Après quatre semaines complètes à bichonner Sabay Dii, me
voilà prêt à repartir de l'avant, cap sur les Tonga.
Le bateau est impeccablement propre et beau : le ménage a
été fait à fond, toutes les housses des sièges et de la literie ont été
démontées, nettoyées et remises en place, toutes les cloisons, fonds et
plafonds, tiroirs, etc. lessivés, les
bois traités et revernis, les chromes et inox étincelants, et ainsi de
suite.
Pour ce qui est de la navigation, le gréement a été vérifié
dans les moindres détails, des voiles d'avant entièrement révisées, réparées,
et remontées, tout l'accastillage a été vérifié et lubrifié, les manœuvres
inspectées et certaines changées, un winch défectueux reconditionné par un
atelier de mécanique très performant, l'annexe est en parfait état et ne se
dégonfle plus lentement comme avant, et son petit moteur hors-bord marche enfin
à la perfection. Bien sûr j'ai révisé aussi le moteur in-board ...
Je pourrais continuer cette liste à la Prévert sur une bonne
page en parlant d'électricité, de plomberie, de peinture, couture, matelotage
et autres domaines de bricolage, mais il y a aussi d'autres aspects plus
intéressants à ne pas oublier : la préparation du voyage, avec l'analyse météo,
la préparation du routage pour éviter les nombreux pièges de cette partie du
Pacifique Sud qui sépare la Polynésie des Iles Cook et des Tonga, et tout
particulièrement certains récifs et haut-fonds très "piégeux", des
courants un peu compliqués. Et puis il faut prévoir l'atterrissage, ou plutôt
les atterrissages, car le bon capitaine doit avoir un projet bien défini et
clair, mais il doit aussi avoir des solutions de rechanges, au cas où ...
(mauvais temps, problème de santé, avarie, etc.).
Maintenant que tout et prêt et que les pleins ont été faits
(avitaillement, gaz, essence, diesel et énergie), il ne reste plus qu'à
attendre patiemment la bonne fenêtre météo, mais cette année, côté ciel et mer,
rien n'est évident, car nous sommes dans ce que les météorologues appellent une année Niño.
Qui dit année Niño dit temps très perturbé, tempêtes très
courtes et imprévisibles, et surtout cyclones beaucoup plus fréquents et
violents que d'habitude.
Pour la région qui m'intéresse en ce moment, la
manifestation la plus symptomatique d'une année Niño est l'alternance de
dépressions et de grands calmes qui se succèdent très rapidement, et donc
l'absence d'alizés, or ce sont eux qui rendent la navigation facile lorsqu'on
va vers l'ouest. Dommage !
(en bleu = pas de vent, en vert = vent agréable pour naviguer, en jaune = vent fort et en orange = vent très violent) |
Sur la carte ci-dessus, on voit une méchante dépression
arrivant la semaine dernière sur Rarotonga, l’une des Iles Cook situées à mi-chemin entre la Polynésie Française et
les Tonga. Cette dépression qui a toutes les apparences d’un petit cyclone (on
voit Rarotonga dans l’œil de la dépression) a généré des vents de plus de 100
km et des vagues de 5 mètres. Et il en va ainsi depuis un bon mois, avec une
succession de dépressions et de grands calmes, deux conditions défavorables
pour la navigation à la voile.
Mais le pire des années Niño reste la saison cyclonique (de
novembre à mars), car la Polynésie, habituellement hors zone cyclonique, se
trouve alors aux premières loges. Mais d'ici là, je serai bien loin, en
Nouvelle-Zélande.
J'attends donc avec prudence le bon moment pour mettre les voiles vers les Tonga, où je compte passer un mois et demi à explorer quelques-unes des 160 îles, et notamment celles de l'archipel des Vava'u, un must de la croisière dans le Pacifique Sud.
Ensuite Sabay Dii reprendra la route vers Wallis, les Fidji et en novembre, j'attaquerai le gros morceau pour rejoindre la lointaine Nouvelle-Zélande.
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