoire des victimes non indemnisées, Flosse a vite fait de choisir !
Tout finit par arriver : aujourd'hui 23 juillet, la cour de cassation de Paris vient de rejeter le pourvoi de Flosse dans son procès pour emplois fictifs. Il est donc désormais inéligible ! Il en aura fallu du temps ! C'est drôle de lire les commentaires sur cette info sur la page Facebook de Polynésie 1ère, du genre :"c'est pas possible de s'acharner comme ça ! Laissez-le tranquille, il travaille pour le peuple polynésien !"
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